Il faut aussi penser à l’effet qu’aurait la diminution du nombre de contraventions sur le budget des gouvernements. Selon M. Varhelyi, le nombre d’infractions serait au mieux stable, et pourrait diminuer des deux tiers. Présentement, le gouvernement du Québec récolte chaque année pour plus de 60 millions en contraventions pour excès de vitesse, en excluant les frais administratifs, selon un rapport de la SAAQ.

La Suède est en avance dans l’implantation de ce système, mais des discussions ont lieu au niveau européen. «Le principal problème, c’est que les fabricants ne sont pas convaincus de la fiabilité du système, ditM. Varhelyi. Ils ont peur des poursuites qui pourraient surgir, par exemple, si les cartes ne sont pas mises à jour fréquemment. Je pense qu’avec une carte sur cédérom, avec des mises à jour régulières par Internet ou par télécommunications, les problèmes seraient limités.»

Le coût d’un tel système serait modeste, selon M. Varhelyi. Il serait maintenant de 2000 euros (2800 $) par voiture, mais pourrait baisser à 400 euros (560$) s’il était installé à l’usine.

«Les automobilistes ont davantage de temps pour réagir et éviter les accidents, dit M. Varhelyi. Et quand il y en a, ils sont moins graves parce que la vitesse est moins élevée. La distance entre les voitures augmente aussi significativement. Sans le régulateur, elle équivaut à 1,5 seconde; avec le régulateur, elle est de deux secondes.»

Autre avantage: la proportion d’automobilistes qui laissent passer les piétons augmente du quart, passant de 54 à 68%. «C’est principalement parce que les piétons ont plus confiance en eux, dit M. Varhelyi. Ils ont moins peur des voitures parce qu’elles vont moins vite.»

Un tel régulateur n’est pas sans défauts. Par exemple, les automobilistes adaptent légèrement moins bien leur vitesse aux obstacles: le taux d’adaptation passe de 93 à 91%, même si les freinages brusques sont moins fréquents.

Depuis quelques années, la Suède dresse la cartographie informatique des limites de vitesse sur ses routes. L’objectif est d’équiper les voitures de régulateurs de vitesse qui dissuaderaient les automobilistes de rouler trop vite.

«Un tel régulateur augmenterait la résistance de la pédale d’accélération une fois la limite atteinte, explique Andras Varhelyi, ingénieur de l’Université de Lund qui a publié une étude sur le sujet en 2004, dans la revue Transportation Research. Il serait toujours possible d’aller plus vite, mais il faudrait vraiment appuyer fort. Les gains de sécurité routière seraient immenses.»

M. Varhelyi a testé le système sur des routes ordinaires avec une trentaine de conducteurs. La vitesse a diminué de 2 à 10%, selon le type de route. Par exemple, avec une limite de 30 km/h, elle est passée de 29 à 27 km/h, alors qu’avec une limite de 70 km/h, elle est passée de 76 à 71 km/h. L’ingénieur suédois estime que grâce au nouveau dispositif, le taux d’accidents mortels diminuerait de 10 à 32%.