Constructeur : David Greenblatt

DANS LE RÉTROVISEURDE LA DAILU MK 1 1962:

Constructeur : David Greenblatt

Concepteur : Luigi Cassiani

Carrossier : Mike Saggars

Empattement : 218 cm

Poids : 752 kg

Châssis : tubulaire, soudé

Moteur : V8 Chevrolet, 6 litres (364 po3 ), injection, compression 11 à 1, 420 ch. à 6500 tr/min Transmission: manuelle, 4 vitesses (d'origine Corvette)

Freins : disques

Suspensions : indépendantes

Pneus (av./arr.): 6.40 x 15 / 7.10 x 15

Vitesse maximale : 273 km/h

Production: 5 unités

LA MÊME ANNÉE (1962):

- L'ère coloniale tire à sa fin. Le Burundi, la Jamaïque, Samoa, l'Ouganda, Trinité - et - Tobago et l'Algérie accèdent à l'indépendance.

- John F. Kennedy ordonne le blocus de Cuba après la découverte de missiles balistiques soviétiques. Une grave crise s'ensuit qui se dénoue par la capitulation de l'URSS.

- Un an après l'Union soviétique, c'est au tour des États-Unis d'envoyer un homme dans l'espace: John Glenn réalise le premier vol orbital autour de la terre.

- Les travaux d'aménagement du métro commencent à Montréal. Ils prendront fin en 1966.

- Au cinéma, une année faste, avec Lawrence d'Arabie, To Kill a Mockingbird, The Manchurian Candidate et Divorce à l'italienne. West Side Story remporte l'Oscar du meilleur film de l'année.

Pouvez-vous nommer une voiture de course conçue et construite au Québec dans les années 60? Si vous répondez Dailu, vous êtes champion!

Née de l'esprit inventif du Montréalais David Greenblatt, la Dailu occupe une place privilégiée dans l'histoire du sport automobile canadien. Épris d'automobile, Greenblatt conduit déjà à 14 ans -et sans permis- la Pontiac Bonneville 1953 de ses parents. En 1957, toujours mineur, il s'inscrit à sa première course au volant d'une TR3 sous le nom de Luigi Kolantz. Quelques années plus tard, persuadé de pouvoir construire sa propre voiture, Greenblatt s'associe à ses amis Luigi Cassiani et Mike Saggers. C'est le début d'une extraordinaire et méconnue aventure baptisée Dailu... DAI, c'est-à-dire le diminutif gallois de David, et LU pour Luigi.

Rue Sherbrooke

Les travaux commencent fin 1961 dans le garage appartenant à Greenblatt, rue Sherbrooke. Près de 2000 heures plus tard, la Dailu Mark I est née. Elle est destinée à l'infortuné Peter Ryan, grand ami de Greenblatt et premier grand espoir canadien en sport automobile à l'échelle mondiale, qui se tue au Grand Prix de Reims, en France. La mort de Ryan met aussi un point final à la carrière de pilote de David, qui décide de se consacrer au seul rôle de constructeur.

La première sortie de la Dailu s'effectue au Players 200 de 1962. Une semaine avant l'événement, Imperial Tobacco (Players), propose à David les services du Belge Oliver Gendebien, pilote de Formule 1 et trois fois victorieux aux 24 Heures du Mans. Mais après quelques essais, Gendebien se désiste, sans doute inconfortable au volant de ce monstre de 420 chevaux qui ne pèse que 750 kg. Greenblatt s'associe alors aux produits pétroliers Bardahl et confie le volant de sa Dailu au Canadien John Cannon, qui remporte la première place au Indian Summer Trophy, à Mosport, signant ainsi la première victoire d'une voiture canadienne à Mosport et battant «l'imbattable» Lotus 19 pilotée par Francis Bradley et la Porsche RS60 de Ludvig Heimrath.

Une semaine plus tard, à l'occasion du Grand Prix du Canada 1962, la Dailu Bardahl Special, toujours aux mains de John Cannon, se qualifie au cinquième rang, entourée des meilleures voitures de l'époque (Ferrari, Lotus, Cooper, Porsche, Chapparal, Lister, etc.). Au départ, sous une légère pluie, la Dailu est en tête dès le premier virage, devant une foule en délire. Malheureusement, à cause d'une défaillance de la pompe à eau, la Dailu termine la course en 15e place. Mais l'objectif est atteint: la Dailu défraie la chronique dans les grands magazines automobiles en Amérique et en Europe.

Plusieurs épreuves s'ensuivent, mais c'est au Nassau Speed Week que la Dailu, propulsée par son nouveau moteur de 437 chevaux, connaît son heure de gloire. Elle devance le célèbre Masten Gregory (pilote de F1) au volant de la non moins célèbre Ferrari victorieuse au Mans, ainsi que Jim Hall et sa légendaire Chapparal.

Une direction de Morris Minor

Plus de 40 ans plus tard, la Dailu Mk I restaurée mène la parade au 25e Vintage Festival organisé par VARAC (Vintage Automobile Racing Association Of Canada), à Mosport. Au volant, «papa» Greenblatt, accompagné de l'actuel propriétaire de la voiture, le sympathique Montréalais Sam Cerasuolo. «J'ai travaillé avec David Greenblatt comme mécanicien, raconte Sam. En 1978, j'ai contribué à la restauration de la voiture qui a participé par la suite à des courses de voitures historiques. On compte en tout cinq Dailu, construites entre 1962 et 1965. La dernière, la Dailu MkV, a été construite pour Duval Chevrolet, un concessionnaire GM de Montréal. On pense que cette voiture existe encore, quelque part dans l'Est ou au Vermont.»

Sam Cerasuolo explique ainsi le secret du succès des Dailu: «Un châssis bien conçu, rigide et très léger, associé à de puissants moteurs V8. La plupart des éléments mécaniques sont aussi bien éprouvés, puisqu'ils proviennent de voitures de série, que ce soit le moteur et la boîte de vitesses, d'origine GM, ou la crémaillère de direction, issue d'une Morris Minor.»

De la Morris Minor de moins de 30 chevaux à la Dailu de plus de 400 chevaux? Toute une différence!