Les prix élevés de l'essence, il va falloir s'y faire. L'époque des tarifs raisonnables tire à sa fin. Qui peut nous aider?

Les prix élevés de l'essence, il va falloir s'y faire. L'époque des tarifs raisonnables tire à sa fin. Qui peut nous aider?

Bizarrement, quand il s'agit d'automobile, le réservoir d'idées nouvelles de nos élus se trouve toujours à sec. Quand la station-service du coin annonce un fatidique 1,15 le litre, nos gouvernements entonnent sans complexe le même refrain: l'essence est trop chère... Roulez moins. On en rirait s'il n'y avait pas des millions d'automobilistes concernés. Car le Québec n'habite pas qu'à Montréal, où métro et autobus sont des solutions de rechange. Banlieues, petites villes et campagnes ont besoin, elles, pour vivre et travailler, de l'incontournable voiture.

Au cours des semaines et des mois qui vont venir, le prix à la pompe risque de nous donner le tournis. Sans doute autant que l'an dernier. Peut-être même plus.

Soyez assurés que les pétrolières trouveront bien le moyen de nous sortir leur baratin habituel. D'ailleurs, elles ont déjà commencé en laissant entendre que leurs infrastructures étaient vieillissantes, que de nouveaux gisements devaient d'être exploités. Cela imposera des investissements lourds, repoussés par le passé (à la faveur les actionnaires?) et qu'elles ne pourront financer avec leurs avoirs actuels, d'où une augmentation du prix à la pompe. C'est sans compter la possibilité d'une catastrophe naturelle, d'une guerre ou je ne sais quoi. Une chose est sûre, c'est nous qui en ferons les frais. Encore. Toujours.

N'attendez pas une quelconque intervention gouvernementale. Aussi bien croire au père Noël. En fait, nos élus privilégieront, c'est sûr, la diversion. D'abord, en montrant du doigt les pétrolières avec des: «Qu'elles baissent leur marge!» Pas faux, mais l'État peut aussi montrer l'exemple. Ensuite en amalgamant baril de pétrole et pollution. Pas faux non plus, mais on a envie de dire: «Avez-vous une solution de rechange?» C'est trop demander.

Ne comptez pas non plus sur les «patenteux» que certains médias risquent de découvrir chaque fois que le prix de l'essence atteindra de nouveaux sommets. Ces «Géo-trouve-tout» profiteront de l'occasion pour nous vanter un économiseur d'essence révolutionnaire. Que ce soit un bout du tuyau, une pastille dans le réservoir ou je ne sais quoi, ces bidules NE FONCTIONNENT PAS.

Il serait tout aussi illusoire de compter sur l'industrie automobile pour nous venir en aide. Toutefois, même si elle n'a aucun pouvoir de faire baisser les prix de l'essence, elle est cependant la seule à réellement se soucier de la consommation de nos véhicules, ce qui nous permet (à la condition pour nous de prendre la bonne décision) de dépenser moins au quotidien.

Depuis quelques années déjà, les constructeurs s'efforcent d'améliorer le rendement énergétique de leurs produits. Un travail, faut-il le reconnaître, rendu possible à force de législations de plus en plus contraignantes, de plus en plus nécessaires. Reste que les performances (dans le sens général du terme) des moteurs d'aujourd'hui sont infiniment supérieures aux mécaniques d'il y a 10 ans. Et il y a l'hybride aussi, mais son prix reste un obstacle. Par chance, il existe d'autres technologies, souvent peu coûteuses (mais encore trop rarement appliquées) pour nous permettre, à nous automobilistes, de tirer le maximum de chaque litre d'essence. Ainsi, le dispositif permettant de désactiver un certain nombre de cylindres représente une solution intéressante, mais hélas celle-ci est réservée, à une exception près(1), qu'aux grosses cylindrées. Et que dire du système Stop and Go (coupure du moteur à l'arrêt) qui, en Amérique du Nord, n'est proposé que sur les véhicules hybrides, ou encore de la transmission à variation continue (type CVT) qui permet, elle aussi, une réduction appréciable de la consommation.

En tant que consommateur, notre champ d'action est restreint. Pourtant (pourquoi ai-je l'impression que je vais vous faire sourire?), nous pouvons, au quotidien, faire des gestes pour réduire notre dépendance à l'égard du pétrole. Par exemple, en roulant souple. En limitant les départs sur les chapeaux de roues, en ne suivant pas le véhicule qui nous précède de trop près pour éviter de devoir freiner et réaccélérer constamment. En regardant toujours loin devant, pour mieux anticiper. En engageant, avec une transmission manuelle, un rapport supérieur dès que l'aiguille du compte-tours atteint 2000 tours/minute. Respectez les limites de vitesse. Rouler glaces fermées (et n'oubliez pas le toit, le cas échéant) pour favoriser l'aérodynamique et n'utiliser la climatisation qu'avec parcimonie. En retirant les barres de toit (la saison de ski est terminée) et les charges inutiles (jouez-vous au golf tous les jours?). Vérifier régulièrement la pression de pneus, l'état du filtre à air. Ne prenez votre véhicule que lorsque c'est nécessaire. Un peu de marche à pied n'a jamais fait de mal à personne.

Au moment de remplacer son véhicule, se poser la question: est-ce vraiment nécessaire de rouler en utilitaire ou en fourgonnette? Une nouvelle sous-compacte n'offre-t-elle pas autant que les anciennes compactes? En plus d'économiser à l'achat, leur consommation sera moindre.

Morale de cette chronique: on est jamais aussi bien servi que par soi-même!

(1) Le moteur six-cylindres de la plus huppée des Honda Odyssey est doté d'un dispositif de désactivation.