Soucieuse de simplifier sa production et de s'attaquer au coeur du marché, le constructeur japonais limite son offre à deux choix de carrosseries : cabine allongée (King Cab) ou cabine double (Crew Cab). Physiquement, les deux sont identiques à l'exception de la hauteur hors-tout, plus élevée dans la configuration Crew Cab et ce, même sans la galerie de toit qui équipe, de série, deux des trois livrées disponibles (SE, Nismo, LE).

Soucieuse de simplifier sa production et de s'attaquer au coeur du marché, le constructeur japonais limite son offre à deux choix de carrosseries : cabine allongée (King Cab) ou cabine double (Crew Cab). Physiquement, les deux sont identiques à l'exception de la hauteur hors-tout, plus élevée dans la configuration Crew Cab et ce, même sans la galerie de toit qui équipe, de série, deux des trois livrées disponibles (SE, Nismo, LE).

Plus haute sans doute, la Crew Cab est cependant harnachée à une benne beaucoup moins vaste que la King Cab, ce qui la rend nettement moins pratique. Aussi profonde et large d'accord, mais elle est tout de même plus courte de 35 cm. (Peut-être devrez-vous opter pour le service de livraison de la quincaillerie ?) À moins d'opter pour l'une des trois autres nouveautés inscrites dans cette catégorie cette année. En fait, aussi bien le Dakota, le Ridgeline que le Tacoma proposent une benne aux dimensions plus généreuses et parfois même plus astucieuse (Honda). La polyvalence de la caisse du Frontier se trouve plutôt dans le système Utili-track qui consiste en un ensemble de rails (cinq) et d'attaches (quatre) visant à organiser et à aménager l'espace utilitaire en fonction de vos besoins.

Même s'il n'est pas un « déménageur » à proprement parler, le Frontier Crew Cab a d'autres raisons de se faire aimer. La richesse de ses équipements en est une. Surtout dans sa livrée LE, la plus coûteuse, qui ne comporte, à l'exception du « groupe cuir » (2300 $), aucune option au catalogue du constructeur. Tout y est : colonne de direction inclinable, ordinateur de bord, climatisation, marchepieds, commandes audio dupliquées au volant et même une trousse de premiers soins. On en attendait sans doute pas moins d'une camionnette dont le prix de vente frise, avant taxes, les 40 000 $.

Une photocopie

Pour ajouter au confort des occupants qui voyageront à son bord, le Frontier Crew Cab habille son intérieur de matériaux solides et impeccablement ajustés à qui il ne manque en fait qu'un soupçon d'originalité tellement la présentation intérieure semble une photocopie d'un autre modèle de la marque, qui est lui même une photocopie d'un autre. Autre motif d'insatisfaction : les sièges qui, sur une longue distance, se révèlent peu confortables et ce, en dépit de multiples ajustements.

À l'arrière, ce n'est guère mieux. Le dossier de la banquette est planté trop à la verticale pour se faire apprécier. Ce qui risque plutôt de vous plaire, c'est la modularité des places arrières. Il est en effet possible de basculer la banquette, voire même de la retirer. Ce faisant, vous découvrirez de nouveaux espaces de rangement ou pourrez tout simplement bénéficier d'une aire de chargement additionnelle. Qui plus est, le dossier du passager avant se replie contre l'assise pour faciliter le transport d'objets encombrants à l'intérieur. À noter toutefois que les consommateurs qui tapisseront baquets et banquette de cuir renoncent du coup à cette fonctionnalité. Il ne manque plus que de pratiquer une ouverture entre la benne et l'habitacle, comme le dispositif Mid-Gate de GM, et le Frontier Crew Cab serait alors vraiment polyvalent.

Sur le plan ergonomique, cette nouvelle version n'a aucune peine à nous faire oublier l'ancienne. La recherche d'une position de conduite agréable est facilitée par les nombreux réglages offerts, la colonne de direction est mieux centrée et le frein d'urgence se trouve maintenant sous la main droite, là sur la console, plutôt que sous le tablier du tableau de bord. Les principales commandes sont placées dans l'environnement immédiat du conducteur et seules les prises auxiliaires (deux) nous font regretter de ne pas avoir un bras télescopique pour les atteindre aisément. Les espaces de rangement sont abondants et les bacs suspendus au pied des contre-portes particulièrement accueillants.

Ingrédients connus

Comme bien des produits Nissan (et Infiniti), le Frontier est le produit d'une photocopieuse. Le rigide châssis sur lequel sa carrosserie est déposée dérive très étroitement de la plate-forme F-Alpha (Armada, QX56, Titan). Une architecture robuste qui permet notamment au Frontier de tracter près de 3000 kilos sans avoir recours à une kyrielle d'options. C'est plus que le Ridgeline ou le Tacoma. Le Dakota peut faire aussi bien sinon mieux à la condition de boulonner le V8 4,7 litres sous son capot.

Réglons en deux lignes le sort de la mécanique de service du Frontier, un quatre cylindres de 2,5 litres. Ce dernier délivre 154 chevaux et n'anime que le modèle d'entrée à cabine allongée (King Cab) à deux roues motrices. Toutes les autres versions ont droit au V6 de 4 litres de 265 chevaux. Tout comme le châssis, ce moteur dérive de l'actuel 3,5 litres offert sur la presque totalité des produits Nissan et Infiniti (350Z, G35, Altima, Maxima, Murano, FX35, etc.). Robuste et performant, ce moteur épouse de série sur la livrée LE cabine double à quatre roues motrices, une transmission automatique à cinq rapports. Plus raffiné et aussi plus souple que le 3,3 litres qui séjournait autrefois dans le compartiment moteur du Frontier, ce 4 litres pèche par son incommensurable soif d'hydrocarbures (plus de 15 litres aux 100 km).

La - bonne - surprise, c'est du côté du comportement routier qu'elle se trouve. S'il y a longtemps que vous n'avez pas posé les fesses dans une camionnette, vous serez assurément étonné. Les propriétaires de la génération antérieure du Frontier compris. En fait, inutile de charger un tant soit peu la benne pour obtenir un comportement décent au volant de la nouvelle mouture. La caisse est rigide, prend peu de roulis et donne confiance à celui ou celle qui se trouve au volant. Toutes les livrées dotées du rouage à quatre roues motrices sont dotées, de série, d'un dispositif antipatinage efficace. Toutefois, pour bénéficier du contrôle dynamique, de l'assistance en côte et du contrôle d'adhérence en descente, il faut cocher " l'ensemble cuir ". Curieux amalgame, vous ne trouvez pas ?

Même sans cette ribambelle d'aides à la conduite, le Frontier procure des sensations saines. La direction, à crémaillère et non plus à billes, se révèle précise, directe et correctement assistée. Et même si les saignées et autres imperfections de la chaussée la font parfois bondir, cette camionnette procure un confort tout à fait décent. Stable, le Frontier n'exige plus comme autrefois de nombreuses corrections du volant, même si Éole souffle sur ses parois extérieures.

Le système de freinage est un classique du genre (disques à l'avant et à l'arrière) doublé d'un dispositif antiblocage (ABS) aux quatre roues. Son efficacité en conditions normales s'avère excellente, mais les distances d'arrêt demeurent plutôt longuettes.

Bilan positif donc pour le Frontier Crew Cab qui, cette fois, ne compte plus essentiellement sur son style pour détourner notre regard de ses rivales. Mais, en dépit de ses qualités intrinsèques, il y a tout lieu de se demander compte tenu des dimensions de la benne, s'il ne vaut pas mieux lui préférer le Xterra ? Après tout, on ne déménage pas le buffet de la belle-mère tous les jours !