Avant, il y avait soit la concurrence, soit la fusion. Entre deux entreprises, les positions étaient nécessairement tranchées. Aujourd'hui, les situations intermédiaires se multiplient, y compris dans le secteur automobile.

Alors pourquoi donc Sergio Marchionne, patron du groupe FCA (Fiat-Chrysler Automobiles), souhaite marier l'entreprise qu'il dirige? Pour améliorer sa rentabilité bien sûr, mais aussi pour gagner des échelons sur l'échiquier mondial automobile. Pour mémoire, le groupe FCA pointe aujourd'hui à la septième place avec 4,75 millions de véhicules produits par année, soit deux fois moins que Toyota, actuel leader mondial avec 10,23 millions d'unités produites en 2014.

L'idée a du bon, mais Sergio Marchionne doit sans doute savoir que les prises de contrôle majoritaires ne sont plus d'actualité. Vrai qu'une fusion entre deux constructeurs permet de réaliser des économies massives de coûts. Vrai également qu'un mariage peut également offrir un meilleur retour sur investissement pour les actionnaires. Mais il est vrai aussi qu'une union peut tourner au cauchemar. D'ailleurs, environ 50% échouent.

Jusqu'ici, Sergio Marchionne a cherché à séduire Ford et plus récemment GM. Il a poliment été éconduit par les deux. Aujourd'hui, la rumeur lui prête l'intention de faire les yeux doux au groupe PSA (Peugeot-Citroën). Et demain?

Sergio Marchionne doit savoir que les alliances industrielles, dont l'objectif principal est la réalisation de synergies de coûts et d'investissement, sont une option de rechange majeure aux fusions acquisitions. Elles sont d'ailleurs aujourd'hui le «modèle» privilégié des constructeurs. Elles s'appuient sur une logique de coopération, le partage de ressources stratégiques sans perte de contrôle, et soutiennent de plus la mise en oeuvre de stratégies de différenciation en dehors du périmètre de l'alliance.

Et cela, Sergio Marchionne doit le savoir, lui qui a conclu pareille entente avec Mazda pour ressusciter une ancienne gloire de Fiat, la 124 Spider. Ce roadster appelé à voir le jour l'an prochain reprendra plusieurs éléments de la MX5 (Miata) 2016 dont la carrière commerciale s'amorce dans quelques jours.

L'autre piste que Sergio Marchionne doit très certainement étudier est de développer une coopération autour de grands sujets techniques: emploi de plateformes ou de moteurs en commun. Cette union qui n'exige pas qu'on se passe la bague au doigt en intéresse déjà plus d'un dans l'industrie. On pense par exemple à la coopération entre Daimler et l'Alliance Renault-Nissan qui a débouché sur la création de la dernière Smart. Ou encore à l'utilisation prochaine d'une architecture technique signée Mercedes chez Infiniti ou encore la coopération qui existe actuellement entre BMW et Toyota pour la création d'une voiture sport.

Sergio Marchionne sait tout cela. Alors pourquoi s'entête-t-il à vouloir se marier?