Dans sa robe d'un blanc immaculé, la nouvelle Audi A8 divulgue son appartenance à ce cercle fermé de voitures qui vous laisse muet d'admiration et du même coup victime de la terrifiante page blanche. On aurait envie d'écrire «rien à dire, rien à redire» et de fermer les livres, sauf qu'il en faut davantage pour qu'un texte mérite d'être considéré comme un essai routier.

En somme, cette Audi A8 ne fait rien de vraiment condamnable et son comportement est celui d'une voiture de grand luxe remarquable. Il ne lui manque vraiment que ce petit côté enjôleur qui lui permettrait de sortir du lot. Son design est, pour moi, assez banal, sans artifice particulier. Depuis la fameuse calandre chute d'eau, Audi paraît incapable de renouveler son style et l'A8 en est un exemple frappant.

L'intérieur, en revanche, est éminemment soigné avec un tableau de bord où l'aluminium brossé, le bois, l'Alcantara et le cuir rehaussent l'ambiance huppée de l'habitacle. Même les contre-portes héritent d'un traitement particulier avec des garnitures en tissu de belle facture. Le luxe abonde via des accessoires aussi nombreux que difficiles à assimiler dans ce fouillis que constitue l'ordinateur de bord où le «pitonnage» est la règle. Même la simple écoute d'un disque CD requiert une série de détours qui exigent une grande familiarité avant d'être maîtrisés sans danger. Je n'ai pas poussé la curiosité jusqu'à utiliser ce petit bloc-notes sur lequel il suffit de former une lettre avec ses doigts pour gouverner le GPS. Je suppose toutefois que son fonctionnement est un jeu d'enfant (au sens littéral du mot).

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

Malgré une silhouette entièrement nouvelle, l'Audi A8 ne se démarque pas tellement de l'ancienne version.

Fumoir ou centre de divertissement?

L'Audi A8 pousse aussi encore plus loin la qualité sonore de sa chaîne audio vidéo en proposant en option un système Bang et Olufsen d'une puissance à faire blêmir les jeunes automobilistes dont les haut-parleurs crachent une orgie de décibels à faire trembler le sol. Du Bach à plein volume est une belle façon de leur envoyer la réplique. Les passagers arrière peuvent aussi visionner leur film préféré sur les écrans logés derrière les appuie-tête avant. Bref, on n'est pas loin du centre de divertissement, si ce n'est du fumoir avec cette paire de briquets logée derrière la console centrale.

La nuit venue, l'éclairage intérieur aux couleurs variables prend de nombreuses formes selon les caprices du conducteur. La banquette arrière offre amplement d'espace, mais pour deux personnes seulement en raison du tunnel de transmission propre à la traction intégrale Quattro dont bénéficie la majeure partie des Audi vendues au Canada. Notons qu'une version L (allongée) du modèle haut de gamme d'Audi est aussi offerte.

Mimant en cela plusieurs voitures de cette catégorie, la visibilité arrière est un aspect vraiment négligé par les temps qui courent et l'A8 n'échappe pas à cette lacune. Même s'il s'agit fort souvent d'une question de goût, les sièges bénéficient d'une tonne de réglages avec tout un programme de massages différents pour les dos endoloris après plusieurs heures au volant. Justement, les longs déplacements à quatre exigent un minimum de bagages, vu la capacité très moyenne du coffre arrière. Bien sûr, la version L écarte cette remarque.

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

On ne s'ennuie pas assis à l'arrière dans l'Audi A8 grâce à la présence d'écrans permettant de regarder votre DVD préféré.

Des vibrations ennuyeuses

Dans sa variante de base, l'Audi A8 se voit doter d'un V8 de 4,2 litres et 372 chevaux qui m'a paru réticent quand on se limite au mode normal des divers réglages proposés. Le remède est de choisir une conduite «dynamique» qui semble énergiser les performances comme le démontre un temps de 5,7 secondes au fameux sprint de 0 à 100 km/h. On devra en même temps modifier le réglage du volant qui, en mode dynamique, devient d'une dureté déplaisante. Et pendant que nous y sommes, les bruyantes vibrations du volant pour vous faire savoir que vous venez de quitter votre voie de circulation sans mettre vos clignotants sont exagérées et détestables. J'ai farfouillé de longs moments pour les interrompre, mais elles sont réapparues sans que je ne sache pourquoi.

Par contre, de toutes les voitures arborant ces fichues palettes de changements de vitesse sous le volant, l'Audi A8 est l'une des seules à vous offrir autre chose que des parures. La transmission est véritablement de type séquentiel, contrairement à ces imitations que l'on nous propose trop souvent. Dans l'A8, vous avez droit à des passages de vitesses prompts et à cette petite montée en régime lorsque l'on rétrograde. Un délice!

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

Un profil épuré, sinon remarquable.

À la pompe, une consommation moyenne de 12,3 litres aux 100 km semble bien raisonnable pour une voiture de cette envergure. Sur la route, une conduite modérée vous vaudra d'abaisser ce chiffre autour de 9,5 litres aux 100 km.

Avec son châssis en aluminium, une rigidité exemplaire et ses quatre roues motrices, on peut attaquer les virages avec beaucoup d'assurance tout en jouissant de ce confort dont seuls les Allemands semblent posséder le secret. Rien à redire non plus de la direction à commande électrique, du freinage ou de l'arsenal d'accessoires propres à cette voiture d'exception. Il faudrait bien vous dire tout de même que ce bijou ne s'acquière pas pour moins d'une centaine de milliers de dollars.

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

Selon la tradition de la marque, la nouvelle Audi A8 conserve une présentation intérieure très raffinée.