Je vous ai déjà parlé de la blanche, mais jamais de la bleue? Non bien sûr, car peut-être n'auriez-vous pas compris ce qui m'a poussé à m'acheter deux Lancia Scorpion 1977... Et je ne vous dis pas tout de mes achats. Pas encore.

Revenons aux deux Lancia. L'une est blanche, l'autre est bleue. Elles ont sensiblement le même kilométrage. Mais là n'est pas le plus important: elles tiennent encore sur leurs roues. Il faut reconnaître qu'elles n'ont jamais connu l'hiver. Ça aide.

Certains achètent des voitures de collection pour échapper à l'ennui de parcourir les routes aux commandes d'une voiture moderne. D'autres s'offrent, 20, 30 ou 40 ans après, l'objet détonnant de leurs rêves d'adolescents. D'autres enfin bricolent d'improbables bagnoles pour conserver le souvenir de l'odeur de l'huile et le son du moteur. Pour moi? Toutes ces réponses sont bonnes: je vis actuellement ma période vintage!

Au risque d'être mal compris, je confesse que, depuis quelque temps, la voiture moderne ne me fait plus autant rêver. Ses formes et ses technologies embarquées me laissent de glace et me lassent. Par chance, il y a les voitures anciennes. Elles me font de plus en plus vibrer. Et pas seulement ma Ur-Quattro (que j'ai encore), restaurée avec soin et étonnante patience pendant près de dix ans.

Aujourd'hui, cette allemande roule incroyablement bien. J'avais envie d'un nouveau défi. En fait de nouveaux défis, de nouvelles aventures automobiles.

Comment expliquer un tel engouement pour les voitures anciennes? D'abord, il faut relever une contradiction: alors que les performances des voitures modernes ne cessent de s'accroître, l'interdiction de les exploiter se fait de plus en plus pressante et engendre des frustrations de plus en plus grandes. Respecter scrupuleusement les limitations de vitesse au volant d'une voiture actuelle fait parfois monter la frustration. Non seulement parce qu'on utilise qu'une fraction du potentiel disponible, mais en raison du caractère de plus en plus aseptisé des voitures modernes.

Naturellement, d'un point de vue strictement pratique, les «modernes» s'adaptent de mieux en mieux aux conditions de circulation contemporaine et répondent aux attentes de la majorité des automobilistes en matière de confort, de facilité de conduite ou de sécurité. Et comprenons-nous bien, il serait absurde de s'opposer par principe à l'innovation et au progrès. Mais voyager dans une bulle insonorisée, isolée de la mécanique et de la route par une multitude de systèmes d'assistance qui gomment la perception de la vitesse ne pousse pas à perfectionner sa conduite, encore moins à y prendre plaisir.

C'est sans doute de cette prémisse qu'est née ma fascination pour les voitures plus âgées. Pour le plaisir de les conduire, mais aussi celui de les restaurer. Dites, c'est bientôt le printemps?