Ça vous dirait d'être au Salon de l'auto Detroit ce matin ? Moi, voyez-vous, je réfléchirais longuement avant de répondre à cette question. Ça me tente, oui et non. Blasé alors ? Pas le moins du monde, surtout parce qu'il ne faut jamais totalement désespérer de l'industrie automobile dans ce pays qui l'a faite reine. C'est pour cela qu'aujourd'hui et demain, de mon hôtel, je prendrai le People Mover qui me conduira directement au Cobo Hall, lieu de l'exposition dans l'espoir que la cuvée 2010 sera moins terne que les sept millésimes précédents...

Pourtant, je sais, pour les avoir couverts 100 fois, que les salons se déroulent dans une bulle, sans véritable décor, sans rien d'autre que des chars. On ne va pas à Detroit. On ne va pas à Tokyo. On ne va pas à Francfort. On va toujours au salon automobile. C'est toujours le même grand voyage immobile qui recommence et où l'on ne voit pratiquement rien, si ce n'est que des couvertures qui glissent toutes les 20 minutes sur des carrosseries immaculées ponctuées de discours interminables.

 

Toujours la même histoire ? Pas toujours. Parfois il arrive une nouveauté inattendue (c'est rare, je sais), des occasions d'entrevues intéressantes qui débouchent sur de bonnes histoires, mais c'est rare, ça aussi. Car à Detroit, comme ailleurs, pas question de laisser transparaître le pessimisme ambiant ou encore d'exhiber les cicatrices laissées par la crise économique. On préféra plutôt rappeler les résultats positifs des ventes de véhicules neufs aux États-Unis le mois dernier. C'est plus positif et cela encouragera (peut-être) bon nombre d'Américains à s'adonner à leur passe-temps favori, la consommation.

 

Et pour les inciter, Detroit entend donner à voir en présentant plusieurs avant-premières. Bien sûr, dans le nombre, beaucoup ne seront que des extensions de gamme ou auront déjà été présenté à Francfort (septembre 2009) ou Tokyo (octobre 2009), mais ne boudons pas notre plaisir. N'est-ce pas là la raison première de visiter un salon automobile ?

 

Pour rêver bien sûr, mais surtout pour observer les grandes tendances qui se dessinent. Pour apprendre comment l'industrie, collectivement et individuellement, relèvera les nombreux défis que la société lui pose pour créer des produits plus sûrs et plus propres. Pour voir aussi comment l'industrie interprète les goûts des Américains, sachant qu'ils nous seront imposés dans la foulée.

 

À ce sujet, vous en aurez déjà un avant-goût au Salon de l'auto de Montréal, qui ouvre ses portes ce vendredi au Palais des Congrès, où plusieurs véhicules présentés en avant-première canadienne ne se trouveront même pas à Detroit.

 

Dites, ça vous dirait d'être au salon de l'auto Detroit ce matin ?

Photo AFP

Les salons automobiles se déroulent dans une bulle, sans véritable décor, sans rien d'autre que des chars. C'est toujours le même grand voyage immobile qui recommence et où l'on ne voit pratiquement rien, si ce n'est que des couvertures qui glissent toutes les 20 minutes sur des carrosseries ponctuées de discours interminables.