Dans la course au «toujours plus», l'industrie automobile s'essouffle. Et c'est tant mieux. Elle saisira peut être alors l'occasion de redécouvrir les vertus de la simplicité où l'essentiel chasse le superflu.

On se réjouira peut être d'apprendre que l'ère de la voiture toujours plus chic, toujours plus chère et toujours plus sophistiquée est peut-être révolue. La crise aidant, la très grande majorité des constructeurs (les généralistes surtout) prennent aujourd'hui conscience qu'ils ne peuvent plus espérer voir continuellement augmenter le budget automobile de leurs clients. En fait, dans sa forme actuelle, le marché de l'automobile a atteint un point de saturation.

 

Les constructeurs ont beau dépenser des sommes astronomiques en recherche dans le but d'élaborer diverses innovations, et d'ainsi avoir des clients satisfaits, bien souvent, ces derniers ne comprennent pas ou ne veulent pas de ces avancées. On pense par exemple à certains ordinateurs de bord comme le dispositif I-Drive de BMW ou encore la fonction «voiturier» proposée par Lexus (et prochainement Toyota sur sa Prius). Cette dernière permet non seulement d'indiquer au conducteur si l'espace laissé libre entre deux véhicules est suffisamment vaste pour s'y garer, mais elle l'assiste également dans ses manoeuvres... Avez-vous absolument besoin de ces accessoires? Si oui, à quel prix?

Il est clair aujourd'hui qu'il existe un fossé entre le foisonnement d'idées des ingénieurs et l'intérêt du public pour une bonne partie de leur travail. Face à des coûts de fabrication croissants, notamment pour respecter des normes de plus en plus sévères en matière de sécurité et d'environnement, les constructeurs automobiles vont devoir se montrer de plus en plus sélectifs dans le choix des innovations qu'ils comptent proposer dans leurs véhicules. Ils devront également tenir compte du souhait de simplicité de leurs clients.

Il y a quelques années, Mercedes n'avait pas hésité à sacrifier bon nombre d'équipements ou de fonctions sur ses voitures pour remédier à de nombreuses sources de pannes bien sûr, mais aussi «parce que les automobilistes ne savaient pas qu'elles existaient», avait alors reconnu un porte-parole de la marque.

Du point A au point B

Sans que l'on s'en rende vraiment compte, une sorte de fracture automobile s'est dessinée au fil des années. Dans leur communication publicitaire, les marques s'adressent à de «jeunes adultes urbains», mais, en réalité, leur production est absorbée par des automobilistes moins jeunes.

En fait, à mesure que l'on monte en gamme et en équipement, l'âge moyen du client augmente. Or, commencent à se dessiner parmi les «jeunes aux tempes grises» des comportements défensifs vis-à-vis de l'automobile.

Anticipant une baisse de leur pouvoir d'achat à leur retraite, certains consommateurs de plus de 55 ans qui, il n'y a pas si longtemps, n'auraient pas hésité à s'offrir le dernier modèle avec toutes les options, tendent désormais à réduire leur budget. La Cadillac De Ville d'hier est devenue la Toyota Corolla d'aujourd'hui.

Autre facteur à considérer et souvent mésestimé par les constructeurs, l'automobile a de la concurrence. Elle doit rivaliser avec d'autres biens et services - en particulier les équipements électroniques (informatique, appareils numériques, téléviseurs), les télécommunications (téléphonie mobile) ou les voyages - qui sont également venus grignoter un budget grevé, de surcroît, par la cherté du carburant.

Longtemps les prix de l'automobile ont augmenté plus vite que l'inflation, et ces hausses étaient alors justifiées par des équipements de plus en plus nombreux: leur nombre a progressé de près de 300% en 20 ans! Mais les clients ne perçoivent pas toujours leur intérêt. Ils ont envie de véhicules moins sophistiqués, mais surtout moins chers. Les constructeurs doivent en cette période de crise majeure se réinventer.

Alors pourquoi ne pas revenir à leur mission originelle: satisfaire les besoins fondamentaux de mobilité de ses clients. Car, ne nous racontons pas d'histoire, la voiture, pour beaucoup, est redevenue un simple moyen de transport. Une tendance que les constructeurs n'ont peut-être pas surveillée d'assez près.