La semaine prochaine, il suffira de jeter un oeil sur les études conceptuelles présentées à l'occasion du Salon automobile de Francfort pour comprendre que ce n'est pas une, mais plusieurs solutions qui se préparent à relayer ce bon vieux moteur à essence (ou diesel). Parions à l'avance que les constructeurs, incapables de dire quelle technologie l'emportera demain, lanceront des projets dans toutes les directions et annonceront de nouvelles pistes qui, inévitablement, nous ramènerons toutes à l'hybride...

Certains dirigeants de l'industrie de l'automobile éprouvent plus de difficultés que d'autres à reconnaître que Toyota dicte seul l'agenda de la planète automobile en matière d'environnement. Dans ce concert surmédiatisé de l'hybride mise au point par Toyota, les autres constructeurs ont bien tenté de jouer une partition différente en cherchant à imposer leur propre modèle, mais peine perdue.

 

«Nous ne pouvons plus rester les bras croisés et dire: ne vous inquiétez pas, la pile à combustible et le tout électrique sont pour bientôt», expliquait un ingénieur allemand rencontré l'été dernier, lors d'un séminaire sur les technologies futures organisé par BMW. «Comme de plus en plus de nos concurrents jouent la carte hybride, il était impossible de ne pas suivre, au risque d'être marginalisé sur certains marchés.»

 

Très engagées sur le diesel, fort d'une réelle avance technologique, les marques européennes préféraient miser sur cet avantage plutôt que de se lancer à fond dans le pari à haut risque de l'hybride. Mais, voilà, la donne a changé. Le pari du tout diesel semble difficile, voire impossible à relever en Amérique du Nord.

 

Selon les plus récentes données, les ventes annuelles d'hybrides atteignent tout près de 42 000 unités - soit seulement 2,5% des 16,7 millions de voitures achetées aux États-Unis. Le phénomène hybride n'est encore qu'une goutte d'eau dans cet océan que représente le parc automobile américain, mais son capital sympathie, lui, est immense.

 

Maître de l'hybride?

 

Les grands constructeurs ont appris à se méfier des ambitions de Toyota, qui est probablement l'entreprise automobile la mieux gérée au monde, et dont un pourcentage élevé de la trésorerie est consacré à la recherche et au développement et non à la fusion avec de nouveaux constructeurs.

 

Cependant, si Toyota demeure le chantre de la technologie hybride dans l'esprit des consommateurs, il n'en demeure pas moins que ses concurrents parviennent à surfer de manière très habile sur la vague que le numéro un mondial a su créer.

 

«Nous sommes très en avance sur la technologie hybride par rapport à nos concurrents», soutient Jean-Paul Farag, consultant technologie et groupe propulseur de pointe à Toyota Canada, «mais gare aux imitations», indique un autre cadre de l'entreprise japonaise.

 

Pour intégrer rapidement ce marché vert, la concurrence mise parfois sur une hybridation légère (Mild Hybrid), ce qui entraîne une certaine confusion chez l'acheteur, pense Toyota. La firme japonaise a beau s'en irriter, il n'en demeure pas moins qu'il y a longtemps que des constructeurs - Toyota compris - sont passés maîtres dans l'art de jouer sur les mots et de berner le consommateur.

 

Un exemple? Le dispositif à quatre roues motrices. Certains sont permanents, d'autres réactifs et n'ont donc pas la même efficacité. Pourtant, certains constructeurs ne se gênent pas pour inscrire en toutes lettres 4WD (4 Wheel Drive) ou AWD (All-Wheel Drive) alors que la technologie employée immobilisera le véhicule dès la première souche venue. Même chose pour le calage variable des soupapes. Plusieurs constructeurs prétendent avoir greffé un tel dispositif à leurs moteurs, mais combien entraînent réellement le calage de toutes les soupapes (admission et échappement)? Très peu.

L'hybride, tel qu'elle est commercialisée aujourd'hui, n'est donc probablement pas une solution durable pour l'automobile. Le concept n'est pas pour autant renvoyé aux oubliettes. De nouvelles générations d'hybrides plus performantes et surtout adaptées à la diversité des usages sont à l'étude, avec un mot d'ordre clair: à chacun son hybride! Dès lors, après plusieurs hésitations, des grosses pointures de l'industrie automobile se sont engagées sur le chemin défriché dès 1997 par Toyota. Honda a décidé de casser les prix, d'autres misent sur une technologie plus poussée encore. C'est le cas notamment de Ford, avec sa Fusion Hybrid, qui parvient à réaliser un exploit que même la Prius n'est pas en mesure de rééditer: se propulser jusqu'à 70 km/h sur sa seule énergie électrique. La dernière Prius plafonne, elle, à 40 km/h...

Photo AP

Le phénomène hybride n'est encore qu'une goutte d'eau dans cet océan que représente le parc automobile américain, mais son capital sympathie, lui, est immense.