Chaque année, c'est la même chose. Des visiteurs débarquent par milliers au Concours d'élégance de Pebble Beach et à ses expositions satellites pour attiser leur nostalgie des voitures anciennes et raviver les couleurs des souvenirs d'enfance ou de jeunesse.

C'est bien romantique, mais en réalité, ce n'est pas tout à fait cela. Parmi ces visiteurs se trouvent, en nombre grandissant, des "collectionneurs" qui considèrent ces voitures comme un investissement. Ceux-là ont de fait plus de plaisir à détenir une automobile de collection bien emmitouflée dans un garage que d'éprouver des sensations au volant. Pour eux, le choix du modèle n'a pratiquement aucune importance pourvu qu'il rapporte. Pour ce faire, la sélection repose sur des critères uniques et immuables: authenticité, histoire, notoriété, performances et marque.

L'authenticité coûte cher. Oubliez l'idée de substituer les numéros de série, la couleur d'origine ou les garnitures. Bref, l'auto doit demeurer telle qu'on pouvait la trouver chez le concessionnaire l'année de sa commercialisation. Donc, pas question de remplacer la toile d'un cabriolet par un matériel plus résistant, plus hermétique ou encore d'ajouter une connexion USB au système audio. L'auto doit être 100 % originale.

L'histoire de la voiture a aussi son importance. Un modèle très faiblement diffusé vaut beaucoup plus cher, tout comme celui qui affiche peu de kilométrage à son compteur. La valeur de l'auto augmente plus encore si vous avez toute la documentation relative à ce modèle. Par exemple, la facture originale, le dépliant ou encore le ou les noms des propriétaires précédents.

La notoriété de ses propriétaires a aussi son importance. Si l'auto a appartenu à une célébrité, cela n'est pas pour nuire non plus à la valeur du véhicule, même s'il n'a rien de bien exceptionnel. On pense par exemple à la Rolls-Royce Silver Shadow 1974 du regretté chanteur Freddie Mercury (Queen) qui s'est vendue 150 000 $ aux enchères. Petite anecdote savoureuse, Mercury n'a jamais eu de permis de conduire.

Les enchères montent également si le véhicule a fait une ou des apparitions au petit ou au grand écran. Pensons par exemple à la Batmobile originale, vendue un peu plus tôt cette année pour la mirobolante somme de 4,6 millions de dollars.

Les performances sportives du véhicule ont également une incidence, surtout pour les collectionneurs de voitures de course. C'est le cas de cette Ferrari 512 S Berlinetta de 1970 vue à Pebble Beach. Produit à 25 exemplaires, ce modèle a éprouvé de nombreux problèmes de fiabilité, mais a tout de même remporté les 12 heures de Sebring et une compétition (hors championnat) à Kyalami, en Afrique du Sud.

Le poids des marques compte également. La valeur sûre demeure évidemment Ferrari, mais plusieurs autres constructeurs exotiques (Bugatti, Aston Martin et Lamborghini, pour ne nommer qu'eux) ou disparus (Duesenberg, Facel Vega) sont aussi convoités.

La combinaison de tous ces critères fera sans doute fructifier votre compte en banque, pas votre plaisir.