Soyons clairs : le Ridgeline ne se retrouvera pas sur la courte liste d'un acheteur traditionnel de camionnettes. Celui-ci ne considérera jamais le dernier-né de Honda assez ceci et jamais assez cela pour lui donner sa chance. Et les raisons sont nombreuses et souvent justifiées pour considérer cette camionnette japonaise comme une forme d'imposture.

Soyons clairs : le Ridgeline ne se retrouvera pas sur la courte liste d'un acheteur traditionnel de camionnettes. Celui-ci ne considérera jamais le dernier-né de Honda assez ceci et jamais assez cela pour lui donner sa chance. Et les raisons sont nombreuses et souvent justifiées pour considérer cette camionnette japonaise comme une forme d'imposture.

Que le Ridgeline soit en mesure de tracter une charge de 5000 livres ou que les dimensions de sa benne n'aient pas à rougir de la comparaison avec la concurrence, ne changeront rien à la perception de l'amateur pour qui une camionnette, une vraie, doit porter un label américain, un châssis à échelle, un gros V8, une boîte de rapports courts et un catalogue d'options dont la complexité rivalise avec celle du cube Rubik.

La direction de Honda ne s'illusionne pas. Au mieux, pense-t-elle, quelque 50 000 exemplaires trouveront preneurs au terme de la première année complète de commercialisation de ce modèle. C'est peu, considérant le nombre de camionnettes vendues sur le continent nord-américain. À lui seul, le F-150 de Ford s'écoule à plus de 900 000 unités.

Mais l'objectif de Honda est avant tout de satisfaire la part de 18 % de sa clientèle qui, selon les statistiques, possède également une camionnette (de marque étrangère) dans son entrée de garage. Un pourcentage suffisamment élevé pour justifier la mise en marché de cette camionnette qui, ma foi, ne ressemble à aucune autre comme en font foi les photographies qui accompagnent ce reportage. Nous vous laissons seuls juges.

Qu'on aime ou non le style décalé de cette camionnette, on ne peut reprocher aux stylistes d'avoir fait preuve d'audace et de faire souffler un véritable vent de fraîcheur sur cette catégorie. Souhaitons seulement que cette hardiesse ne s'arrêtera pas là et moulera également les tôles des futures créations de Honda.

La présentation intérieure du Ridgeline suscite aussi des Oh ! et Ah !. D'abord par la qualité des baquets avant et le soucis apporté à la fabrication. Plus étonnant encore est l'espace offert par cette cabine qui permet, sans problème, d'héberger cinq personnes. Seules les « grandes » personnes critiqueront sans doute l'espace alloué à leurs genoux. À défaut d'offrir une cloison entre l'habitacle et la benne, le Ridgeline permet d'escamoter l'assise de la banquette arrière pour faciliter le chargement d'objets lourds et encombrants.

L'originalité du Ridgeline repose également sur son extraordinaire polyvalence. D'abord le battant qui permet, en un tournemain, d'ouvrir la benne sur deux axes pour faciliter le chargement. Du jamais vu  !

Et que dire de ce coffre taillé dans le plancher de la benne qui s'avère suffisamment vaste pour accueillir et dissimuler de la vue des passants, deux sacs de golf et la poussette du plus jeune ? Une bonne idée qui sera sans doute reprise et raffinée par la concurrence au cours des années à venir.

Seule inquiétude à l'égard de ce compartiment : ne risque-t-il pas de perdre de son étanchéité à long terme ? Et son système de verrouillage parviendra-t-il à résister aux rigueurs de notre climat ?

Face à la concurrence, le Ridgeline n'est pas donné pour reprendre une expression populaire. Mais une fois la liste des caractéristiques de série comptabilisée, cette camionnette apparaît, financièrement parlant, aussi compétitive que ses présumées rivales.

Cela ne veut pas dire pour autant que le catalogue d'options est inexistant. Des options, il y a en et plus qu'une. Et ce n'est pas le seul aspect qui porte flanc à la critique. Certaines pièces de plastique (console, coffre à gants) auront probablement du mal à résister à l'épreuve du temps.

On déplore également l'absence d'un miroir de courtoisie sous le pare-soleil du conducteur et les rétroviseurs extérieurs, sans doute très aérodynamiques, gagneraient à être plus gros.

Jardinage et autres menus travaux

Le Ridgeline n'a pas besoin de faire tourner une usine à pleine vapeur pour être rentable. Son C.V. technique comporte en effet plusieurs similarités avec d'autres véhicules existants (Pilot, MDX, Odyssey) au sein de la gamme du constructeur japonais, ce qui représente un gage de fiabilité.

Tout comme l'Avalanche de Chevrolet ou encore l'Escalade EXT de Cadillac, pour ne pas les nommer, la benne du Ridgeline forme un tout avec la cabine. Le principal avantage de cette conception est d'offrir un ensemble particulièrement rigide ce qui se traduit par un comportement routier plus équilibré et plus sûr. En outre le Ridgeline a la particularité d'offrir une suspension indépendante aux quatre roues (non, pas d'essieu rigide à l'arrière) qui en fait l'une des camionnettes les plus confortables de l'heure, ce qui ajoute à sa polyvalence.

Doté d'un rouage intégral électronique, le Ridgeline permet de verrouiller le différentiel arrière, mais n'offre pas une sélection de rapports courts pour la piste, la neige et la boue. Toutefois, sa garde au sol est suffisamment élevé pour ne pas craindre d'emprunter chemins et sentiers.

Sur une route asphaltée, le Ridgeline nous fait oublier les manières souvent un peu rustre des autres camionnettes. La caisse prend un peu roulis d'accord, mais la direction s'avère précise et correctement assistée. On regrettera cependant que le rayon de braquage soit aussi grand. Les manoeuvres n'en sont que plus difficiles.

La bonne surprise, c'est du côté du freinage qu'il se trouve. Avec un antiblocage, un répartiteur électronique et deux paires de disques, le Ridgeline s'immobilise efficacement et rapidement.

Sous le capot, pas de V8 mais plutôt le V6 à simple arbre à cames en tête de 3,5 litres qui offre 252 livres-pied de couple. C'est bien, mais pour en bénéficier, le moteur doit atteindre un régime de rotation passablement élevé.

Qu'à cela ne tienne, le Ridgeline s'élance rapidement et sa boîte de vitesse à cinq rapports, la seule disponible, le soutient bien au moment des relances. La consommation est somme toute raisonnable, mais on s'explique mal pourquoi le constructeur japonais n'ait pas jugé bon offrir, comme c'est le cas sur l'Odyssey, un système de désactivation des cylindres. Ce dispositif déjà au point aurait non seulement contribué à réduire la consommation sur route, mais aussi les émanations polluantes. Précieux à notre époque.

Le Ridgeline est polyvalent et bourré d'astuces. Et même si son nom ne figurera jamais dans les meilleures ventes de sa catégorie, le Ridgeline aura à tout le moins eu le mérite grâce à quelques innovations de bousculer un groupe qui, trop longtemps, a fait de la capacité de remorquage sa seule priorité. Respect, SVP !