Être tout à la fois amoureux fou de l'automobile et respectueux de l'environnement relève d'un exercice douteux pour quiconque ayant cherché à les amalgamer dans un passé récent.

Y compris les hybrides qui, jusqu'à présent, sont destinés à un public qui estime que conduire est un mal nécessaire et dont la seule ferveur consiste à maintenir, le plus longtemps possible, l'aiguille de la jauge à essence en altitude et, du coup, à collectionner les feuilles de laurier (Toyota Prius) ou encore les trophées (Honda Insight) qui s'inscrivent au tableau de bord en guise de témoin de votre «bonne conduite».

 

Bien que conscient des enjeux environnementaux, Pierre Séguin s'enthousiasme plutôt de ses BMW 850 et Range Rover. Le producteur de La Petite Vie, de Paul McCartney sur les Plaines et de Star Académie souhaitait depuis un bon moment se défaire «un peu», précise-t-il, de sa «dépendance au pétrole» et contribuer à la protection de l'environnement en troquant les chevaux de ses montures actuelles pour les kilowatts d'une Tesla, la Ferrari de Silicon Valley.

Aussi sinon plus rapide encore que certains modèles de la firme de Maranello, la très sportive Tesla, ainsi nommée en hommage à l'ingénieur serbe Nikola Tesla, père du moteur électrique à induction, sait conjuguer scrupules environnementaux et amour de la route.

En décembre, Tesla aura livré quelque 1300 unités de cette voiture sport électrique. Et Pierre Séguin compte bien faire partie du nombre. De fait, l'entreprise californienne s'ouvre désormais «au reste du monde», maintenant que les stars d'Hollywood et les patrons de la Silicon Valley ont tous la leur et parfois même deux.

Faute de concessionnaires canadiens autorisés (trois seront cependant annoncés dans les 18 prochains mois et auront pignon sur rue à Vancouver, à Toronto et à Montréal), Pierre Séguin s'est rendu il y a quelques jours à New York pour en faire l'essai.

Il la savait belle, mais jamais il ne l'avait imaginée aussi petite. «Assez grande toutefois pour caser mes deux mètres, même si quelques contorsions sont nécessaires.»

Une fois à bord, notre essayeur d'un jour fait l'inventaire et note d'emblée quelques lacunes au chapitre de l'ergonomie. Comme cet écran où s'affichent plusieurs informations vitales, l'autonomie du véhicule par exemple, planté là à gauche, entre la portière et la colonne de direction. Un peu bizarre comme emplacement, souligne-t-il au représentant qui s'empresse de le rassurer: sur la prochaine génération - «celle dont vous pourriez bénéficier bien sûr» - l'écran sera déplacé au centre du tableau de bord. Même chose pour le sélecteur que l'on doit déplacer selon que l'on désir faire marche avant, marche arrière ou tout simplement demeurer stationnaire. Lui aussi sera remplacé par des boutons-poussoirs, «comme sur la Chrysler à boutons de mon père dans les années 60», s'amuse à rappeler Pierre Séguin.

Haute technologie

Assurément de haute technologie, cette Tesla ne démarre qu'avec une clé. Une fois dans le contact, «il faut la tourner jusqu'au quatrième clic avant d'entendre le «biiiiiiiip» qui vous prévient que la «l'interrupteur est à ON»». Par chance puisque d'un (bon) coup d'accélérateur, la Tesla se catapulte dans l'horizon.

«Franchement impressionnant», de juger «notre» essayeur qui n'en revient toujours pas d'avoir vu le compte-tours grimper dans les 13 500 tr/mn.

«L'accélération est franchement fulgurante et je n'ai aucune peine à croire les assertions du constructeur à l'effet que ce véhicule atteint (départ arrêté) les 100 km/h en 3,8 secondes et une vitesse de pointe de l'ordre de 210 km/h», rapporte cet acheteur potentiel.

Rapide sur une route ouverte, la Tesla affiche certaines faiblesses en ville. La direction est dépourvue d'assistance, ce qui rend les manoeuvres à basse vitesse plutôt musclées. Et pour compliquer les choses, son grand rayon de braquage n'en fait pas un modèle d'agilité et de souplesse. «Mais la direction, elle, est extrêmement précise et directe», ajoute Pierre Séguin comme pour se convaincre que ce véhicule représente, à 140 000$ pièce, le bon choix.

Aujourd'hui, il ne manque qu'une signature (et un dépôt de 12 000$ US) et Pierre Séguin, producteur de son état, pour voir son nom défiler au générique de Tesla Motors aux côtés de ceux de Leonardo DiCaprio, George Clooney, Matt Damon, David Letterman et Arnold Schwarzenegger.