En moins de 15 ans, des équipements traditionnellement réservés aux voitures haut de gamme se sont démocratisés. Doit-on s'en réjouir?
Correcteur de stabilité électronique, capteurs d'angles morts, système de navigation, allumage automatique des essuie-glaces, phares au xénon (ou mieux encore au DEL), injection directe, dispositif de désactivation des cylindres... Cette description n'est pas celle d'une voiture haut de gamme. Aujourd'hui, même les voitures financièrement accessibles possèdent ou peuvent recevoir ces équipements. Même les sous-compactes emboîtent le pas. Cette abondance d'équipements rend nos voitures plus sûres, plus agréables, plus belles, plus propres et quoi encore.
La médaille a cependant son revers: les coûts d'entretien et de réparations croissent en proportion. Tenez les superbes mais fragiles pare-chocs peints (aujourd'hui une règle plutôt qu'une exception), qui sont bien plus chers à réparer qu'une simple bande de caoutchouc noir. Et quand ils participent à l'esthétique de la voiture, pas question de les laisser endommagés. Vous imaginez une Civic avec des cicatrices sur ses boucliers?
À ce propos, les capteurs de stationnement (ces petits ronds qui ornent les jupes de certains véhicules) sont de plus en plus remplacés par une caméra de recul. Et si vous deviez la remplacer, combien vous en coûterait-il? Et que dire des jantes qui aujourd'hui servent de tampon entre le trottoir et le pneu?
L'évolution esthétique et technique apporte également son lot de dépenses d'entretien. Plus lourds, plus grands, les nouveaux modèles adoptent fréquemment des pneus et des disques de frein surdimensionnés, plus onéreux que ceux de leurs prédécesseurs. Combien croyez-vous qu'il vous en coûte pour remplacer des pneus de 20 po?
Et si climatisation rime aujourd'hui avec démocratisation, les représentants des concessionnaires se gardent bien de préciser qu'elle nécessite un entretien plus suivi qu'autrefois ou encore que les cartes routières stockées à bord de vos véhicules nécessiteront un jour ou l'autre une mise à niveau ($).
Quant à la bardée de capteurs électroniques qui tapissent toute voiture récente, ce sont autant de sources potentielles de pannes ou de dysfonctionnements. La sophistication ne mérite pas d'être rejetée pour autant. Mais elle a sa face cachée. Et vous ne la retrouverez pas dans les catalogues des constructeurs. Ces «gadgets» qui permettent de paramétrer les réglages de la suspension et de la direction, par exemple, ont un coût. Et je vous prie de me croire, il est élevé. Quiconque a fait l'expérience d'une voiture de prestige sur le marché de l'occasion peut en témoigner.
Certes, le progrès amène son lot de dépenses sournoises ou inusitées. Mais quand il prend la forme de coussins ou de rideaux gonflables, d'un rouage à quatre roues motrices ou d'un correcteur de stabilité électronique, il sauve des vies ou permet d'éviter des accidents ou, à tout le moins, d'en atténuer leurs conséquences. Dans ce cas-ci, difficile d'être contre le progrès. En revanche, il y a les autres avancées - celles portant sur le confort - qui frisent trop souvent le superflu.