Parée de toutes les vertus, l'énergie électrique est de toutes les tribunes au salon automobile de Los Angeles. Beaucoup d'études, d'idées pour demain, mais une seule relèvera le pari de prendre la route d'ici la fin de l'année aux États-Unis: la Leaf.

Naturellement, Carlos Tavares, premier vice-président de Nissan, y croit très fort. «Notre intention de produire une automobile électrique de masse aussi spacieuse, aussi confortable et aussi performante qu'une automobile classique a été accueillie, comme nos prévisions de vente, avec beaucoup de scepticisme. C'est compréhensible, dit-il, mais aujourd'hui, regardez autour de vous, tous les constructeurs ont un véhicule électrique sur leur table à dessin ou dans leur labo. Conséquemment, nous maintenons nos prévisions à l'effet que 10% du parc automobile sera composé d'ici 2020 de véhicules électriques.»

 

Pour atteindre cet objectif ambitieux - qui va à l'encontre des prévisions de nombreux experts -, le vice-président estime nécessaire de rendre financièrement accessible cette technologie pour accélérer la production de masse. Tout cela est bien logique, mais qui, croyez-vous, va payer? Le contribuable. Déjà, plusieurs gouvernements, dont le Québec, offrent des incitatifs fiscaux aux consommateurs qui désirent rouler plus proprement. C'est donc dire que si monsieur Chose veut se procurer une Leaf l'an prochain, il pourra me dire et vous dire merci puisque nous contribuerons TOUS à son achat. Est-ce bien raisonnable?

 

 

Les défenseurs du tout électrique considèrent ces incitatifs comme nécessaires, une forme de passage obligé, pour rompre avec la technologie automobile actuelle afin de passer aux voitures à pollution zéro. Mais leur progression va exiger d'énormes investissements aussi bien dans la conception et le recyclage des batteries que dans la mise sur pied des infrastructures.

Tout en reconnaissant l'importance des appuis gouvernementaux dans la phase de démarrage, Carlos Tavares estime qu'ils seront rapidement secondés par le privé, notamment dans le domaine des infrastructures. «Pour attirer la clientèle à son centre commercial, le propriétaire sera sans doute tenté d'aménager des bornes de recharge dans ses espaces de stationnement.» La même logique pourrait s'appliquer aux hôtels, aux stationnements publics ou encore aux entreprises. «L'émergence du véhicule électrique représentera un nouvel outil de promotion pour créer de l'affluence pour de nombreux commerçants, estime M. Tavares. Par ailleurs, plus la capacité de production augmentera, plus le coût de revient pour les constructeurs engagés dans cette technologie baissera.»

 

Photo: Éric Descarries, collaboration spéciale

La Nissan Leaf électrique sera offerte au Canada à l'automne 2011.

Pas de plan B

Au cours de cette table ronde à laquelle étaient conviés des journalistes canadiens, Carlos Tavares a également indiqué que Nissan n'envisage pas équiper sa Leaf d'un moteur thermique pour accroître son autonomie (range extender), hantise de bien des consommateurs. «Il n'y a pas de plan B, dit-il, notre objectif consiste à produire un véhicule qui ne consomme pas d'essence et qui ne rejette pas d'émanations polluantes.»

Au sujet de la peur des consommateurs de tomber en panne, le premier vice-président de Nissan estime que cela n'est pas plus grave «que de partir le matin au volant d'un véhicule traditionnel dont la jauge à essence ne fonctionne plus. Cela crée de l'anxiété. Avec la Leaf, vous saurez tout. Vous serez informé en temps réel de son autonomie, vous obtiendrez des suggestions pour accroître son autonomie, vous connaîtrez l'emplacement de la borne de recharge la plus près.» Il ne reste maintenant plus qu'à souhaiter que l'ordinateur qui gère toutes ces informations ne tombe pas en panne...

(1) Le Québec accordera pour les années 2011 et 2012 un crédit d'impôt de 8 500$ à l'achat d'un véhicule tout électrique.

Photo Reuters

Carlos Tavares, premier vice-président de Nissan, croit très fort en la Leaf, première automobile électrique à prendre la route d'ici la fin de l'année aux États-Unis.