Avec ses glaces taillées comme des meurtrières, son nez enfoncé de boxeur et ses flancs aussi lisses que des galets, la nouvelle Série 300 arbore un look qui ne fait pas l'unanimité, mais qui a le mérite de se détacher du style parfois frileux des véhicules concurrents. Qu'on aime ou pas, on ne peut pas nier que la 300 a du caractère. Et de la prestance.

Avec ses glaces taillées comme des meurtrières, son nez enfoncé de boxeur et ses flancs aussi lisses que des galets, la nouvelle Série 300 arbore un look qui ne fait pas l'unanimité, mais qui a le mérite de se détacher du style parfois frileux des véhicules concurrents. Qu'on aime ou pas, on ne peut pas nier que la 300 a du caractère. Et de la prestance.

Avant de regarder par l'étroit pare-brise, jetons un œil sur la présentation intérieure, ou plutôt sur l'ambiance qui s'en dégage. Tableau de bord massif, panneaux façon aluminium, cuir de bonne facture, volant à quatre branches, instrumentation dont les aiguilles noires semblent patiner sur de la glace: la première impression est bonne. Dans le détail toutefois, on est encore loin d'une Mercedes.

En effet, les portières s'ouvrent et se referment non pas comme le coffre de la Deutsche Bank, mais plutôt comme celui d'une petite banque américaine. Si la qualité apparente a beaucoup progressé, il reste qu'on peut encore aisément débusquer ici et là quelques fautes de finition. Enfin, même si la structure des baquets avant provient de chez Mercedes, ceux-ci offrent un faible maintien.

Par chance, l'imposant gabarit extérieur de la 300 se reflète à l'intérieur. À l'arrière, par exemple, le dégagement ne pose aucun problème et la banquette vous accueille confortablement. Le coffre est tout aussi hospitalier pour vos bagages.

Américaine dans la forme, cette 300 ne s'exprime pas moins avec un fort accent allemand, puisqu'elle emprunte le châssis de la Mercedes de Classe E – même si les concepteurs prétendent s'en être simplement inspiré, notamment avec une suspension multibras. Parmi les autres emprunts à Mercedes, mentionnons la boîte automatique à cinq rapports, la direction et l'architecture électronique – tous des éléments éprouvés sur des centaines de milliers de kilomètres et qui, par conséquent, ne devraient pas nous inquiéter en matière de robustesse et de fiabilité.

Avant d'aller plus loin, soulevons le capot. Sous celui des versions 300 Touring et Limited on trouve le moteur V6 3,5 litres de 250 chevaux, jumelé à une boîte automatique à quatre rapports. La 300C dont il est question ici compte sur un V8 Hemi de 5,7 litres et 340 chevaux, de quoi vous mettre les poils des avant-bras au garde-à-vous. Jugez-en: moins de six secondes pour atteindre les 100 km/h à la suite d'un départ arrêté, et des reprises tout aussi enivrantes grâce au couple monstrueux produit par cette mécanique. Seul ennui, surtout par les temps qui courent: la consommation. Elle est carrément désastreuse, sans compter que la 300C s'abreuve d'un indice d'octane légèrement supérieur à celui contenu dans l'essence ordinaire.

Par chance, un très original système de désactivation des cylindres (MDS) repris des Mercedes V12 permet, de façon totalement imperceptible, de faire tourner le V8 sur quatre cylindres lorsqu'il n'est pas entièrement sollicité. La coupure est totalement invisible (40 millisecondes) pour le conducteur, qui réactivera la totalité des cylindres en enfonçant l'accélérateur.

Presque impériale sur voies rapides, la 300 surprend également par sa neutralité et par la quasi-absence de roulis en courbes serrées. Cette américaine reste facile à conduire, même si la tenue de cap manque de rigueur. Un dispositif d'antipatinage, qui entre en fonction peu importe la vitesse, est offert pour calmer les roues arrière motrices.

La 300 nous fait toutefois payer son embonpoint si le ruban d'asphalte se met à zigzaguer. La suspension peine alors à tenir la voiture en détente. De plus, lorsqu'elle est appelée à emprunter des routes de fin du monde (lire les routes du Québec), le train avant se déleste rapidement et tutoie aisément les butées de suspension. Un phénomène agaçant observé essentiellement à faible vitesse.

Comme le laisse deviner le diamètre de braquage, la 300 manque d'agilité en ville, mais la direction suffisamment légère permet aux conducteurs habiles de se tirer d'affaire.

Premier bilan largement positif pour cette nouvelle intermédiaire de Chrysler dont la fourchette de prix étudiée lui permettra de ratisser assez large auprès des consommateurs. D'ailleurs, nul besoin de s'offrir la version C pour bénéficier des nombreux attributs de la Série 300. La version Touring, vendue pour un peu moins de 32 000 $, représente à nos yeux la meilleure affaire.