À part ces équipements, la Gold Wing reste totalement inchangée. Il s’agit donc de la même excellente monture de tourisme qu’on connaît depuis 2001, avec ses qualités et ses défauts. L’arrivée d’un système de navigation, d’une chaîne stéréo et d’éléments chauffants n’en transforme pas vraiment la conduite, mais elle est nettement plus plaisante. Quelques CD d’Electronica et quelques vaches intriguées plus tard, j’en témoigne...

Bertrand Gahel est l’auteur du Guide de la Moto.

L’une des améliorations au modèle 2006 qui m’ont le plus impressionné concerne la chaîne stéréo. Sans prétendre être un audiophile, j’aime profondément la musique, surtout quand elle est bien reproduite. À la maison ou dans l’auto, cela n’a jamais été un problème; mais je n’avais jamais, jusque-là, vécu l’expérience d’une balade à moto accompagnée de musique de qualité. La clé d’une bonne sono, dans l’environnement bien peu hospitalier d’une moto en route, semble être une démultiplication du nombre de haut-parleurs et une nette augmentation de la puissance de l’amplificateur, deux caractéristiques dont bénéficie la chaîne stéréo de la Gold Wing 2006. Elle comprend en plus un changeur de CD à six compartiments logé dans la valise supérieure, tandis qu’une prise est prévue pour le branchement d’un lecteur de fichiers MP3.

Longtemps critiquée pour ne pas offrir de sièges chauffants alors que sa concurrente directe, la BMW K1200LT, en proposait, la Gold Wing a fini par céder cette année puisqu’elle est livrée de série avec des éléments chauffants situés sous les sièges avant et arrière ainsi que dans le dossier du passager. Combinés aux nouvelles poignées chauffantes de série, ces équipements élèvent réellement le niveau de confort par temps froid. Il n’y a plus aucun problème, par exemple, à rouler par une température d’une dizaine de degrés Celsius, et même moins, ce qui permet d’étirer la saison de moto.

Bien qu’elle ne soit pas disponible immédiatement, la plus spectaculaire innovation de la nouvelle Gold Wing concerne l’arrivée d’un coussin gonflable, une autre première sur une moto. La complexité de son adaptation de quatre à deux roues a demandé pas moins d’une quinzaine d’années d’études à Honda, qui continue à faire de la sécurité à moto son cheval de bataille.

À 160 à l’heure, la Gold Wing et moi filons le parfait bonheur. Blotti dans un siège qui tient davantage du fauteuil, presque aussi bien protégé du vent que dans une bagnole, toute la puissance du seul 6 cylindres de l’industrie au bout de mes doigts, j’ai complètement oublié la notion de limite de vitesse. Dans ce coin reculé du Québec, les bovins sont les seuls témoins de mon plaisir, leurs pâturages mon univers. L’air du printemps est aussi frais que dense, la vie est belle.

Mon calendrier d’essais me permet rarement de me rasseoir sur une monture déjà testée. C’est le cas de la Honda Gold Wing, lancée en 2001. Cependant, le modèle a légèrement changé en 2006. Aucun changement mécanique ne lui a été apporté, mais un ajout substantiel d’équipement, cette année, transforme l’expérience du tourisme à moto, selon Honda.

Le motocycliste moyen reconnaîtra surtout la Gold Wing 2006 à sa partie arrière légèrement redessinée. L’oeil averti, lui, notera une considérable évolution de ce qui est aujourd’hui devenu un véritable cockpit. Le regard tombe immédiatement sur un nouveau panneau d’instrumentation inspiré de l’automobile et souligné d’un large écran couleur. Dérivé de celui de la Honda Accord, il comprend un système de navigation (une première en équipement de série sur une moto, soit dit en passant) issu du même véhicule, en plus de servir d’écran d’affichage pour tout ce qui a trait à la stéréo et au système de communication. Un petit cours est nécessaire afin d’arriver à tirer tout le potentiel du système de navigation, mais on y arrive sans trop de tracas. J’ai eu l’occasion d’en faire bon usage alors que je m’étais quelque peu égaré dans le Nevada, un peu plus tôt cette année. Je n’ai eu qu’à entrer l’adresse de mon hôtel, puis laisser la gentille voix du système me conduire à bon port.