«Zéro défaut». C'est là le nouveau leitmotiv du constructeur automobile sud-coréen Hyundai qui vient de se donner pour objectif de fabriquer, d'ici quelques années, les meilleures voitures du monde.  Rien de moins. Meilleures que Mercedes, que Lexus, que Honda et que tout ce qui roule sur cette terre. C'est ce qui ressort d'un long entretien que j'ai eu à Séoul en compagnie de quelques représentants de la presse automobile américaine avec la haute direction de Hyundai durant lequel le président et chef de la direction de la marque M. Steve S.Yang a martelé à maintes reprises l'engagement de sa compagnie à respecter des standards de qualité encore jamais vus dans l'industrie. «Nous voulons être les meilleurs du monde, construire la meilleure voiture et être en tête de tous les sondages portant sur la qualité», a clamé notre interlocuteur avec beaucoup de conviction.

Déjà récipiendaire de quelques citations «best in class» (Sonata, Tucson, Genesis) et du titre de «voiture de l'année» il y a deux ans avec la berline Genesis, la firme a pris goût à ces accessits et mettra tout en oeuvre pour que les véhicules arborant le H stylisé en forme d'ovale soient de la même cuvée. De prime abord, on esquisse un sourire dubitatif face à une déclaration aussi conséquente. Il suffit toutefois de faire un retour en arrière pour constater que Hyundai a toujours tenu ses promesses, surtout en ce qui a trait à la progression de ses ventes et à ses parts de marché.

Une marque jeune

Je me souviens d'affirmations à l'emporte-pièce il y a plusieurs années signifiant que le groupe sud-coréen allait devenir le 6e plus important constructeur automobile du monde. Les pauvres petites Pony débarquées au Canada en 1985 ne laissaient pourtant rien prévoir d'un avenir aussi florissant. Or, aujourd'hui, le partenariat Hyundai-Kia occupe la 5e place chez les plus grands constructeurs derrière Toyota, General Motors, Volkswagen et Ford avec une production excédant les 4 millions de véhicules. Autre déclaration fracassante: on compte en construire 6 millions dès 2012, de quoi donner des sueurs froides à la concurrence. Ce qui surprend encore davantage de la part de Hyundai, c'est que la compagnie n'a pas encore fêté son cinquantenaire (elle fut fondée en 1967) et qu'elle n'a fabriqué son propre moteur qu'en 1991. Antérieurement, on assemblait des voitures sous licences telle la Ford Cortina britannique en plus d'acheter des moteurs à l'étranger, notamment chez Mitsubishi.

Parmi les mesures que l'on entend prendre pour négocier ce fameux virage qualité, M. Yang a fait état d'un meilleur dialogue avec la clientèle et de mesures très strictes pour améliorer les véhicules à chaque échelon de leur construction. Lorsque j'ai demandé plus de précisions à ce sujet et principalement sur ce qui ne répondait pas à leurs critères de qualité dans les modèles actuels, on a admis que le bruit de vent faisait partie de leurs préoccupations majeures.

Il faut préciser que toutes ces remarques s'appliquent également à la marque soeur de Hyundai, Kia acquise en l'an 2000 alors qu'elle était au bord de la faillite.

Remontée spectaculaire

Le souci de qualité qui règne au sein du groupe lui a déjà permis de quitter la cave du classement pour grimper jusqu'en 8e place dans l'évaluation de la «qualité initiale» de tous les véhicules vendus en Amérique selon les études de la société JD Power. Cela se traduit par une remontée de 50 % dans l'échelle des valeurs du sondeur américain.

Ce ne sont pas les moyens qui manquent au constructeur sud-coréen pour atteindre ses objectifs. Tout comme la Corée du Sud qui a traversé la crise économique sans heurts, Hyundai fait partie des rares compagnies à ne pas avoir subi le contre coup des temps difficiles éprouvés par l'industrie automobile en général ces dernières années. Sur plusieurs marchés comme celui du Canada, les ventes ont même fait d'importants progrès. En plus d'une trésorerie bien garnie, on dispose d'un immense Centre de Recherche et de Développement qui emploie 10 000 personnes dont 2500 ingénieurs et où l'on s'affaire à parachever les Hyundai de demain, dont le concept FS qui a été vu dans quelques salons automobiles et qui se présente comme un coupé sport utilitaire possédant la fonctionnalité d'un «hatchback»Ce modèle fort attrayant auquel on cherche encore un nom sera doté du nouveau moteur 4 cyl. turbo de 2 litres et 274 chevaux qui sera offert d'ici peu dans la récente Sonata. Cette dernière en passant fera en même temps son entrée dans la grande famille des hybrides avec un groupe propulseur de 209 chevaux, dont le moteur électrique de 40 chevaux sera animé par des batteries lithium-polymère, une solution que certains considèrent comme dépassée.

Hyundai rétorque que ce choix lui a été dicté par le faible coût de ces batteries (de 15 à 20%) et leur sécurité d'utilisation. Celles-ci, par rapport aux autres, ne risquent pas d'exploser en cas d'incendie. En plus, une transmission automatique à 6 rapports avec double embrayage a permis d'obtenir des résultats comparables aux meilleurs hybrides et des cotes de consommation inférieures à celles de la Toyota Camry et de la Ford Fusion. La longue piste ovale de Hyundai ne nous a pas permis de recueillir autant d'impressions de conduite que nous l'aurions souhaité, mais on peut dire que la Sonata hybride possède de solides performances et que sa motorisation passe généralement inaperçue. La voiture se reconnaît tout de suite à sa partie avant avec une calandre béante qui la distingue carrément de la Sonata ordinaire.

Equus.

Turbo, hybride et V8

Au rayon des moteurs, Hyundai vient de réaliser un nouveau V8 de 5 litres à injection directe de 429 chevaux qui viendra s'abriter sous le capot de la berline et du coupé Genesis. La berline Genesis n'aura pas séjourné longtemps au sommet de la gamme Hyundai puisqu'un autre modèle encore plus luxueux, plus cher et plus vaste viendra lui faire de l'ombre à l'automne. Destinée à rivaliser avec les grandes limousines de Mercedes (Classe S) ou de Lexus (LS 460), la Equus doit véhiculer le message que Hyundai est capable de faire aussi bien que les constructeurs les plus prestigieux tout en permettant à la marque de se départir de son image de voitures à petit budget.Avec des centres de recherches, de développement et de design ainsi que des usines partout dans le monde (Inde, Chine, Russie, Allemagne, États-Unis, Slovaquie), Hyundai ne manque sûrement pas de ressources pour réaliser l'impossible.

Hyundai Hybride.