En fin de compte, Toyota a connu un bon mois de mars jusqu'à présent, devant le tribunal de l'opinion publique. Surtout la Prius. Le mois a très mal commencé, mais deux cas d'accélération intempestives d'abord attribués à des Prius, les 8 et 9 mars, se sont révélés être tout sauf des problèmes techniques. Toyota n'a pas réglé tous ses problèmes, mais ces deux fausses alertes ont mis une sourdine à la clameur hystérique qui semblait s'être emparée de certains propriétaires de Toyota.

Un des deux épisodes Prius du psychodrame Toyota semblent maintenant impliquer la conductrice, pas la voiture, a-t-on appris cette semaine.

 

L'accident très médiatisé d'une domestique qui conduisait la Prius 2005 de son patron, le 9 mars, près de New York, n'est plus considéré par la police comme un cas d'accélération intempestive, indiquent les agences de presse Bloomberg et Reuters. Après avoir éliminé dès le premier jour toute possibilité de facultés affaiblies par l'alcool, la police de la petite ville de Harrison vient maintenant de blanchir la Prius et estime que l'accident a été causé par une banale erreur de conduite de l'aide domestique.

 

La bonne qui est mauvaise avec les pédales

 

«La pédale d'accélération était 100% enfoncée au moment de l'impact. Il n'y a absolument aucun signe que les freins aient été activés», a déclaré Tony Marraccini, le chef de la police de Harrison, dans l'État de New York, lors d'une conférence de presse. Au terme de l'enquête, le chef Marraccini estime que la conductrice de 56 ans s'est probablement trompée de pédale : «C'est ce que les faits nous disent», a-t-il dit.

 

L'enquête policière vient confirmer les conclusions préliminaires tirées la semaine dernière par les autorités routières américaines (la National Highway Traffic Safety Administration). Après avoir examiné la voiture, les enquêteurs fédéraux ont indiqué que l'ordinateur de bord montrait que les freins n'avaient pas été activés juste avant l'accident.

 

Cela pourrait enlever un peu de pression à Toyota, qui cuit dans un Presto médiatique depuis qu'elle a dû rappeler 8,5 millions de véhicules pour des problèmes de sécurité majoritairement liés à des accélérations intempestives.

 

Rappelons que la conductrice avait déclaré à la police, le 9 mars, avoir senti l'auto accélérer avant qu'elle percute un mur à 55 km/h. Elle s'est blessée légèrement dans l'accident et c'est son patron, le propriétaire de la Prius endommagée, qui avait parlé aux médias. La bonne utilisait la voiture pour faire des emplettes pour la famille.

La Presse Auto/MonVolant ignore si la bonne se nomme Adèle et il est établi que son patron ne s'appelle pas Monsieur Baxter, même si la famille vit à New York (comme dans la série télévisée des années 60).

L'échangiste en faillite

Par contre, l'autre cas d'accélération intempestive qui s'était passé à San Diégo, en Californie, le 8 mars, est juste un brin moins clair. Toyota a indiqué que ses ingénieurs n'ont trouvé aucune indication de défaillance mécanique ou électronique, après avoir examiné la voiture d'un conducteur de 61 ans qui avait appelé le 911 pour demander de l'aide, se disant au volant d'une Prius emballée et impossible à immobiliser.

La NHTSA a quant à elle rédigé un mémo indiquant que les traces d'usure des freins étaient incompatibles avec la version des faits du conducteur, Jim Sikes.

M. Sikes, tout de suite après l'incident, avait organisé une conférence de presse en face d'un concessionnaire Toyota, demandant publiquement à Toyota une auto neuve. Il avait ensuite essayé de se faire inviter par l'animateur de télé Larry King et diverses autres émissions du genre.Des doutes ont été exprimés sur la crédibilité de M. Sikes, après que Fox News eut révélé que lui-même et son épouse avaient peu de temps auparavant déclaré faillite après des spéculations immobilières catastrophiques. Selon l'antenne de Fox à San Diego, M. Sikes déclare des dettes de 700 000 $, dont 19 000 $ à Toyota USA, pour la Prius 2008 de l'incident. Ses anciens voisins ont dit des choses peu charitables sur lui-même et son épouse.

La crédibilité de M. Sikes n'a pas augmenté non plus quand Fox News a découvert qu'un certain James Sikes, de Carlsbad, en Californie, est le propriétaire exploitant d'un site internet d'échangisme qui fait la promotion d'un «style de vie adulte» impliquant le partage d'épouse, les clubs d'échangisme et les objectifs de l'organisation NASCA.

Mais la Police routière de l'État de la Californie a indiqué il y a quelques jours qu'elle estime toujours que la version de M. Sikes est plausible. Et M. Sikes dit que rien dans son histoire n'est un canular. Durant l'appel 911, qui a duré plus de 20 minutes, M. Sikes n'a pu éteindre le moteur ni le mettre au neutre, atteignant de hautes vitesse sur une autoroute urbaine. Aidé par un policier qui roulait à ses côtés et qui lui parlait grâce au porte-voix de l'autopatrouille, il a finalement fait ralentir sa Prius. Le patrouilleur l'a fait s'immobiliser en plaçant la voiture de police devant la Prius et en freinant graduellement.

Quoi qu'il en soit, l'amusant site Jalopnik.com estime maintenant que M. Sikes est l'équivalent automobile de Richard Heene, l'auteur du canular impliquant son petit garçon de 6 ans, un ballon gonflé à l'hélium et un appel 911.

Mais revenons sur la Côte Est, où la Toyota de la bonne devrait bientôt se faire réparer dans un atelier de débosselage. Le chef de police de Harrison, Tony Marraccini, a terminé sa conférence de presse en répondant à la question suivante : que pensez-vous de la sécurité de la Toyota Prius? «Très honnêtement, je n'aurais aucune hésitation d'y faire monter ma famille», a-t-il répondu.

Toyota n'en demandait pas tant, mais les bonzes des relations publiques ont sûrement savouré la phrase.

Toyota a encore bien du pain sur la planche avec ses rappels et ses problèmes techniques, mais les deux faux incidents de début du mois ont procuré à Toyota une accalmie dans la tempête médiatique. Ce qui, à son tour, a permis au No 1 mondial de l'auto de faire passer son message dans une atmosphère moins hystérique : peu importe la marque d'auto, «les cas d'accélérations intempestives peuvent s'expliquer par bien des facteurs; et tous ne sont ni soudains, ni prolongés», a dit Toyota par communiqué, réitérant qu'elle «demeure engagée» à faire enquête sur tout incident d'accélération signalé sur ses véhicules, tout en collaborant avec les autorités.

Sources : Automotive News ; Bloomberg News ; TTCA

Photo : Jalopnik.com

Jim Sikes a indiqué ne pas vouloir poursuivre Toyota... mais a engagé un avocat.