Objet de liberté et d'évasion, l'automobile? Pour les jeunes, pas vraiment. Ceux-ci la perçoivent généralement plutôt comme une contrainte, «un mal parfois nécessaire», raconte Julie, une Montréalaise de 26 ans qui ne sent pas toutefois l'urgence de s'inscrire à un cours de conduite. Alex, son copain, a 28 ans et est du même avis. Lui non plus n'a pas de permis de conduire. L'automobile ne figure pas dans leurs champs d'intérêt. Par chance pour les acteurs de cette industrie, ce désamour pour la bagnole semble bien moins prégnant dès que l'on s'éloigne des grands centres urbains... Mais pour combien de temps encore?

D'accord, les Julie et les Alex inquiètent l'industrie de l'automobile. Incidemment, les acheteurs de moins de 30 ans représentent une catégorie critique pour les constructeurs. Ces générations qui n'ont pas connu l'âge d'or de l'automobile ne peuvent pas cultiver les mêmes références que leurs aînés. Est-ce là l'unique raison? Assurément pas. La grande majorité des jeunes veut se mouvoir en ville d'un point A à un point B. Elle ne va guère à la campagne. Et si les jeunes se déplacent sur des distances moyennes ou longues, ils prennent le train ou l'avion. Et il y a la situation économique, un frein à l'investissement dans des biens de consommation chers malgré les offres parfois (très) alléchantes des constructeurs.

De passage au salon automobile de New York il y a une dizaine de jours, Carlos Ghosn, président de l'Alliance Renault-Nissan s'est exprimé sur cette question. Il estime que la jeune génération n'a pas rangé les voitures, loin de là, seulement «l'offre des constructeurs ne correspond pas encore parfaitement à leurs attentes».

La multiplication des aides à la conduite et la connectivité des voitures représente un pas dans la bonne direction, mais les jeunes ne seront pleinement satisfaits que lorsqu'il leur sera possible de faire mille et une choses dans une voiture sans avoir à tenir un volant. Pour Carlos Ghosn, c'est clair, la conduite autonome constitue le rêve ultime de la nouvelle génération.

L'ennui est que cette voiture autonome ne verra sans doute pas le jour de sitôt. Carlos Ghosn, lui-même le reconnaît. Il reste beaucoup d'étapes à franchir dont la plus difficile touche les législations qui devraient être amendées. Ce n'est pas demain la veille. Mais le président de Nissan-Renault accueille très favorablement l'arrivée des géants de l'informatique dans le monde automobile. «Je suis très curieux de voir Apple, une entreprise reconnue pour ses innovations, débarquer dans notre secteur avec, qui sait, de nouvelles idées.»

Carlos Ghosn a bon espoir que les développements en matière d'environnement, dont le véhicule électrique, inciteront les jeunes à se déplacer dans les salles d'exposition des concessionnaires. Habituée à tout ce qui se branche sur une prise, la jeune génération recherche toujours une mobilité individuelle, mais n'a pas besoin d'une grande autonomie.