L'Halloween, Saab connaît. En fait, depuis son acquisition par General Motors, le constructeur scandinave endosse les déguisements les plus bizarres. Après la 9-2x, qui n'est autre qu'une Subaru Impreza vivant sous un nom d'emprunt, voilà la 9-7x, montée sur la plateforme GMT360 (Chevrolet TrailBlazer et GMC Envoy). Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour obtenir des bonbons...

L'Halloween, Saab connaît. En fait, depuis son acquisition par General Motors, le constructeur scandinave endosse les déguisements les plus bizarres. Après la 9-2x, qui n'est autre qu'une Subaru Impreza vivant sous un nom d'emprunt, voilà la 9-7x, montée sur la plateforme GMT360 (Chevrolet TrailBlazer et GMC Envoy). Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour obtenir des bonbons...

La majorité des automobilistes n'en voudront guère à Saab de compter un utilitaire dans sa gamme. Mais les amoureux de la marque ayant pour emblème un griffon à tête couronnée ? Ceux qui versent une larme à la seule vue d'une Saab 99, d'une 900, ou mieux, de sa sauvage version Turbo ? Se reconnaîtront-ils dans cette 9-7x, née dans une usine de l'Ohio, à Moraine& ? Pas sûr. Évidemment, la calandre demeure de type aéronautique, propre à la maison, et la clé se situe toujours derrière le levier de vitesse. Mais au-delà de ces effets de style, cette Saab tourne franchement le dos à son passé et à sa clientèle anticonformiste.

D'un strict point de vue commercial, l'idée se défend. Il faut élargir la clientèle afin d'augmenter la rentabilité. Mais à quel prix ?

Cela dit, la 9-7x joue volontiers les aristocrates avec sa calandre chromée et ses jantes trop scintillantes pour qu'on ose leur faire prendre un bain de boue. Pour justifier son prix (plus de 50 000 $), cette suédoise s'empare à pleines mains de tous les accessoires offerts dans le catalogue de GM. En fait, presque, puisque cette Saab oublie plusieurs dispositifs de sécurité, dont celui chargé de surveiller la pression des pneus ou encore celui qui a pour fonction de répartir la puissance du freinage. En faisant l'inventaire, on note également que la colonne de direction télescopique manque à l'appel, tout comme la fonction « fermeture rapide » des glaces.

Une fois les taxes, les frais de transport et de préparation acquittés, on se retrouve en présence d'un véhicule de plus 60 000 $, ce qui, à première vue, semble représenter une aubaine face aux BMW X5, Mercedes ML. Seulement, voilà, en dépit de l'image qu'elle veut projeter, Saab 9-7x n'est pas en concurrence directe avec ces VUS haut de gamme. Ce sont plutôt les Jeep Grand Cherokee et Nissan Pathfinder qui se trouvent dans sa mire.

Plus basse que ses « cousines américaines », la 9-7x n'a nul besoin d'un marchepied (d'ailleurs, il ne figure pas sur la liste optionnelle, pas plus que les moulures protectrices) pour nous faciliter l'accès à bord. Petits et grands y embarquent aisément. De plus, la position de conduite est nettement plus confortable (le coussin et le dossier demeurent cependant trop plats) que sur l'ancien modèle dont la colonne de direction trop longue nous obligeait à recroqueviller les coudes et à étirer les jambes. Malgré des portières assez étroites, les deux passagers qui prendront places à l'arrière ne se sentiront plus coincés comme des sardines. Un troisième, cependant, serait condamné à voyager les genoux repliés. Derrière la banquette arrière (qui s'escamote en tout ou en partie) se trouve un coffre aux dimensions généreuses. L'ennui, c'est d'y accéder. Le hayon est lourd à soulever (la lunette se soulève indépendamment), mais le seuil de chargement est assez bas pour faciliter le chargement de lourds objets.

Un mot sur la qualité de fabrication : inégale. Des joints d'étanchéité mal fixés, des panneaux de carrosserie mal ajustés, des plastiques grossièrement taillés montrent qu'il y a place à de l'amélioration.

La touche suédoise

À première vue, la fiche technique de la 9-7x n'est guère différente de celles du TrailBlazer ou du Envoy. Regardez de plus près  ! Si l'influence de GM est bien là, les ingénieurs suédois ont tout de même veillé à peaufiner le châssis, histoire de le rendre plus sportif. Ainsi, le centre de gravité a été ramené plus près du sol, les éléments suspenseurs bénéficient de nouveaux réglages, tout comme la direction, beaucoup moins démultipliée que les produits similaires de Chevrolet ou GMC. En outre, la 9-7x bénéficie d'une monte pneumatique spécifique, spécialement adaptée pour mordre la chaussée, et d'un système de freinage plus efficace.

Conséquence de tout ce travail  : un utilitaire qui ne se déhanche pas sur la chaussée ni ne nous déracine la tête des épaules à la moindre imperfection de la route. Le comportement routier est civilisé, presque sportif certes. Mais ne vous méprenez pas  : il s'agit toujours d'un camion. C'est donc dire qu'il faut ranger au vestiaire, comme pour pratiquement tous les autres véhicules de cette catégorie, tout excès de témérité, surtout dans les courbes. Heureusement, la direction fait preuve d'une précision étonnante dans les circonstances et le rayon de braquage est suffisamment court pour favoriser les balades en ville.

La beauté ou la force, c'est selon, de la 9-7x, se trouve sous son capot. Soulevez-le et dites bonjour, au moteur six cylindres en ligne de 4,2 litres ou au V8 de 5,3 litres. Ce dernier, au fonctionnement très lissé, est doté d'un système de désactivation des cylindres sur lequel il ne faut guère compter pour ménager votre consommation d'essence. Cette mécanique s'arrime à une transmission à quatre rapports, la seule offerte, un peu vétuste sur le plan technique, mais qui a le mérite d'aller avec le moteur.

À défaut de l'avoir doté d'un répartiteur électronique de freinage, lesingénieurs de Saab se sont assurés de corriger le talon d'Achille de cette plateforme  : le freinage. À ce chapitre, le dispositif ABS de la 9-7x est moins chatouilleux (c'est-à-dire qu'il ne se déclenche pas inopinément à la moindre bosse) et nous permet également de compter sur une pédale plus facile à moduler.

Pour se faire une place au soleil, la 9-7x pourra compter sur ses prix intéressants (par rapport aux marques spécialisées), sa garantie étoffée (par rapport aux marques généralistes) et la qualité de son service après-vente. C'est beaucoup et bien peu à la fois pour une marque qui, jadis, cultivait l'individualisme et le particularisme automobile.