John Elkann, le petit-fils du patron légendaire de Fiat, l'«Avvocato» Gianni Agnelli, va prendre la présidence du groupe automobile italien en pleine mutation depuis son alliance avec l'américain Chrysler.

À seulement 34 ans, M. Elkann, vice-président de Fiat depuis 2004, succédera à Luca Cordero di Montezemolo, qui occupait ce poste depuis 2004 et qui restera membre du conseil d'administration de Fiat et président du constructeur de voitures de luxe Ferrari, filiale du groupe.

 

La nomination de M. Elkann sera officialisée mercredi au cours du conseil d'administration de Fiat qui adoptera par ailleurs le plan industriel du groupe pour la période 2010-2014. Ce plan est très attendu par le marché car il révèlera les bénéfices que le groupe compte tirer de son alliance avec l'américain Chrysler.

 

«Demain est une journée importante pour Fiat et pour moi. Je suis très fier, je suis heureux et reconnaissant envers toutes les personnes qui m'ont aidé et soutenu et je suis reconnaissant envers ma famille pour sa confiance», a déclaré mardi M. Elkann, au cours d'une conférence de presse au siège du groupe à Turin.

 

«Aujourd'hui, je pense à mon grand-père et à combien j'aurais aimé qu'il soit là lui aussi avec nous», a-t-il dit, en hommage à Gianni Agnelli.

 

Préparé depuis son plus jeune âge par l'«Avvocato» à diriger un jour cette entreprise phare qui emploie 80 000 personnes en Italie, John Elkann avait pris les rênes de l'empire Agnelli en 2008, en devenant président de la holding familiale Ifil, désormais rebaptisée Exor.

 

La famille Agnelli, qui a fondé Fiat, est l'actionnaire de contrôle, avec une part d'un peu plus de 30%. Le dernier Agnelli à avoir présidé Fiat a été Umberto Agnelli, le frère de Gianni, de 2003 à sa mort en 2004.

 

Luca Cordero di Montezemolo, dont la démission n'était pas attendue, a estimé que son «rôle de passeur» était «arrivé à sa fin». «Aujourd'hui, Fiat est une entreprise saine et compétitive», a-t-il souligné.

 

Arrivé à la présidence de Fiat un an après la mort de l'«Avvocato» et alors que le groupe était au bord du gouffre, il a guidé un groupe qui a réussi un redressement spectaculaire sous la houlette d'un directeur général atypique, Sergio Marchionne, et a changé de dimension en prenant le contrôle opérationnel du constructeur américain Chrysler en juin 2009.

 

Ce passage de témoin pourrait justement signifier l'arrivée d'un autre grand changement pour le groupe: un «spin off» des activités automobiles, c'est-à-dire leur séparation du reste du groupe afin de les introduire en Bourse, observe Giuseppe Berta, professeur à l'université milanaise Bocconi et spécialiste de Fiat.

 

«Fiat pourrait annoncer un changement dans sa structure et John Elkann, en tant que chef de la famille Agnelli, doit montrer que la famille est impliquée dans cette opération», souligne l'universitaire.

 

M. Montezemolo a assuré que sa démission n'avait aucun rapport avec un éventuel «spin-off». Le sujet sera abordé mercredi, selon Sergio Marchionne, qui s'est refusé à donner des détails.

 

À la Bourse de Milan, l'arrivée de John Elkann et les perspectives de «spin off», ont entraîné une envolée du titre Fiat, qui a clôturé sur un bond de 9,28% à 10,42 euros.

 

Alors que les salariés craignent un désengagement du groupe d'Italie, le ministre du Développement économique, Claudio Scajola, s'est dit «certain» que John Elkann ferait en sorte que le centre de gravité du groupe reste la Péninsule.