Vous souvenez-vous de ces taxis, à l'aéroport Dorval, dans les années 80, dont la moitié de la malle arrière était occupée par de grosses bonbonnes? C'était des voitures au gaz naturel et leur nombre au Canada a dépassé 20 000 à cette époque.

Aujourd'hui, il n'en reste que 9500, surtout dans le sud de l'Ontario et dans l'Ouest. Elles sont une espèce menacée.

 

Le gaz naturel automobile a connu un faux départ au Canada au début des années 80. Après les chocs pétroliers, Ottawa avait offert des crédits d'impôt à la conversion au gaz naturel des voitures et des camions ordinaires. Mais les priorités ont changé.

Aujourd'hui, même les lobbyistes de l'industrie du gaz naturel à Ottawa ont fait une croix sur l'auto GN pour le moment. Alicia Milner, présidente de l'Alliance canadienne pour les véhicules au gaz naturel, pense encore que la voiture GN a d'énormes avantages, mais elle constate qu'il faut commencer par le commencement. Convertir les camions de classe 8 (les camions-remorques de 18 roues) serait déjà une réalisation importante, dit-elle. «Les camions représentent 4% du parc automobile canadien, mais un tiers des émissions de CO2», précise-t-elle. Or, un camion-remorque qui brûle du gaz naturel pollue 25% moins que le même modèle au diesel. Et le coût au kilomètre baisse.

Il y a déjà 150 autobus municipaux et moins de 2000 camions légers fonctionnant au gaz au Canada.

L'obstacle aux voitures au gaz naturel est la construction d'un réseau de stations-service, qui serait cher.

L'investissement est beaucoup plus ciblé et rentable si on possède un parc de camions-remorques sur unaxe de grande affluence. Gaz Métro veut d'ailleurs participer à la création d'un axe du gaz naturel pour les camions de 18 roues qui empruntent le couloir Québec-Windsor.

Mme Milner donne en exemple Transports Robert, qui a des installations à Boucherville. «Ils planifient essayer le gaz naturel sur l'axe Boucherville-Québec, pour commencer. S'ils sont satisfaits, ils envisagent d'acquérir jusqu'à 50 camions d'ici peu.»

Et les voitures? «C'est un défi beaucoup plus grand», dit Mme Milner, qui met son énergie à convaincre le gouvernement fédéral de se lancer dans un projet pancanadien destiné aux camions. L'auto n'est même pas encore sur l'écran radar.