Magna International est intéressée par le numéro deux italien du design et de l'ingénierie automobile, Pininfarina.

On savait que l'équipementier automobile canadien n'oeuvrait pas que dans les pièces détachées. On n'ignorait pas que sa division Magna E-Car Systems participait à la production de la Ford Focus électrique. Et encore moins - surtout - qu'il (s') investissait dans l'ingénierie. Ce que l'on ignorait jusqu'à il y a peu, c'est que le géant canadien avait à présent un oeil sur un acteur «légendaire» du design et de l'ingénierie propre à des véhicules de niche.

C'est le vice-président de Magna Europe, Dieter Althaus, qui a évoqué le premier dans les médias l'éventualité d'une mainmise sur le célèbre designer italien. À l'agence Bloomberg, celui-ci a confié la semaine dernière que cet éventuel scénario fournirait «une expertise supplémentaire en matière de développement». «Le design et la technologie jouent aussi un rôle» dans le domaine de l'ingénierie dans lequel oeuvre Magna, a-t-il fait remarqué.

S'appuyant sur des sources soi-disant très au fait du dossier, Automotive News Europe a confirmé, la semaine dernière également, que Magna s'intéressait à Pininfarina. Jusqu'à présent, aucune des parties concernées n'a officiellement réagi. Magna n'a pas répondu à nos appels.

Pourquoi Pininfarina?

Pininfarina pourrait passer dans d'autres mains d'ici la fin de l'année. L'entreprise italienne, qui a 80 ans cette année, est en proie à de sérieuses difficultés financières depuis trois ans. Malgré une réduction de sa dette à 58 millions d'euros (78 millions$ CAN), Pininfarina continue de perdre de l'argent: 34 millions d'euros (46 millions$ CAN) pour les trois premiers trimestres de cette année, rapportait récemment Automotive News. Pininfarina cherche à ouvrir son capital à des investisseurs qui deviendraient alors majoritaires.

En mettant la main sur cette entreprise dont on ne compte plus les véhicules - emblématiques - qu'elle a dessinés ou produits, Magna ajouterait une solide corde à son arc. L'expertise de Pininfarina est reconnue à l'échelle internationale. Sans parler de certaines de ses installations que ne possède pas Magna. Le Canadien aurait beaucoup à apprendre de Pininfarina en matière de design, fait remarquer Yan Cimon, professeur au Département de management de l'Université Laval.

Pour ce spécialiste de l'industrie automobile, ce mariage pourrait être «très intéressant». «Magna a essayé de passer du statut d'équipementier à celui d'assembleur, cela n'a pas fonctionné, commente-t-il. La stratégie est donc de miser sur ses forces et ses capacités. Il y aurait là la petite touche magique italienne que Magna n'a pas. Il y a une belle complémentarité.» On aurait tendance à l'oublier, les deux entreprises font presque la même chose aujourd'hui. Magna, ce ne sont pas seulement des pièces automobiles.

Le Canadien ne serait cependant pas le seul à être sur les rangs. Selon la presse italienne, on prête les mêmes intentions à des constructeurs automobiles et à d'autres entreprises privées. Rien d'étonnant à cela. Volkswagen AG possède, depuis le mois de mai, 90% d'Italdesign, numéro 1 italien dans le domaine et concurrent direct de Pininfarina. Magna ne peut offrir les mêmes perspectives d'affaires qu'un constructeur automobile. Une faiblesse?

«Magna va savoir gérer un actif beaucoup mieux qu'un constructeur ne saurait le faire, objecte Yan Cimon. Tous les constructeurs ne sont pas à l'aise pour gérer des activités de design de très haut vol. Si un constructeur est intéressé par Pininfarina, ce sera probablement un constructeur de voitures de niche ou un constructeur qui a une marque de niche à dépoussiérer.»

On aura la réponse d'ici un mois.