Il y a à peine 15 ans, Aston Martin était une espèce en voie d'extinction dans le panorama automobile. Avec un carnet de commandes presque vierge (42 voitures vendues en 1992) et une gamme d'une consternante pauvreté, la clientèle ne se bousculait pas dans les salles d'exposition. La DB 7 introduite en 1999 a connu un certain succès, mais pas suffisamment pour que l'on assiste à la renaissance de cette marque anglaise autrefois prestigieuse. Ce très beau coupé grand tourisme était loin de la perfection et avait une qualité de construction fort discutable.

Au bord de l'abîme, Aston Martin a été rachetée en totalité par Ford en 1997 qui a injecté temps et argent pour relancer la firme. Avec plus ou moins de succès, il faut l'avouer. Car, comme constructeur spécialisé dans la grande série, Ford ne savait pas trop quoi faire d'une entité comme Aston Martin.

L'arrivée de David Richards

En 2007, cependant, les réserves financières du géant américain s'amenuisaient et il a été décidé d'encaisser quelques centaines de millions en cédant le blason britannique au plus offrant. Fort heureusement, la marque est tombée entre bonnes mains, celles d'un consortium international au sein duquel on trouve notamment David Richards, ancien patron de Jacques Villeneuve chez Bar et propriétaire d'une écurie de rallye qui a remporté le Championnat du monde de la discipline.

Depuis, Aston Martin a retrouvé son chemin et possède actuellement la plus importante gamme de modèles de toute son histoire. Sans même compter les séries limitées, pas moins de sept modèles d'Aston font partie du catalogue de la maison, la V8 Vantage, la DB 9 et la DBS, toutes offertes en version coupé ou cabriolet sous le vocable de Volante. L'année 2011 marque aussi le début d'une berline Aston Martin 4 places, la Rapide, qui vient affronter les Maserati Quattroporte et Porsche Panamera même si ses places arrière sont passablement moins accueillantes.

Détail intéressant, la V8 Vantage est offerte pour moins de 145 000$, la moitié du prix d'une Ferrari 458 Italia (oui, celle qui prend feu). Une autre particularité de la marque est la constance de son design, reconnu comme l'un des plus admirables de toute l'industrie automobile. Cette continuité n'a pour seul inconvénient que de créer une confusion dans la différenciation des trois modèles.



Vantage V12: de la dynamite

Parmi les nombreuses variantes des trois séries de voitures grand tourisme d'Aston Martin, on trouve la Vantage V12 qui ouvre tout grand son capot avant à un moteur de 6 litres, 48 soupapes et 510 chevaux, soit 90 de plus que la version ordinaire. D'un poids presque similaire, la voiture hérite d'un remarquable rapport poids/puissance. Ceux qui ne jurent que par la présence de trois pédales au plancher seront ravis d'apprendre que cette Vantage est proposée seulement avec une boîte manuelle à six rapports qui permet d'abattre le 0-100 km/h en 4,2 secondes tout en pouvant compter sur une vitesse maximale de 305 km/h (désolé, la piste de course n'est pas en option).

À son volant, c'est la joie pure quand on enfonce l'accélérateur en première vitesse et que la voiture, après une légère queue de poisson, bondit en avant dans un bruit perçant, interrompu seulement par le rupteur pour la simple raison que les accélérations sont si vives que l'on doit avoir le doigt sur la détente afin d'enclencher la seconde tout de go.



Photo: Jacques Duval, collaboration spéciale

Non sans difficulté, Aston Martin a réussi à loger son V12 de 6 litres et 510 chevaux sous le capot de la Vantage qui répond désormais à l'appellation de Vantage V12.

Du sport, du vrai

Par rapport aux autres Aston Martin qu'il m'a été donné de conduire, je dirais que celle-ci est carrément la sportive du groupe, alors que ses congénères sont de très rapides GT où le confort se conjugue avec les performances. Dans la V12 Vantage, le bruit et la dureté de la suspension n'ont pas été réduits par les ingénieurs et c'est à du sport pur et dur qu'on a droit. Cela revient à dire qu'elle ne fait pas bon ménage avec notre réseau routier en décomposition.

Si la Vantage V12 semble manquer de civilité, son aménagement intérieur, ses sièges, son tableau de bord et la qualité des matériaux de finition sont sans reproche. Même la visibilité arrière est généralement bonne. Et que dire de ces portières qui s'ouvrent en s'élevant légèrement de manière à les rendre plus faciles à manipuler?

Pour son V12, ses freins carbone céramique, ses roues exclusives de 19 pouces et son superbe capot avant entièrement en fibre de carbone et tout ce qui rend la vie à bord agréable, vous devrez vous appauvrir d'environ 240 000$ selon Georges, discret mais sympathique représentant de Moteurs Décarie. C'est beaucoup de sous, mais il s'agit ici d'une voiture construite en toute petite série pour le plaisir et l'appréciation des connaisseurs.

Photo: Jacques Duval, collaboration spéciale

Dans la V12 Vantage, le bruit et la dureté de la suspension n'ont pas été réduits par les ingénieurs et c'est à du sport pur et dur qu'on a droit. Cela revient à dire qu'elle ne fait pas bon ménage avec notre réseau routier.