«Puisque la vitesse de pointe n'est plus aussi importante, l'augmentation de la puissance ne constituera donc plus, pour nous, une priorité future, d'autant plus que les émissions de C02 jouent un rôle, même pour les voitures d'exception.» L'homme qui tient ces propos se nomme Stephan Winkelmann et il dirige les destinées de Lamborghini.

Mais que les aficionados de la marque italienne se rassurent: pas question de remettre en cause la puissance des bolides de Sant'Agatha pour autant. La solution toute simple, selon le maître des lieux, consiste bêtement «à réduire le poids». Ce faisant, Winkelmann applique à la lettre le leitmotiv de l'ingénieur et fondateur de la marque Lotus, Colin Chapman: «Light is right (ce qui est léger est bien).» Donc, pas de Lamborghini à motorisation hybride, diesel (NDLR: cela a déjà été évoqué) ou entièrement électrique à l'horizon. Que des moteurs à essence. Et des gros. Pourtant, la marque aujourd'hui placée sous la férule d'Audi s'estime en mesure de réduire substantiellement ses rejets de CO2 d'ici 2015. Air connu! Chez Ferrari, Aston Martin, Bentley et Rolls-Royce, on fredonne le même. Tous veulent se comporter en bon citoyen, mais tous tardent à avancer une roue.

S'il est vrai que toutes les marques sont aujourd'hui concernées par la diminution des rejets de gaz à effet de serre, aucune au sein de l'élite n'envisage encore de lancer des modèles verts. Elles comptent seulement rendre leurs moteurs moins voraces en carburant. Et, si les normes environnementales venaient qu'à se durcir encore davantage, faire appel à des technologies parfois toutes simples (récupération de l'énergie au freinage, arrêt automatique à l'arrêt, direction à assistance électrique, etc.), mais encore trop peu répandues dans ce créneau.

Plus que les mesures elles-mêmes, ces constructeurs d'exotiques craignent par-dessus tout que leurs clients soient montrés du doigt par l'opinion publique. Après tout, qui a besoin d'une voiture capable de filer à plus de 300 km/h?

Lotus est prêt

À Paris, aucune de ces marques ne semblait trop s'inquiéter des pressions environnementales. Il faut dire que chacune d'entre elles avait - lors de la journée réservée aux médias, à tout le moins - retiré l'étiquette énergie/CO2, laquelle indique la consommation de carburant et les émissions de dioxyde de carbone des voitures. Celle-ci est obligatoire en France, mais visiblement le règlement n'est pas toujours respecté.

Pas d'annonce non plus de solutions vertes appelées à être commercialisées «très prochainement». Exception faite de Lotus qui a confirmé au Mondial son intention d'offrir à sa clientèle une version hybride de chacun de ses modèles. Un exploit? Non, le groupe britannique compte plutôt sur la technologie hybride qu'a conçue Toyota. Le constructeur japonais motorise déjà les Élise et Evora, les deux produits de la marque.

«Jusqu'à tout récemment, explique Steve Doyle, responsable de l'intégration de la technologie hybride de Lotus, nous nous limitions à acheter des moteurs à Toyota, puis à revoir les échappements et la gestion électronique pour les adapter à nos exigences spécifiques. Aujourd'hui, nous prenons une part beaucoup plus active dans la mise au point, y compris dans celle de l'hybride. Cela devrait nous donner une longueur d'avance sur nos concurrents.»