Un conducteur, au volant d'une Toyota Prius, s'est dit victime d'une accélération incontrôlable de son véhicule sur une autoroute californienne très encombrée lundi, a relaté la police qui a réussi à arrêter la voiture.

James Sikes, 61 ans, conduisait sur l'autoroute 8 à la sortie de San Diego lorsqu'il s'est rendu compte que sa voiture accélérait toute seule, selon la brigade autoroutière de Californie. Le conducteur terrifié n'a pas réussi à arrêter le véhicule qui est monté au-dessus de 145 km/h. Il a néanmoins pu appeler la police qui, au moyen d'un haut-parleur, l'a aidé à réduire sa vitesse en lui recommandant d'utiliser le frein à main et de couper le moteur.

 

Les policiers ont ensuite mis leur voiture devant la Toyota Prius alors que celle-ci décélérait, en coinçant leur pare-chocs arrière contre l'avant de la Prius.

 

Cet incident intervient alors que le géant automobile japonais, qui a dû rappeler près de 9 millions de voitures défectueuses dans le monde, a organisé lundi une démonstration en direct pour défendre son système électronique d'accélération contre les accusations de dysfonctionnement.

 

Avec cette opération effectuée dans son usine située près de Los Angeles et retransmise par internet, Toyota visait à contredire les affirmations d'un professeur de technologie automobile d'une université de l'Illinois, David Gilbert, selon lequel les problèmes d'accélération soudaine qui ont affecté des voitures Toyota et Lexus sont dus à des défauts structurels dans leur système électronique.

 

M. Gilbert avait présenté les conclusions de ses tests devant une commission parlementaire le 23 février. Mais Mike Michaels, porte-parole du constructeur japonais, a fait valoir que le professeur Gilbert avait «manipulé», «changé les circuits» et «reprogrammé» le système électronique des véhicules testés d'une façon «qui ne peut survenir dans le monde réel».

 

«On ne peut pas modifier les branchements d'un circuit et s'attendre à ce qu'il se conduise comme il a été conçu pour le faire», a renchéri Chris Gerdes, professeur d'ingénierie mécanique à l'Université de Stanford, qui participait à la démonstration de Toyota en tant qu'expert «indépendant».

 

M. Gerdes a dit craindre que ces «mauvaises interprétations» des tests du professeur Gilbert «attisent les craintes du public et déclenchent des politiques publiques».

 

L'équipe de Toyota a également qualifié de «trompeuse» une vidéo de la chaîne de télévision ABC mettant en scène une accélération involontaire produite sur une Toyota par le professeur Gilbert. Le constructeur japonais a affirmé que les images d'accélération soudaine avaient été filmées «à l'arrêt» et non avec un journaliste au volant, comme semblait le suggérer la vidéo.

 

Les experts du cabinet Exponent, auquel Toyota a fait appel pour évaluer et tester la fiabilité de ses systèmes électroniques, ont par ailleurs reproduit en direct les accélérations soudaines du test de M. Gilbert en faisant les mêmes branchements que lui.

 

Ils ont fait de même sur une sélection de véhicules de concurrents américains, européens et japonais, avec les mêmes résultats que sur la Toyota.

 

Pour Bill Visnic, analyste du site spécialisé Edmunds.com, Toyota a réussi à «contredire de manière convaincante» les affirmations du professeur Gilbert mettant en cause des problèmes structurels de ses systèmes électroniques, mais n'a pas dissipé les doutes portant sur la programmation de ces systèmes.

 

Toyota a rappelé quelque 8,7 millions de voitures dans le monde depuis l'automne (dont 6 millions aux Etats-Unis), principalement pour des problèmes d'accélération involontaire attribués à une pédale d'accélération ou des tapis de sol se bloquant, mais aussi en raison de dysfonctionnements des freins sur plusieurs modèles hybrides.

 

M. Michaels a admis que «certains véhicules ont connu des problèmes après que les réparations» prévues dans le cadre du rappel aient été effectuées. «Dans certains cas cela était dû au fait que ces réparations n'ont pas été faites complètement», a-t-il affirmé.

 

L'agence de sécurité routière américaine a indiqué vendredi avoir reçu 60 plaintes de conducteurs relatant des accélérations involontaires sur des véhicules ayant déjà été réparés par Toyota.

Photo AP

La firme de recherche Exponent, mandatée par Toyota pour évaluer ses systèmes électroniques, a reproduit sur une BMW les accélérations soudaines observées sur une Toyota lors d'un test précédent effectué par un professeur de l'Université Southern Illinois. Ils ont fait de même sur une sélection de véhicules de concurrents américains, européens et japonais, avec les mêmes résultats que sur la Toyota.