Popularisée par les constructeurs automobiles français, la carrosserie à hayon n'a toujours pas bonne presse aux États-Unis. Beaucoup d'Américains restent convaincus qu'il s'agit d'un style adapté aux voitures bon marché.

Pourtant, le très américain Chevrolet a dévoilé la semaine dernière, au Mondial de l'auto de Paris, une version 5 portes de sa populaire compacte Cruze. Un dérivé que la marque au noeud papillon n'envisage pas d'offrir à ses concitoyens de sitôt. «En dépit de son évidente fonctionnalité, cette carrosserie traîne une mauvaise réputation au sein des consommateurs», estime Michael P. Simcoe, directeur du design de General Motors.

Selon lui, cette perception n'est pas prête de changer, et ce, même si Porsche, Aston Martin, BMW et Audi habillent certaines de leurs créations de pareilles carrosseries. «Cela n'y changera rien. Les consommateurs n'aiment tout simplement pas.» Et chez GM, on sait de quoi on parle. L'ex-numéro un mondial de l'automobile a tenté à plusieurs reprises d'imposer ce type de carrosserie aux consommateurs, sans connaître de réussite. Sa dernière expérience remonte à la Malibu Maxx dont la carrière n'a duré que trois ans. «Était-ce parce qu'elle n'était pas jolie ou simplement parce qu'elle avait un hayon?» s'interroge encore notre interlocuteur.

Avec ou sans, une voiture laide ne se vend pas. Alors, que reproche-t-on au juste à la carrosserie unanimement reconnue pour sa polyvalence, et ce, des deux côtés de l'Atlantique? D'être plus bruyante en raison de l'absence d'une cloison entre la banquette arrière et le coffre. Plus lourde et moins rigide aussi. Toutes ces récriminations étaient en partie justifiées à l'époque: l'industrie se limitait trop souvent à tailler bêtement une ouverture arrière sur ses berlines et ses coupés.

Chose certaine, en Europe, la carrosserie à hayon est perçue comme étant plus sportive et plus dynamique qu'une berline et tout aussi fonctionnelle qu'une familiale, un autre style de carrosserie qui traîne une image négative en Amérique du Nord. Et aussi américain soit-il, Chevrolet doit s'y adapter pour satisfaire aux demandes de ses clients européens qui, dans une proportion de 60%, préféreront soulever un hayon plutôt que le couvercle d'un coffre classique. Et la dérive vers ce type de carrosserie est une tendance lourde depuis longtemps chez les consommateurs européens qui préfèrent équiper leur véhicule d'un nombre impair de portes.

Soucieux de reconquérir ses clients, Saab compte réintégrer cette carrosserie à son catalogue. «La carrosserie à hayon a toujours représenté l'une des caractéristiques uniques de nos produits et elle est très appréciée de nos clients, même en Amérique», soutient Jason Castriota, nouveau responsable du design du constructeur scandinave. «Je ne peux rien vous révéler encore, mais sachez qu'une carrosserie à hayon figure en bonne place sur ma table à dessin. C'est tout ce que je peux vous dire.» C'est déjà beaucoup.