Ne comptez pas sur les concessionnaires pour juger de la qualité des derniers modèles. Ils sont tous très bons. En revanche, entre les discours des constructeurs et l'expérience vécue sur le terrain par les dépositaires, il y a parfois un décalage, comme en font foi ces trois cas de figure.

La Beetle n'est pas plus New, mais cette seconde mouture apparue l'automne dernier vise à rééquilibrer l'égalité entre les sexes. Et pour cause. Depuis sa renaissance en 1999, cette icône allemande exerçait jusque-là un énorme pouvoir de séduction auprès de la gent féminine. Plus de 80% des acheteurs étaient en fait des acheteuses...

La deuxième génération tend ses lignes, retire la fleur de son tableau de bord et met le turbo (mécanique offerte en option) pour séduire monsieur. Et ça fonctionne? Les concessionnaires de la marque allemande interrogés par La Presse ne sont pas unanimes.

«On voit plus d'hommes qu'autrefois», note Charles Nadeau, représentant de Park Avenue Volkswagen, à Brossard. Selon lui, plusieurs hommes voient dans cette masculinisation des formes de la Beetle le reflet d'une Porsche 911.

«Tant mieux, si cela fait vendre», dit-il avec satisfaction, tout en reconnaissant du même souffle que le nombre d'unités demeure bien limité pour se faire une meilleure idée de la clientèle type de ce véhicule.

D'autres conseillers à la vente de concessionnaires Volkswagen sont moins enthousiastes. Tout en saluant les efforts du constructeur pour repositionner cette auto dans le coeur des hommes, ils soutiennent qu'il sera pratiquement impossible de renverser la tendance à moins de proposer «une Beetle beaucoup plus virile que la version Turbo actuellement au catalogue». C'est dans les cartons.

«Espérons, si c'est le cas, que VW n'en fera pas la promotion chez Oprah», affirme un représentant. La populaire animatrice américaine avait fait «cadeau» des 275 premières unités de ce modèle l'automne dernier.

Le buzz attendu?

On parle beaucoup de la Leaf, mais encore trop peu de la i-Miev, déplorent des concessionnaires Mitsubishi du Québec. Pourtant, une centaine d'unités de cette sous-compacte électrique a déjà trouvé preneur au pays.

Le plus étonnant, remarque Louis Renaud, représentant chez Gabriel Mitsubishi, c'est le profil des acheteurs. Contre toute attente, il y a beaucoup de retraités qui s'intéressent à ce véhicule aux formes lunaires et qui l'achètent.

«D'ailleurs, j'en ai vendu une il y a peu de temps à un monsieur de 84 ans. Comme bien d'autres, il a été séduit par le faible entretien de ce véhicule qui n'a ni pot d'échappement ni réservoir d'essence.»

Selon ce représentant toujours, l'acheteur de l'i-Miev n'est pas aussi vert qu'on le pensait.

«Il sait compter, cependant, soutient Louis Renaud. Près de 80% des acheteurs font de l'i-Miev la deuxième voiture de leur foyer et estiment qu'elle en coûtera moins cher à exploiter sur 5 ans qu'une automobile traditionnelle à essence.»

Naturellement, le virage électrique de Mitsubishi n'enchante pas tout le monde. Quelques concessionnaires avec lesquels La Presse a pris contact auraient aimé que Mitsubishi accélère le renouvellement de ses modèles actuels ou, au mieux, diversifie sa gamme de produits dans des créneaux «plus conventionnels».

«Si je devais choisir, j'aurais préféré que Mitsubishi investisse dans la fabrication d'une nouvelle berline intermédiaire plutôt que de se lancer dans l'auto électrique», a dit sous le couvert de l'anonymat le directeur des ventes d'une concession montréalaise.

D'autres, en revanche, regrettent le faible effort publicitaire de la marque pour alerter les consommateurs sur la présence de ce véhicule dans ses rangs. «Pour les consommateurs, il n'existe qu'une seule voiture électrique sur le marché et c'est Nissan qui l'offre. C'est injuste, nous étions les premiers.»

Une situation qui n'est pas sans ressembler à celle qu'a vécue Honda, il y a une dizaine d'années, alors qu'elle était la première à commercialiser une hybride au Canada. On connaît la suite. Aujourd'hui, Toyota et hybride sont devenus presque un pléonasme.





Toujours en attente

Chez les concessionnaires Chrysler, l'arrivée de la Fiat 500 a été ressentie, il y a un an, comme une bouffée d'oxygène. La petite italienne a fait chavirer bien des coeurs et ne cesse depuis de se décliner en de nouveaux modèles (Cabriolet et, très prochainement, Abarth).

Que de bonnes nouvelles? Non.

Les représentants estiment que les ventes exploseraient si la 500 enrichissait sa panoplie d'accessoires pour rivaliser avec celle de la Mini, par exemple. «À sa sortie, il a été beaucoup question des multiples possibilités pour le consommateur de personnaliser sa 500. La vérité est qu'aujourd'hui encore, notre rayon d'accessoires d'origine est à peu près vide, déplore un concessionnaire. Mis à part les t-shirts, les casquettes et le cap à gaz (bouchon du réservoir d'essence), il n'y a à peu près rien. Pas même des stripes. Décevant.»

Bref, si tous les modèles sont «très bons», certains irritants subsistent en matière d'approvisionnement, de mise en marché, de stratégies. Et la liste est longue.

Photo fournie par Fiat

La Fiat 500 Abarth