Il y a tant de nouveaux modèles par les temps qui courent que j'ai depuis longtemps prévenu mes amis de ne plus m'en offrir.

Cette pensée, fictive bien sûr, m'amuse.

En vérité, c'est que je vous envie. Au cours des prochains jours ou des prochaines semaines, peut-être aurez-vous un véhicule neuf dans votre entrée de garage. Cette joie, il me tarde toujours de la revivre. Surtout au sortir d'un trop long hiver. Après tout, un véhicule neuf n'est-il pas une récompense exquise?

Mais une récompense qui coûte cher. Même si le prix des modèles neufs n'a guère augmenté depuis 1994, les dépenses associées à l'usage de l'automobile n'ont cessé de croître. Le prix de l'essence s'enflamme et l'instabilité politique au Moyen-Orient peut laisser croire qu'une hausse est à prévoir d'ici l'été. À la hausse aussi, le prix des entretiens et des réparations. L'accroissement de la qualification de la main-d'oeuvre et le coût de l'outillage expliquent en partie ces augmentations. Cela peut paraître paradoxal lorsqu'on sait que les nouveaux modèles ont réalisé de spectaculaires gains en fiabilité et exigent des révisions moins nombreuses. Le prix des assurances publiques et privées grimpe aussi, et efface les baisses de prix rendues possibles par la diminution des accidents et des vols.

Naturellement, les gouvernements veillent à saler l'addition, en augmentant la taxe de vente TVQ de 9,5% depuis janvier et le prix des amendes. Et c'est sans compter les taxes prélevées au moment de l'achat (ou de la location) sur les pneus et le climatiseur.

Mais l'État sait parfois se montrer généreux. Les acheteurs de véhicules électriques ou hybrides bénéficient d'un crédit d'impôt.

Quand on aime, on ne compte pas

Même si les coûts augmentent, le marché automobile demeure relativement stable. Il se vend environ 1,4 million de véhicules neufs au Canada, selon les chiffres des constructeurs et de la firme Desrosiers Auromotive.

De ce nombre, on compte aujourd'hui plus de «camions» que de voitures. Qu'importe, nos véhicules sont majoritairement utilitaires. Nous les utilisons davantage pour le trajet domicile-travail, mais ils expriment une envie autant qu'un besoin.

 

Rares sont les industries où l'offre de nouveaux produits agit autant sur la demande, où l'innovation, le style et la technologie sont à ce point essentiels.

C'est pourquoi, peu importe leur taille, leur teinte ou leur prix, tous les nouveaux modèles exercent la même fascination. Impossible de résister à ces chromes qui font battre les cils du soleil, à la suave mélopée de ces échappements ou à ces habitacles qui font monter aux narines l'inimitable odeur du neuf.

Désolé, je m'excite pour vous...

Moi, je n'aurai pas cette chance cette année. J'en ai une bien meilleure.

Au cours des 30 dernières années, mon travail de journaliste essayeur m'a donné l'occasion de conduire toutes ces nouveautés. Je les ai presque toutes eues, à défaut, comme vous peut-être, de les avoir possédées!

Photo André Pichette, archives La Presse