Au début des années 80, on dénombrait 55 cinéparcs dans la province. Aujourd'hui ils ne sont plus qu'une quinzaine, soit sensiblement le même nombre toujours en activité dans le Missouri ou dans le Kentucky, preuve que le déclin de cette activité saisonnière ne touche pas seulement le Québec. Comme le rapporte l'Association des propriétaires de cinéparcs des États-Unis, où 371 drive-ins demeurent en activité, alors qu'il y en avait plus de 4000 dans les années 50.

Plusieurs facteurs expliquent pourquoi tant de propriétaires ont fermé leurs écrans géants, et pas seulement pour l'hiver. «La principale est, de loin, qu'il est parfois plus rentable pour le propriétaire de vendre le terrain que de poursuivre ses activités», souligne Marcel Venne, directeur général de l'Association des propriétaires de cinémas et cinéparcs du Québec.

«Ce qui était autrefois un champ au beau milieu de nulle part se trouve aujourd'hui en bordure, sinon englué dans les agglomérations urbaines en raison de l'expansion des villes.»

Jennifer Sherer Janisch, présidente et chef de la direction de l'Association des propriétaires des cinéparcs des États-Unis, est du même avis, mais considère également que le marché de la location de films et la télévision payante contribuent au déclin des cinéparcs. Il y a la météo aussi. Trop chaud, on étouffe. Trop de pluie, on ne voit rien.

Tout en reconnaissant que «cette activité est moins populaire», M. Venne estime qu'elle reste «une sortie estivale financièrement accessible et très prisée de nombreuses familles québécoises». Outre le coût d'entrée très raisonnable (à la barrière, comme en concessions), les cinéphiles ont droit à deux longs métrages. «Et pour les familles, pas de frais de gardiennage.»

Débuts difficiles

Activité familiale, le cinéparc n'a pas toujours été perçu comme tel. Né aux États-Unis dans les années 30, le concept du cinéparc a mis du temps à s'implanter au Québec. Pressé, on le devine, par l'Église, le gouvernement de Maurice Duplessis s'est farouchement opposé à son implantation, sous prétexte que ce lieu était propice à «jouer aux fesses», pour reprendre une expression populaire de l'époque.

Pour s'assurer, sans doute, de ne pas mettre «des idées dans la tête» des cinéphiles, les cinéparcs au Québec ne peuvent, encore aujourd'hui, projeter des films pornographiques. Ce qui n'a pas toujours été le cas aux États-Unis, où des films comme Deep Throat ou Emmanuelle se sont retrouvés à l'affiche.

Autres temps, autres moeurs.