En viendrons-nous un jour à nous raser derrière le volant, le matin, en route vers le boulot?

J'en ai maintenant la certitude. Aux typographes, planteurs de quilles et autres métiers disparus s'ajoutera bientôt celui d'«essayeur» d'automobiles, que j'exerce.

Avec un peu de chance, peut-être, pourrai-je pratiquer ce métier jusqu'à ma retraite. Mais je ne parierais pas trop là-dessus. Surtout après avoir été témoin de ce que nous réserve l'automobile, comme ce fut le cas récemment.

Si vous aviez vécu l'expérience, peut-être seriez-vous inquiet vous aussi. Pas pour mon travail, mais pour le sort qui vous attend. Je vous préviens tout de suite, c'est plutôt déprimant. Vous aimez conduire, n'est-ce pas? Si c'est le cas, profitez-en, car votre carrière d'automobiliste, elle aussi, tire à sa fin. Très bientôt, vos services ne seront plus requis au volant.

Êtes-vous surpris? Vraiment?

Il y a pourtant longtemps que le volant nous glisse entre les doigts. Sous prétexte de créer un monde plus sûr et de promouvoir les avancées technologiques, on nous a subtilement retiré peu à peu nos responsabilités.

D'abord, il y a eu le dispositif antiblocage des freins (ABS) pour venir en aide à ceux et à celles qui ne savaient pas freiner «au seuil» (à la limite du blocage) pour conserver le contrôle de la direction.

Ensuite, il y a eu l'antipatinage pour ceux qui ne savaient pas moduler correctement une pédale d'accélérateur sur une chaussée glissante. Puis, vint le correcteur de stabilité électronique - désormais obligatoire sur tous les véhicules vendus au Canada -, lequel a rendu obsolète toutes les notions de braquage et de contre-braquage apprises dans un stationnement de centre commercial, du temps où les commerces étaient fermés le dimanche.

L'industrie de l'automobile, toujours sous prétexte d'améliorer la sécurité, multiplie les capteurs d'angles morts, la caméra de recul, comme si nous étions tous affectés en permanence d'un torticolis ou de maux de dos chroniques. On retrouve même - sur certains modèles - un dispositif capable de garer la voiture en parallèle sans même toucher au volant, tandis que d'autres observent le visage du conducteur pour s'assurer que celui-ci ne souffre pas de somnolence. Il y a aussi cet autre système qui prend le contrôle des freins à l'arrivée d'un obstacle s'il juge votre temps de réaction trop lent. Ou encore celui-ci qui permet, sur un véhicule doté d'une boîte manuelle, de grimper la rue Beaver Hall sans craindre d'emboutir le véhicule qui suit derrière en relâchant l'embrayage. Tous ces dispositifs - et combien d'autres - existent déjà. Imaginez demain...

Dans le cadre d'un séminaire sur la sécurité active organisé par Audi, l'électronique prenait carrément le contrôle du volant. Au cours d'une démonstration, j'ai été invité à me glisser dans le siège du conducteur avec un magazine entre les mains. Je n'ai rien fait d'autre que de lire une revue. La voiture roulait en ligne droite, sans aucune intervention de ma part. Une autre voiture se trouvait devant, dans le but de créer l'illusion d'un bouchon de circulation. À l'aide d'un puissant lecteur optique, «ma» voiture observait tous les mouvements du véhicule à l'avant et veillait à maintenir avec celui-ci une distance de sécurité raisonnable. Toujours. Le véhicule à l'avant ralentissait, accélérait ou s'immobilisait, le mien en faisait tout autant. Rassurez-vous, le système est assez intelligent pour ne pas suivre le véhicule qui vous précède si celui-ci va droit dans un mur...

Rien à faire donc, si ce n'est de lire un roman, écouter de la musique ou regarder un film sur l'écran du GPS. Alors oui, même au volant, madame pourra se maquiller le matin en route pour le boulot et monsieur, se raser. Pas aujourd'hui, mais demain. C'est promis.

Les frais d'hébergement liés à la réalisation de ce reportage ont été payés par Audi Canada

C'est cette semaine que s'ouvre le salon automobile de Chicago. Plusieurs nouveautés sont attendues, dont le dévoilement des nouvelles Hyundai Elantra coupé et Touring. Nous vous invitons à suivre toute l'actualité de ce salon sur notre site internet.

Opération recyclage

Bref retour sur notre billet de la semaine dernière. General Motors songe à relancer la carrière de la 9-4x, un multisegment réalisé sur base du Cadillac SRX. Cinq cents unités de cette Saab ont été produites avant la mise en liquidation du constructeur scandinave et GM aimerait bien recycler ce modèle plutôt que de le mettre carrément à la poubelle. Qui en bénéficiera? Buick, Chevrolet ou bien GMC?

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