L'éthanol, jadis considéré comme la panacée en matière énergétique, a perdu de son lustre aux États-Unis, au moment où le Congrès doit décider s'il maintient ou non les subventions qui soutiennent la production de ce biocarburant.

Les parlementaires ont jusqu'au 31 décembre pour décider de prolonger ou non une subvention qui coûte bon an mal an 6 milliards de dollars au contribuable.

Mais l'éthanol, produit à partir du maïs, est attaqué sur sa droite par les milieux ultra-conservateurs, qui lui reprochent de coûter trop cher à l'État, et sur sa gauche par des écologistes qui l'accusent de faire flamber les prix agricoles et de ne guère atténuer les émissions de gaz à effet de serre.

Au moment où la communauté internationale est réunie à Cancun, au Mexique, pour tenter de parvenir à un accord de réduction des gaz à effet de serre, une coalition inattendue de ces différents détracteurs, allant de l'Union conservatrice américaine aux Amis de la Terre, a appelé à mettre fin aux subventions.

Un groupe de 17 sénateurs est allé encore plus loin en réclamant aussi l'abolition du droit de douane de 54% imposé aux importations d'éthanol, qui suscite la colère du Brésil, deuxième producteur mondial après les États-Unis.

Mais l'administration du président Barack Obama ne l'entend pas de cette oreille et son secrétaire à l'Agriculture, Tom Vilsack, a appelé le Congrès à prolonger la législation existante.

"Ce secteur a besoin de plus de temps pour arriver à maturité et de plus d'investissements pour sa croissance, a-t-il déclaré. Les subventions ont aidé à bâtir le secteur des biocarburants et elles doivent continuer".

L'éthanol a perdu un défenseur de poids en la personne de l'ex-vice président Al Gore, qui a reconnu lors d'une récente conférence en Grèce qu'il n'aurait pas dû soutenir les subventions aux biocarburants.

"Ce n'est pas une bonne politique", a-t-il déclaré, selon des articles de presse.

M. Gore, qui a obtenu le prix Nobel de la paix pour son combat contre le réchauffement climatique, a reconnu qu'il avait voulu faire plaisir aux agriculteurs de son pays pour des raisons politiques.

"L'une des raisons pour lesquelles j'ai commis cette erreur est que j'ai accordé une attention particulière aux agriculteurs de mon État du Tennessee et que j'avais une certaine tendresse pour ceux de l'Iowa parce que je m'apprêtais à être candidat à la présidentielle", a reconnu M. Gore.

L'Iowa, grand producteur de maïs, se bat pour le maintien des subventions comme la plupart des États du Midwest. Un de ses deux sénateurs, le républicain Charles Grassley, a convaincu une quinzaine d'élus du Congrès de signer une pétition défendant les subventions et les droits de douane.

"L'éthanol offre l'alternative la plus efficace aux importations de pétrole et soutient des centaines de milliers d'emplois aux États-Unis", plaide la pétition, qui précise que l'éthanol représente désormais près d'un dixième de la consommation de carburant dans le pays.