La sortie d'une nouvelle Corvette représente toujours un événement, et la mise en circulation de cette sixième génération ne fait pas exception. Avec cette refonte, plus profonde qu'elle n'y paraît, ce cabriolet a connu davantage une évolution qu'une révolution, à plusieurs égards.

La sortie d'une nouvelle Corvette représente toujours un événement, et la mise en circulation de cette sixième génération ne fait pas exception. Avec cette refonte, plus profonde qu'elle n'y paraît, ce cabriolet a connu davantage une évolution qu'une révolution, à plusieurs égards.

Plus raffinée, plus sophistiquée, plus efficace que la génération antérieure, cette Corvette vise une carrière internationale, ce qui explique pourquoi ses dimensions sont plus compactes, histoire de mieux se faufiler sur les routes étroites du Vieux Continent. Seul ennui: ainsi amputé en longueur et en largeur, ce cabriolet offre 99 litres de moins de volume de chargement lorsque le couvre-chef est en place. Au sujet de la capote, à commande électrique, mentionnons qu'elle demeure en toile, ce dont personne ne se plaindra même si la tendance actuelle est au toit métallique escamotable.

S'il y a un domaine où la Corvette n'a guère évolué cependant, c'est sur le plan fonctionnel: les espaces de rangement sont toujours aussi rares. Il aurait pourtant été facile de faire mieux (pas beaucoup, certes, vu la taille de l'habitacle) en collant une « poche de kangourou » sur la devanture des assises des sièges, par exemple. Ce sera pour la prochaine fois.

Par ailleurs, l'instrumentation du tableau de bord est complète et facile à consulter, et les principales commandes sont correctement logées près du conducteur. La finition est correcte, mais réservons notre jugement pour plus tard, puisque les exemplaires mis à notre disposition pour l'essai routier n'étaient pas représentatifs des modèles que vous pourrez vous procurer chez le concessionnaire. Ce sera mieux, dit-on.

Sur la route, on se laisse enivrer par cette artillerie lourde, au son du canon de l'immense moteur V8 de 400 chevaux. Mais au-delà de la puissance brute, on retient surtout de cette mécanique culbutée, sujet de moqueries chez les puristes, la montagne de couple dégagé et ce, peu importe où l'aiguille du compte-tours se trouve. On s'étonne aussi de la souplesse de la boîte mécanique à six rapports. Son pommeau, maintenant plus ergonomique, se laisse guider avec une aisance déconcertante et son embrayage ne requiert pas une semelle de plomb pour l'actionner.

Pour ceux qui craignent de ne pouvoir mater toute cette puissance sans avoir les deux mains sur le volant, une boîte automatique est également proposée pour faire une sélection appropriée des rapports. À quand une boîte séquentielle avec commandes dupliquées au volant?

En fait, il y a peu à redire sur le comportement de cette Corvette, pour peu que la chaussée soit libre et suffisamment large. Car en ville, la conduite de ce cabriolet (du coupé aussi, faut-il préciser) est loin d'être une sinécure. Le diamètre de braquage est imposant et il est difficile de cerner, les premiers temps du moins, l'espace nécessaire pour la garer. Cet inconvénient mis à part, cette Corvette «plein air» se prête bien à une utilisation quotidienne, même s'il est souvent frustrant de savoir toute cette puissance sous le pied droit devenue inutile dans le train-train de la circulation.

Précis, le châssis de cette Chevrolet demande tout de même un temps d'adaptation. Même si certaines de ses dimensions ont été revues à la baisse, il reste que le capot est long et le train avant, lourd. Pourtant, après quelques kilomètres (quelques centaines de mètres, si vous vous trouvez sur un circuit fermé), la Corvette vous met immédiatement en confiance. Une fois qu'on a compris que cette propulsion sait se caler franchement et progressivement – même en cas de débordement de puissance et en déconnectant les aides à la conduite – on profite de la brutalité de la bête. Car elle sait ciseler les virages avec une efficacité diabolique, plaçant même ses hanches avec finesse d'un bon coup d'accélérateur. Dieu que c'est bon!

Sans toit, la Corvette nous fait changer de monde, nous fait goûter aux saveurs du vent comme peu de cabriolets savent le faire. Comme plusieurs cabriolets européens très en vue, elle vous ouvre les portes du rêve, mais sans vous ruiner. Ainsi vous aurez plus de sous pour la citerne d'essence nécessaire pour l'abreuver, ainsi que pour la fabrique de pneus indispensable pour compenser les kilomètres de gommes laissées derrière.