«Il faut battre le fer quand il est chaud». Cette maxime simpliste, éculée et galvaudée n'a jamais vraiment fait son chemin dans la tête des dirigeants de l'industrie automobile. Je n'ai jamais vu, en effet, un sens du moment opportun aussi négligé que dans le secteur automobile.

On a beau adhérer à la méthode du «just on time», quand vient le moment d'introduire un modèle que le public réclame à grands cris, on perd un temps considérable à nourrir le marché du bon véhicule au bon moment. Bref, on cultive avec assiduité l'art de «manquer le bateau» ou de louper le coche.

Combien de fois ai-je découvert des nouvelles voitures au stade de la préproduction mettre des mois, voire des années à faire leur apparition sur le marché alors que le public séduit par les photos de ladite voiture était soumis à un véritable supplice de Tantale.

Comment se fait-il que dans un univers où la consommation est le leitmotiv de l'économie, les constructeurs automobiles s'obstinent à faire la sourde oreille au désir des acheteurs? N'a-t-on jamais compris que les clients sont impulsifs et que lorsqu'ils ont un coup de coeur pour un produit, ils le veulent avant-hier pas après demain, dans quelques mois ou quelques années.

Les exemples sont nombreux de ces longs délais entre le dévoilement d'un modèle et sa commercialisation.

De la cinquecento à la 500 Nuova

Ce qui m'amène à traiter du nouveau tandem Chrysler/Fiat dans lequel on risque d'assister à la même lenteur d'exécution par rapport à des produits tout prêts à conquérir le marché nord-américain. Je pense surtout à la célébrissime Fiat 500, familièrement appelée Cinquecento, la réincarnation d'un modèle légendaire qui est devenu le portrait de l'Italie au même titre qu'un Luciano Pavarotti , l'île de Capri, Gucci, les tortellini, ou, pour rester dans le monde automobile, Enzo Ferrari.

Originalement introduite en 1957, la Fiat 500 a connu une carrière formidable s'échelonnant jusqu'en 1975. Elle n'était ni plus ni moins que le pendant de la Citroën 2 chevaux française, de la Mini britannique et de la Coccinelle allemande.

Elles étaient toutes à leur façon des citadines d'une grande simplicité, faciles à réparer et très robustes comme de vraies voitures du peuple. Comme ses consoeurs la Mini et la Coccinelle, la Fiat 500 connaît depuis 2007 une seconde carrière, épousant des formes rétro fidèles au modèle initial. Dans sa modernité, elle a abandonné son moteur arrière tout comme sa propulsion pour devenir une traction.

Dotée à l'origine d'un tout petit moteur d'un demi-litre, elle fait désormais appel à des 4 cylindres de cylindrées diverses selon les versions. Si le modèle d'accès à la gamme se contente de 69 chevaux, le plus poussé commercialisé sous le vocable sportif de Fiat Abarth hérite d'un moteur de 135 chevaux.

Entre les deux, on trouve un moteur diesel de 75 chevaux qui se fait apprécier par sa faible consommation chiffrée à 4,2 litres aux 100 km. Une version découvrable avec sa traditionnelle toile pliable est aussi proposée depuis peu en attendant une familiale qui reprendra le nom de l'ancienne, la Giardiniera.

Il ne fait aucun doute que ce modèle très sympathique avec son intérieur coloré et ses quatre places est mûr pour le marché nord-américain, sinon celui du Canada et, principalement, du Québec où les minis de ce type sont fort appréciées.

La grande question reste de savoir combien le nouveau tandem Chrysler/Fiat mettra de temps à adapter la Fiat 500 Nuova (le nom officiel de la dernière version) aux impératifs souvent aveugles des législations américaines et canadiennes. Bref, il est d'une grande urgence que les constructeurs commencent à réaliser l'importance du dicton voulant qu'il faille «battre le fer pendant qu'il est chaud».