La MT4 est suivie de plusieurs coupés et cabriolets animés de petits moteurs à deux arbres à cames en tête (2 ACT), le plus renommé étant le 4 cylindres de 750 cc qui compte des succès aux Mille Miglia, une course de 1000 milles (1600 km) sur route, et aux 24 Heures du Mans. En 1954, une Osca à moteur 1,5 litre remporte les 12 Heures de Sebring, témoignant une fois de plus de la mæstria mécanique des frères Maserati. Ces succès poussent Fiat à leur commander des culasses spéciales à 2 ACT visant à améliorer les performances des moteurs 1,5 et 1,6 litre montés dans les Fiat 1500 et 1600 Spider de 1960.

En 1963, les frères Maserati, à présent de vénérables vieillards, prennent une retraite bien méritée et cèdent leur entreprise au constructeur de motos MV Agusta. Étant donné leur fabrication artisanale, les Osca ne sont pas monnaie courante sur les routes du monde. Pour les voir, il faut assister à des expositions de voitures italiennes ou à des courses de voitures historiques. C’est là que j’ai fait la connaissance d’une ravissante barquette Osca 750 qui appartenait — il l’a récemment vendue — à Oliver Collins, de Toronto. Dernière des 18 Osca 750 construites par les frères Maserati et portant le numéro de châssis 769, cette voiture a été conçue expressément pour les compétitions internationales comptant des catégories réservées aux petites cylindrées. Équipée du merveilleux 4 cylindres de 750 cc à 2 ACT et culasse hémisphérique, alimenté par deux carburateurs double-corps Weber, l’Osca est montée sur un châssis tubulaire et habillée d’une carrosserie en aluminium Super Leggera réalisée à la main par les ateliers Morelli de Ferrara. Malgré une cylindrée de «3/4 de litre», la petite Osca ne s’en laisse pas imposer sur circuit, car elle ne pèse que… 430 kg. Produisant 75 chevaux, ce bijou de moteur datant de 1959 autorise un rapport poids/puissance de 5,7 kg/ch., soit bien mieux qu’une Mustang V6 de 4 litres 2006 (7,6 kg/ch.) ou une Golf GTI (7,2 kg/ch)! Malgré sa faible cylindrée et tournant à un régime maxi de 7700 tr/mn, il piccolo motore est un exemple de durabilité et de fiabilité. En effet, l’Osca no 769 présente un pedigree enviable: 15 fois première, 30 fois deuxième et 6 fois troisième en 58 courses entre 1960 et 1964, avec seulement trois abandons. Notons aussi qu’elle s’est classée première à l’indice de performance aux 12 Heures de Sebring 1960 et première en catégorie. Rendez-vous donc cet été aux courses de voitures historiques à la recherche des Osca, à commencer par le Sommet des Légendes 2006 (9 au 11 juin, au Circuit Mont-Tremblant, www.lecircuit.com)

Dans notre prochaine chronique: le concours d’élégance

Si vous regardez de près l’emblème circulaire d’une Osca, vous y verrez les mots Fratelli Maserati, Bologna. Les frères Maserati, Alfieri, Bindo, Ettore et Ernesto, qui avaient fondé en 1914, à Bologne, la célèbre marque italienne, longtemps concurrente de «l’autre rouge». Aujourd’hui, sous la direction de Ferrari, Maserati fait partie du Groupe Fiat.

Accablés par les difficultés financières provoquées par le coût de la course automobile, les frères Maserati finissent par vendre l’entreprise au riche industriel Omar Orsi. Celui-ci veille cependant à ce que les frères poursuivent leur collaboration avec l’entreprise pendant 10 ans. En 1947, le contrat avec la famille Orsi étant échu, les frères Maserati se séparent de l’entreprise portant leur nom, déménagent à Modène et fondent la marque OSCA. (Officine Specializzate per la Costruzione di Automobili Fratelli Maserati SA) pour recommencer à construire ce qui les avait déjà acculé à la faillite: des voitures de sport et de course. Comme quoi, pour certains, cette passion ne meurt jamais.

La première réalisation des fratelli est l’Osca MT4, un petit biplace à moteur quatre cylindres de 1 092 cc produisant 72 chevaux. Construite à 80 unités entre 1948 et 1959, cette petite voiture est vendue sous diverses carrosseries en fonction de l’utilisation prévue, l’une d’elles qui ressemble à une monoplace de course à roues découvertes, mais dotée de deux phares encastrés dans la calandre et de pare-boue couvrant les roues minces à rayons. Un minuscule pare-brise en demi-lune «protège» les deux occupants du vent, deux occupants qui se doivent d’être d’un format aussi mini que cette voiture aux allures de jouet.