La somnolence au volant tue. Elle est l'une des trois principales causes d'accidents sur les routes du Québec. La responsabilisation des conducteurs est la seule parade. La technologie n'est pas la panacée.

Selon la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ), la somnolence - ou la fatigue - au volant est en cause dans 22,3% des accidents mortels et dans plus de 20% des accidents avec blessures corporelles.

Si tous les conducteurs sont potentiellement sujets à cette fatigue, les chauffeurs de poids lourds, les travailleurs affectés à des horaires irréguliers, les jeunes de moins de 30 ans et les personnes souffrant d'un trouble du sommeil sont les plus à même d'y être exposé.

La somnolence au volant est inévitablement liée à notre hygiène de vie. On distingue deux moments dans la journée durant lesquels notre vigilance baisse: en début d'après-midi, entre 13h et 15h, et la nuit, entre minuit et 6h avec un creux entre 3h et 4h du matin. Plusieurs études ont démontré que la période d'éveil favorise également la somnolence. «Après 17 heures d'éveil, notre performance physique et mentale décroît rapidement», explique Paul Gobeil. Cet expert en sécurité routière à la SAAQ, spécialiste de la fatigue au volant, cite, comme autres facteurs aggravants la somnolence, la difficulté à obtenir sept heures de sommeil, la consommation d'alcool et de médicaments ainsi que les troubles ou maladies du sommeil. Autant de facteurs qui peuvent être associés et formés un cocktail explosif.

Les signes de fatigue au volant sont multiples. Habituellement, cela commence par des bâillements répétés, puis par un ou des changements de voie intempestifs, une certaine difficulté à maintenir une vitesse constante, ou encore une sensation d'inconfort. Une personne fatiguée au volant a de la difficulté à se concentrer et peut, ultimement, ne pas se rappeler des derniers kilomètres parcourus.

La techno, une béquille?



Il n'existe pas de solutions miracles à cette somnolence si ce n'est une responsabilisation des conducteurs. «Arrêtez-vous le plus tôt possible pour vous reposer. Quinze minutes de sieste permet de récupérer une vigilance de 2h30 environ», conseille Paul Gobeil.

On pourrait penser que la technologie serait fort utile pour contrer ce phénomène. Les systèmes d'assistance à la conduite n'ont jamais été aussi nombreux à bord des voitures et des camions, la plupart mettant l'accent sur la sécurité. Les systèmes de détection de la somnolence existent depuis quelques années et sont offerts par quelques marques automobiles de luxe, mais en option le plus souvent.

Le Groupe Robert expérimente ce genre de système sur certains de ses camions. Vice-président marketing et relations publiques du Groupe Robert, Jean-Robert Lessard soutient que c'est efficace. «On espère que cela va faire partie intégrante du camion à l'avenir», dit-il. Le principe est simple. Le clignotement des yeux, observé et analysé par caméra, signale un état de somnolence. Le chauffeur est averti une première fois. S'il persiste à piquer du nez, le régime du moteur baisse forçant l'arrêt du véhicule en dernier lieu.

Paul Gobeil ne milite pas ardemment pour ce genre d'équipement: «Toute cette technologie ne donne pas de saines habitudes de vie et de sommeil. Il faut faire de l'éducation, se prendre en charge. La technologie, oui, mais l'un ne va pas sans l'autre. Il ne faut pas déresponsabiliser le conducteur.»