Le deuxième étage du hall 5.2 du Mondial de l'automobile réunit cette année des constructeurs aux fortunes diverses. Il y en a un très prospère, Kia, et quelques réchappés, parmi lesquels on trouve Saab.

Abandonnée par GM l'hiver dernier, la marque scandinave n'a visiblement pas l'air d'une divorcée aigrie. Tout le contraire. Elle a l'air plutôt radieuse au bras de Spyker, minuscule constructeur néerlandais de voitures d'exception. D'autant plus qu'il y a quelques jours, la marque au griffon à la tête couronnée a annoncé la conclusion d'un accord avec le bavarois BMW pour la fourniture de moteurs. Ceux-ci, tous des quatre-cylindres issus de la Mini, auront le mandat de mouvoir la future génération de 9-3, attendue dans le courant de l'année 2012.

«C'est une décision stratégique très importante pour notre avenir, a indiqué le chef de la direction de Spyker, Victor Muller». En effet, ce faisant, Saab prend les moyens nécessaires pour que la garde partagée avec son ex de certains composants (architecture, moteur, boîte, etc.) ne crée pas une dépendance.



Retour aux sources

Saab revient de loin. D'abord, le créneau de l'ingéniosité - jadis sa plus grande force - a considérablement rétréci depuis que les grands constructeurs, grâce aux plates-formes communes, occupent tous les segments de marché, même les créneaux, et réintègrent sous leur toit les petites productions qu'ils déléguaient jadis.

Des périodes difficiles, le petit constructeur suédois en a connu d'autres. Longtemps, il a marché sur un fil. Quand on est aussi petit, mieux vaut ne pas attaquer les gros de front. Saab a donc toujours fait ce que les autres ne faisaient pas: un moteur V4, des carrosseries à hayon, une clé de contact logée entre les baquets avant. GM ne l'entendait pas de la même manière et a intégré Saab à son portefeuille de marques avec le même esprit: celui de générer un tronc commun. Difficile dans les circonstances pour Saab de faire valoir sa réputation qui a longtemps reposé sur l'individualisme. Alors plutôt que de faire preuve de sensibilité à l'égard de sa filiale suédoise et d'exploiter sa force affective, GM l'a forcée à se travestir en l'obligeant à déguiser des Trailblazer (9-7x) et des Impreza (9-2) pour augmenter ses ventes.

Le danger avec Saab, disait-on chez GM à l'époque, c'est de tomber dans le piège de la nostalgie. Pour le plus grand plaisir des amateurs de la marque, le nouveau partenaire de Saab est en total désaccord. En entrevue, le styliste en chef de la marque, Jason Castriotta, rappelle l'importance des faits saillants de la marque: «L'héritage aéronautique, la victoire au rallye de Monte-Carlo, le moteur suralimenté par turbocompresseur, le hayon arrière ouvrant sont autant d'éléments qui ont caractérisé cette marque et nous nous devons de les célébrer dans nos prochaines créations. Vous pouvez compter sur moi.»

Première nouveauté à paraître au cours de l'automne en concession, la nouvelle 9-5 dont l'architecture est commune à l'Opel Insignia (Buick Regal). Au salon de Los Angeles, le mois prochain, ce sera au tour du 9-4X, multisegment dérivé de l'actuelle Cadillac SRX, de faire son entrée. On reprendra ensuite son souffle à Trollhättan, fief de la marque, avant de présenter coup sur coup la future 9-3 puis la 9-1, nouveau modèle d'entrée dérivé, dit-on, de la Mini et susceptible d'être inscrite au Championnat du monde des rallyes. Mais cela, c'est une autre histoire!

Photo: AFP

Une nouveauté signée Saab: la 9-3 ePower tout électrique.

La palme

La palme du plus beau concept présenté u Mondial revient incontestablement à Jaguar et à son étude C-X75. Sculpturale!

Photo: Reuters

La Jaguar C-X75