On n'a sans doute jamais autant retiré de véhicules de la circulation, sur une aussi courte période, que ces 18 derniers mois au Québec. Malgré les derniers (bons) chiffres du programme provincial de mise à la ferraille, les vieilles voitures polluantes sont encore nombreuses sur les routes.

On a beau se féliciter d'avoir vu 26 000 véhicules prendre le chemin de la casse depuis la mise en place du programme Faites de l'air - Adieu Bazou, fin mars 2009, il n'en reste pas moins que plus de 510 000 véhicules légers âgés de plus de 15 ans circulent encore au Québec. Soit autant de sources de pollution atmosphérique et organique. La Société d'assurance automobile du Québec estime que pas plus tard qu'en mai dernier ceux-ci représentaient 12% du parc automobile provincial. La Montérégie est la région qui compte la plus grande proportion de vieux véhicules sur son territoire, soit 12% (97 000 sont âgés de plus de 15 ans), suivi de Montréal (10%, pour 72 000 véhicules).

Derrière ces chiffres, se profile un enjeu de santé publique. Selon Environnement Canada, les véhicules datant de 1995 ou antérieur à cette date produisent 19 fois plus de pollution atmosphérique que ceux fabriqués depuis 2004. À kilométrage égal, le retrait des 26 000 véhicules âgés de 15 ans et plus équivaudrait à ôter des routes 500 000 modèles construits depuis 2004. C'est dire l'état des vieux véhicules et la progression de l'industrie automobile en matière d'émissions polluantes.

Le programme chapeauté par l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) a permis de réduire de 7815 tonnes les émissions de dioxyde de carbone, et de récupérer près de 18 000 tonnes de métaux et 520 000 litres de liquides (essence, huiles, etc.).

Le retrait de ces véhicules est, entre autres, encouragé par l'octroi de 15 mois de transport en commun gratuit ou d'une remise en argent.

Le bilan, provisoire, pourrait être nettement meilleur si le Québec ne faisait pas encore partie des rares provinces et États en Amérique du Nord qui ne soient pas dotés de programme d'inspection et d'entretien obligatoire des véhicules. Une telle mesure permet d'épingler et de retirer les fautifs des routes, ou de corriger le tir, le cas échéant. Selon une évaluation sommaire de l'AQLPA, près de 20% des automobiles âgées de sept ans et plus polluent trop.