Voilà bien longtemps qu'une automobile n'avait été attendue avec autant d'impatience. L'immense capital de sympathie dont jouit cette sportive made in USA, née il y a très exactement 60 ans, ne pouvait qu'exciter la curiosité des amateurs. Pourtant, dimanche soir, lorsque la septième génération - affectueusement appelée la C7 - s'avancera sur scène, certains, comme moi, ne manqueront pas d'être déçus.

Voilà pourquoi j'ai pris mes distances. À tel point que le dévoilement de la future Corvette me rend aujourd'hui complètement insensible. Ni enthousiasme, ni excitation! Le jugement vous paraîtra sans doute sévère, mais j'ai le sentiment que mes attentes seront déçues. Cela s'explique sans doute parce que la C7 ne sera pas celle souhaitée par ses concepteurs. Ceux-ci l'imaginaient plus petite et plus agile avec son moteur en position centrale. Ils y ont travaillé, mais la mise en faillite de GM a tout bousillé.

Faute de temps et de moyens, la plus emblématique des Chevrolet sera - de nouveau - victime de son propre mythe. La silhouette sera plus ramassée, le style aura été épuré - avec quelques clins d'oeil aux générations précédentes en prime -, mais on la reconnaîtra tout de même entre mille. Une aubaine pour ses adeptes. Ceux-là réclament depuis toujours que la «Vette» s'améliore en faisant semblant de demeurer la même. Ils auront été entendus, penseront-ils en la découvrant.

Le problème posé par la Corvette est le même que tente de résoudre Porsche chaque fois qu'il retouche sa 911: comment faire évoluer un modèle devenu intemporel? Toute tentative de révolution semble implacablement vouée à l'échec. Conséquemment, la Corvette 2014 ne reniera rien, même si beaucoup de choses ont changé.

On connaît déjà son moteur - toujours un V8 - et les technologies (injection directe, désactivation des cylindres, synchronisation variable de soupapes, etc.) qui l'entourent. Sa puissance (estimée à 450 chevaux) ne sera guère plus élevée que celle qui animait le moteur de la génération précédente, mais il aura le mérite de consommer beaucoup moins de carburant qu'autrefois. Un moteur plus propre, plus moderne qui fera galoper ses chevaux par l'intermédiaire de boîtes comptant un nombre accru de rapports. On en dénombrera sept pour la manuelle et huit pour l'automatique. Le développement de la Corvette ne s'arrêtera pas là. Des versions plus explosives se trouvent dans les cartons de Chevrolet et celles-ci, grâce à la magie de la suralimentation, développeront aisément plus de 550 chevaux.

On sait également que la C7 reprendra les mêmes principes de construction que ceux élaborés du temps de la C5 (1997). Toutefois, plusieurs transformations auront été apportées dans le but de réduire le poids du véhicule (l'objectif fixé: 1360 kilogrammes). Par exemple, plusieurs composantes (freins, pièces de carbone et de magnésium) que l'on retrouvait autrefois sur les Corvette les plus exclusives (Z06 et ZR-1) seront intégrées de série à la C7.

Si la révolution est pour un autre jour, cette Corvette s'annonce des plus efficaces. Et si toutes ces informations se confirment et que son prix demeure sensiblement le même (60 600$), la concurrence aura du mal à justifier ses tarifs et le supplément exigé pour son image.

Tiens, je m'excite à nouveau.