À la recherche d'un nouveau souffle, la berline haut de gamme exacerbe ses caractères agressifs. On la sait capable d'adopter le style d'un coupé (Mercedes CLS, Jaguar XF). Et si on lui ajoutait une cinquième porte, cela donnerait quoi?

Une berline taillée comme un coupé avec en prime la fonctionnalité d'une familiale. D'accord, quelques constructeurs s'y sont déjà risqués (Saab, Renault, etc.), sans succès. Dès lors, la réhabilitation de ce style de carrosserie relève, aujourd'hui comme hier, de la gageure.

 

Sous l'impulsion d'Audi, de BMW et de Porsche surgira une nouvelle variation de ce thème esthétique connu et qui joue avant tout la distinction et le sens du style. Ces voitures se veulent des produits de créneau avec pour seul objectif, toujours le même: se faire remarquer.

Si la tendance dessine un hayon, il n'y a pas lieu de s'enflammer et de croire que le succès cognera à la cinquième porte. Et pour cause, ce type de carrosserie n'a jamais eu la faveur populaire de ce côté-ci de l'Atlantique où, depuis des lustres, les «hatchbacks» sont associés à des produits bon marché.

En Europe, la perception de ces véhicules, qui une fois toutes les portes ouvertes ressemblent à des coléoptères, diffère à l'égard des produits de gammes moyennes ou intermédiaires, mais rejoint celles des Américains lorsqu'il s'agit des voitures de gamme supérieure.

Le succès en demi-teinte des Renault 30, dans les années 70, ou des Saab 9000, dans les années 80, est régulièrement évoqué par les stylistes comme des exemples «à ne plus reproduire».

Mais les goûts changent, surtout dans des marchés matures et à faible croissance comme l'Europe et l'Amérique du Nord, et de nouvelles tendances se dessinent. Taille et puissance perdent de leurs atouts au profit de la préservation de l'environnement, bien sûr, mais aussi de la modularité de l'espace intérieur et des formes de la carrosserie.

Petit volume

Par souci d'individualisme, sans doute - les produits de créneau plaisent plus que jamais -, les acheteurs acceptent plus que jamais de nouvelles formes.

Selon plusieurs analyses de marché, les jeunes, contrairement à leurs aînés, perçoivent la carrosserie à hayon comme étant plus sportive et plus dynamique qu'une berline et tout aussi fonctionnelle qu'une familiale, un autre style de carrosserie qui traîne une image négative en Amérique du Nord.

Si les jeunes semblent priser le modèle à hayon, qu'en est-il des «moins jeunes»? «Rien à faire avec eux, a soutenu un styliste allemand à mots couverts, c'est pourquoi nous conservons à notre catalogue des berlines traditionnelles.»

Et c'est sans doute pourquoi le pari relevé notamment par Audi (A5 Sportback) ou BMW (5 GT) s'annonce gagnant.

 

Ces deux constructeurs ne font qu'ajouter un style de carrosserie supplémentaire à une gamme déjà existante, contrairement aux constructeurs mentionnés plus haut qui ont tous commis l'erreur de vouloir l'imposer sans se prévoir une porte de sortie.

Produit de créneau sans doute, la carrosserie à hayon doit, pour réussir dans les segments supérieurs, gommer les irritants associés à sa conception et détruire certains mythes. Lesquels? Qu'une carrosserie à hayon est plus bruyante (en raison de l'absence d'une cloison entre la banquette arrière et le coffre), plus lourde et moins rigide. Pour ce faire, l'industrie de l'automobile doit, dès les premières étapes de la conception, prévoir la présence d'une telle ouverture. Une précaution qu'on ne prenait habituellement pas dans les années 70 et 80, alors qu'on se limitait à tailler simplement une ouverture arrière sur ses berlines et ses coupés.

Pour susciter l'intérêt, la carrosserie à hayon doit également séduire et innover. C'est notamment le cas de la future 5 GT de BMW, qui proposera un système d'ouverture de coffre original: on peut y accéder par le hayon, mais aussi par une trappe. L'idée, loin d'être novatrice (la Skoda Superb l'a initiée), démontre que ce n'est pas seulement la lettre, ce sont l'esprit et la forme mêmes de la carrosserie à hayon qui changent. Et pour le mieux!