Égarée dans un segment du marché auquel on accorde un regard furtif, la Toyota Avalon est pour la plupart des automobilistes l'archétype de la voiture invisible. Et ce ne sont sûrement pas les quelques retouches que l'on vient de lui faire subir qui vont y changer quoi que ce soit.

Pour reprendre les propos de Toyota, la voiture a été «rafraîchie» dans un modeste effort pour la sortir de l'anonymat dans lequel elle est plongée depuis sa naissance, il y a une quinzaine d'années. Il reste que ce remaniement pour la rendre plus attrayante aux yeux d'une clientèle sage lorgnant du côté de ce qu'il est convenu d'appeler les berlines grand format, est bien sobre.

 

Avec l'Avalon cuvée 2011, les gens de Toyota souhaitent qu'elle détourne les acheteurs d'une Chrysler 300, une Buick Lucerne, une Ford Taurus ou une Hyundai Genesis. Ses arguments sont simples: un équipement si complet qu'il ne tolère aucune option, un prix revu à la baisse (41 100$ au lieu de 45 845$) et tout cela dans un seul et unique modèle XLS.

 

Parmi les accessoires de série les plus valables, on note la présence d'un système de navigation par satellite à écran tactile avec caméra de recul, d'un système de stabilité avec bouton de désactivation, d'une chaîne audio ambiophonique JBL de 660 watts avec 12 haut-parleurs, de sièges recouverts de cuir, de sièges arrière inclinables, d'une multiplicité de coussins gonflables (7) et tutti quanti. Toutefois, ces suppléments seront-ils suffisants pour faire oublier l'absence de la traction intégrale offerte en option chez deux des quatre concurrentes précitées? Au Québec, à tout le moins, c'est un argument qui pèse tellement lourd dans la balance que Mercedes-Benz n'importe aucun de ses modèles C ou E sans le «4Matic».

 

L'autre obstacle à surmonter pour Toyota se trouve au sein de sa propre famille et s'appelle la Lexus ES 350. Le constructeur japonais semble bien au fait de la situation et se montre très conservateur avec une projection de ventes de seulement 350 Avalon pour l'ensemble du Canada. On est loin des chiffres de ventes du trio Corolla-Matrix-RAV4, qui accapare 50% des ventes globales de Toyota en sol canadien.

 





Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

De l'eau, de l'eau et encore de l'eau. Voilà le décor le plus fréquent de l'île de Terre-Neuve, où s'est déroulé notre essai de la nouvelle Toyota Avalon.

Dévoilement terre-neuvien

 

Bien que ce ne soit pas la péninsule d'Avalon de l'île de Terre-Neuve mais bien une ville californienne du même nom qui ait donné son nom à la plus volumineuse des Toyota, c'est sur les routes de ce coin de pays que nous avons expérimenté la version revue et corrigée de l'Avalon. Dès la prise en main, on devine que le châssis a été resserré et que la voiture est moins brinquebalante. La direction, par ailleurs, a du mal à nous convaincre qu'elle est branchée sur le train avant tellement elle nous prive de toute sensation de contact avec la route.

 

Des routes peu fréquentées ont permis de mettre en valeur le moteur V6 de 3,5 litres, dont les reprises et les accélérations sont si énergiques qu'on a l'impression que la puissance est supérieure aux 268 chevaux annoncés. Même avec trois personnes à bord, doubler est une affaire de rien grâce, en partie, à une transmission automatique à 6 rapports qui n'a rien d'autre à se reprocher qu'un mode manuel - dit séquentiel avec palettes au volant - qui ne change strictement rien à l'équation performances. Malgré la poussée solide de son V6, l'Avalon ne manifeste que très peu d'effet de couple, contrairement à la Maxima de Nissan, qui fera sûrement partie de la même liste de magasinage. Malgré son poids et son encombrement majeur, la voiture s'est contentée de 9,6 litres aux 100 km durant notre essai, une moyenne très satisfaisante.

 

Malgré une certaine rigidité, la suspension reste confortable sans pour autant succomber à des excès de roulis ou de tangage. Le silence est d'or la plupart du temps, sauf sur certains revêtements où les pneus à faible résistance de roulement paraissent bruyants. Voyageant en terre inconnue, la nécessité de faire demi-tour à l'occasion a permis d'apprécier le court diamètre de braquage.

 





Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

À l'intérieur comme à l'extérieur, rien de révolutionnaire dans la nouvelle Toyota Avalon.

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

Quelques retouches esthétiques ont été réalisées sur l'Avalon 2011.

Une bonne figurante

 

Aussi spacieuse que certaines limousines, cette grande Toyota accueille facilement trois passagers à l'arrière, sauf que j'ai été incapable de trouver une position de conduite confortable, en dépit de l'infinité de réglages offerts. En voulant régler le volant, on sera déçu de découvrir que l'Avalon est dépourvue d'une assistance électrique, ce qui oblige à manipuler deux commandes manuelles pas très commodes à déverrouiller. Peut-on se consoler avec le gigantisme du coffre à bagages et la générosité du vide-poche sur la console centrale, qui peut loger si nécessaire pas moins de deux caméras professionnelles? Et la dernière Avalon est dotée du «brake overdrive system», qui peut mettre un frein à tout emballement du moteur.

 

Au fil d'arrivée, je crois que Toyota s'est montré beaucoup trop sage dans le remaniement de son modèle haut de gamme. Ce dernier continuera à jouer un rôle de figuration dans le marché automobile, à moins qu'on lui adjoigne une motorisation hybride, ce qui ne serait pas vilain.

Photo Jacques Duval, collaboration spéciale

La Toyota Avalon, renouvelée pour 2011, est la plus grosse voiture à arborer l'écusson Toyota.