En dépit des récriminations dont elle fait l'objet, la fourgonnette demeure, faute de réelle solution de rechange, le véhicule le plus polyvalent et le plus confortable pour voyager en famille.

La fourgonnette est un peu la maladie honteuse des automobilistes québécois. À un moment ou un autre de notre vie, on l'a tous eue - moi compris -, mais on préfère ne pas s'en souvenir. Normal, la fourgonnette est la seule catégorie de véhicules incapable de générer la moindre émotion. D'ailleurs, plusieurs parents se la procurent par dépit. Par besoin, disent-ils, le temps que les enfants grandissent. Ils disent mettre de côté le plaisir de conduire, disent-ils, pour quelques années.

Dommage, car la fourgonnette demeure, près de 30 ans après sa réinvention, le véhicule familial par excellence.

Les constructeurs ont beau vanter l'élégance du design, la vigueur de la motorisation ou le prestige de la marque, les familles exigent, elles, un habitacle modulable, de l'espace et du rangement partout, partout.

Ceux qui ont rompu avec la fourgonnette mettent de l'avant des raisons très concrètes. On lui reproche notamment son aspect lourdaud, sa conduite ennuyeuse et son image qui témoigne plus d'un compromis rationnel que d'un véritable coup de coeur. On l'accuse aussi de coûter cher à la pompe. Voilà le pot.

Des solutions de rechange?

Les fleurs, maintenant.

Ces mêmes consommateurs recherchent toujours le contenu astucieux de la fourgonnette, mais dans quelque chose qui ne lui ressemble pas.

Pour satisfaire - en partie - cette demande est née la catégorie macédoine: les multisegments. Ceux-là, à l'image des pneus quatre saisons, se prétendent bons en tout, mais n'excellent en rien. Et plusieurs consomment autant sinon plus d'essence que les fourgonnettes et ne sont guère plus excitants à conduire. Retour à la case départ.

La fourgonnette conserve une longueur d'avance dans bien des domaines.

Il suffit de penser - accrochez-vous, la phrase est longue - à ses larges portières coulissantes qui facilitent l'accès et la sortie, à ses fauteuils individuels - aux deux premières rangées -, à sa vue imprenable sur l'extérieur, à sa position de conduite surélevée, à son habitacle capable de recréer le confort du salon (système de divertissement, prises pour les consoles de jeu) et à ses nombreuses astuces, avec des baquets qui se glissent sous le plancher: la polyvalence de la fourgonnette demeure inégalée.

De plus, quelle autre catégorie de véhicules permet de transporter vélos, skis, planches à voile, petits meubles et feuilles de contreplaqué sans broncher et sans les exposer aux intempéries? Les multisegments? Même si la famille ne compte que deux enfants (et deux parents), le trop-plein de bagages est souvent rapidement atteint, à moins de sacrifier la troisième rangée de sièges. C'est aussi vrai pour les fourgonnettes, mais celles-ci jouissent généralement d'une hauteur sous plafond beaucoup plus grande.

Devenues sans doute un peu «conservatrices» à la longue, les fourgonnettes ont vu leurs ventes chuter au cours des dernières années. L'année dernière, 17 642 fourgonnettes neuves ont trouvé refuge dans un foyer québécois, et ce, en dépit du renouvellement de plusieurs modèles. Tard l'automne prochain, Ford revisitera cette catégorie mal-aimée en proposant la C-Max, une fourgonnette non seulement aux dimensions plus humaines, mais aussi animée d'une motorisation hybride (mi-essence, mi-électrique), une première dans cette catégorie.

De quoi retomber amoureux, non?