Les mentalités changent. Hier, on jugeait l'automobile sur ses performances, ses qualités dynamiques. Bref, le plaisir que l'on éprouvait à la conduire. Aujourd'hui progresse l'idée qu'une voiture s'apprécie à travers son design, son confort, sa connectivité, sa fonctionnalité, sa sécurité et le respect qu'elle voue à l'environnement. Voilà les principaux attributs désormais liés à l'agrément de conduite qui devient un art du voyage.

Pour créer une voiture qui plaît, il faut un style extérieur capable de générer de l'émotion et un habitacle ouvert sur l'extérieur. Ces évolutions témoignent en particulier de la prise en compte croissante des attentes des passagers; désormais, le conducteur n'est plus - et à échéance, ne sera plus - le seul maître à bord.

Ce glissement des valeurs est déjà palpable. Les innovations les plus marquantes des dernières années touchent essentiellement la connectivité. Aujourd'hui, la voiture guide, informe, envoie des courriels, diffuse des films... Mais dans ce meilleur des mondes automobiles, le plaisir de conduire est pratiquement disparu. Où est passée l'authenticité? Où sont passées ces automobiles de caractère? Celles-là justement qui vous donnaient envie de faire des détours, de partir plusieurs heures à l'avance, juste pour le plaisir de se retrouver à leur volant. Au fait, à quand remonte la dernière fois où vous avez été épris de passion pour une auto, dont vous vous êtes séparé à regret?

En fait, il y a tout lieu de craindre qu'avec cette révolution multimédia, l'automobile ne perde son âme. Il suffit de regarder la Classe S de Mercedes, par exemple. Toutes les innovations à bord de ce modèle - y compris la conduite assistée - cascaderont sur l'auto de Madame et Monsieur Tout-le-Monde au cours des prochaines années. Le message est clair: les priorités ont changé, une page de l'histoire automobile est vraiment en train de se tourner. Pour le meilleur et pour le pire.

Par chance, pour le meilleur, il y a encore des voitures «à vivre». Elles sont trop peu nombreuses, une espèce en voie de disparition. Voilà sans doute pourquoi les amateurs se tournent de plus en plus vers les anciennes ou les «classiques», c'est selon. Vous savez, ces «vieilles» autos qui, après quelques kilomètres, vous font redécouvrir le plaisir de l'authenticité et de la conduite, et ce, sans jamais devoir transgresser les limites de vitesse. Trop épeurant. Rien à voir avec l'Acura MDX essayée dans ces pages ou encore avec les sportives que les constructeurs proposent. Lancées dans une course effrénée à la nouveauté et à la surenchère technologique, les autos finissent par rivaliser de... banalité.

Hélas, les marques automobiles doivent composer avec la masse et celle-ci se dit de plus en plus détachée, privilégie une vision toujours plus fonctionnelle de la voiture. En d'autres mots, le plaisir lié à l'acquisition et la possession d'une automobile est aujourd'hui aussi grand que celui qu'on éprouve à l'égard d'un lave-vaisselle. Une exagération? À peine.

Bien sûr, vous aimez toujours l'auto, même si ce n'est plus pour les mêmes raisons.