Au plus fort de la tourmente chez General Motors, la marque Cadillac a été la seule à échapper à toutes les supputations médiatiques ou autres sur son avenir. «L'explication en est toute simple», admet le grand patron de la marque de prestige du constructeur américain, Steve Shannon. «Le groupe Cadillac avait déjà fait l'objet d'une restructuration en profondeur au cours des dix dernières années et la haute direction savait que nous allions dans la bonne direction», enchaîne notre interlocuteur.

On se souviendra que la réputation de Cadillac avait considérablement perdu de sa magnificence au tournant du siècle avant que Bob Lutz sorte le fouet et change l'orientation du porte-étendard de General Motors avec des modèles plus jeunes comme la CTS, la SRX, la XLR, etc.

Pendant tous les pourparlers qui ont abouti à la restructuration de GM, les gens de chez Cadillac n'ont jamais reçu la moindre directive pour diminuer les coûts de production et ils ont continué leur travail comme si la maison mère venait d'encaisser le pactole. Aucun des modèles au stade de la préproduction n'a été rayé du cahier des charges, ce qui permet aujourd'hui à Cadillac de renouveler sa gamme à une cadence accélérée. Le défilé a commencé cette semaine avec une version complètement rajeunie du SRX, le populaire véhicule multisegment qui sera suivi dans quelques semaines de la Cadillac CTS Sport Wagon, une familiale joliment tournée qui reprend les organes mécaniques de la berline du même nom. Il est aussi fort probable qu'une version V à moteur de 556 chevaux voit le jour dans quelques mois.

Toujours selon le directeur de la mise en marché, Cadillac termine la mise au point d'un modèle d'un format encore plus petit que la CTS destiné à rivaliser avec les Audi A3 et BMW série 1 de ce monde.

Les familiales impopulaires

Si la nouvelle SRX semble promise à un grand succès, on ne peut en dire autant de la CTS Sport Wagon. Cela n'a rien à voir avec la qualité de cette familiale, mais avec le peu de popularité des modèles du genre aux États-Unis. En chiffres, on s'attend à écouler environ 200 000 SRX contre seulement 25 000 Sport Wagon. «C'est bizarre», reprend Steve Shannon «puisque les Américains lèvent le nez sur les familiales qu'ils considèrent comme des outils de travail alors que les jeunes Européens jugent ce type de véhicule comme le symbole d'un style de vie branché».

Nul besoin d'ajouter que la familiale CTS sera vendue en Europe alors que la SRX se contentera du marché nord-américain. Cette dernière ne manque pas d'arguments pour séduire à commencer par deux moteurs V6 qui sont non seulement plus performants que ceux qu'ils remplacent, mais également plus économiques et moins polluants. Le V6 de série est un 3 litres de 265 chevaux qui paraît amplement suffisant, si l'on fait exception de sa tendance à rétrograder à la moindre petite pente. Selon GM, sa cote de consommation sur la route se situe à 7,2 litres aux 100 km, un résultat qui ne pourra être dupliqué qu'avec une conduite extrêmement prévenante. Notre essai dans la banlieue de New York s'est soldé par une consommation tout de même raisonnable de 10 litres aux 100 km. Plus expressif et moins bruyant, principalement à haut régime, le V6 2,8 litres de 300 chevaux proposé en option accentue les vertus sportives que l'on attribue au multisegment SRX. Précisons que ces deux moteurs ont été élaborés à partir de groupes propulseurs déjà utilisés en Europe.

L'intérieur est cossu à souhait, à commencer par les sièges qui offrent une variété de réglages rarement vue dans une voiture de luxe. Émaillé de cuir et d'aluminium brossé, le tableau de bord jette une note d'élégance dans l'habitacle.

Bien que la demande risque d'être assez faible au Québec, Cadillac offre aussi une version à traction avant du SRX qui est néanmoins fait sur mesure pour la traction intégrale dont la mise au point a été réalisée par la firme Haldex.

Photo: Jacques Duval

Le grand patron de Cadillac Steve Shannon devant le nouveau véhicule multisegment («crossover») SRX.

Du sport en familiale

Dès que l'on prononce son nom, CTS Sport Wagon, on sait que l'on a affaire à une familiale pas comme les autres qui entend se donner une image sportive. À l'instar de la SRX, elle mise sur deux V6 bénéficiant, comme chez Porsche et Ferrari, de l'injection directe, une technologie qui assure une plus faible consommation et une puissance accrue. Le moteur de base est le même que celui du nouvel utilitaire de Cadillac, sauf qu'il affiche 5 chevaux de plus tandis qu'un V6 de 3,6 litres et 304 chevaux est aussi au catalogue. Ces moteurs sont assortis d'une transmission automatique à 6 rapports. Tout en privilégiant luxe et confort, cette CTS met l'accent sur la fonctionnalité avec un espace à bagages offrant un volume de 1642 litres une fois la banquette arrière rabattue. Le prix suggéré de cette familiale sport est de 44,325 $ pour le modèle à propulsion et de 46,950 $ pour la version quatre-roues motrice.

Après une longue traversée du désert, Cadillac poursuit sa remontée dans la hiérarchie du prestige automobile avec la SRX et la CTS Sport Wagon qui, on l'espère, marqueront le début d'une ère nouvelle non seulement pour cette marque, mais pour General Motors.

Photo: Jacques Duval

La nouvelle Cadillac Sport Wagon propose plus de 1600 litres d'espace utile une fois la banquette arrière rabattue.