Depuis son lancement, en 1998, la Smart s'est vendue à 750 000 unités un peu partout dans le monde. La micro voiture n'était cependant pas commercialisée aux États-Unis, ce qui sera chose faite dès 2007. À quelques jours de Noël, deux collaborateurs du cahier L'Auto ont pris la route au volant d'une Smart. Destination? New York.

Depuis son lancement, en 1998, la Smart s'est vendue à 750 000 unités un peu partout dans le monde. La micro voiture n'était cependant pas commercialisée aux États-Unis, ce qui sera chose faite dès 2007. À quelques jours de Noël, deux collaborateurs du cahier L'Auto ont pris la route au volant d'une Smart. Destination? New York.

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Pour mesurer la réaction des New-Yorkais à l'égard de la Smart, il fallait bien évidemment l'emmener dans la Big Apple. C'est-à-dire se taper quelque 600 kilomètres d'autoroutes à son volant. Grosse commande pour une citadine et ses deux occupants Surtout que le ciel menaçait, ce jour-là, de saupoudrer d'un peu de neige notre parcours. Des conditions qui ne réjouissaient guère mon collègue Jean-François Guay, même si la Smart était équipée de pneus d'hiver. Ma préoccupation était d'un tout autre ordre : allais-je trouver un chiropraticien pour un service d'urgence à notre retour?

Il fait nuit noire à notre départ du centre-ville de Montréal. La météo maintient ses prévisions de la veille : des averses de neige sont à prévoir. Pas un mot sur le vent qui se lève lorsque nous regagnons la Rive-Sud via le pont Champlain. La Smart tient difficilement le cap entre nos mains encore endormies. Dans la descente, première sortie à droite : direction New York. Sur la route 132, le vent redouble de puissance. Les corrections au volant se multiplient.

Nous effectuons un premier arrêt à Napierville, à quelques kilomètres du poste frontalier de Lacolle. Pour abreuver la Smart et ses valeureux conducteurs qui se disputent déjà le seul porte-tasse disponible! Encore chanceux d'en avoir un puisqu'il figure sur la liste des options (56$). On profite de cette pause pour effectuer une nouvelle lecture de l'odomètre, la Smart étant privée aussi d'un compteur kilométrique. Et d'un régulateur de vitesse qui rendra les quelque 500 kilomètres qui viennent difficiles pour le pied droit.

À peine venions-nous de saluer le douanier que le ciel laisse tomber son trop-plein de flocons de neige. Les conditions routières paraissent plus difficiles qu'elles ne le sont réellement. Par chance, nous nous trouvons au volant du Fortwo coupé, le seul à bénéficier d'un essuie-glace arrière et d'une lunette dégivrante. Luxe dont est privé le cabriolet.

Sur le sillon d'asphalte qui barre les Adirondacks, la neige cesse, le vent se calme. Le trois cylindres de la Smart souffre un peu. Il faut jouer du levier de vitesse pour garder le régime moteur sur ce faux plat. Nous maintenons néanmoins notre vitesse de croisière (118 km/h), doublons difficilement quelques gros camions. Le soleil se lève et pas moyen de faire pivoter le pare-soleil; il est fixe. Le réservoir de notre Smart (20 litres) se vide et requiert des arrêts fréquents (6,1 L/100 km de moyenne). Nous nous arrêtons à Saratoga Springs faire le plein et provision d'une quarantaine de Munchkins. En regagnant l'autoroute, la passagère d'un Toyota 4Runner tire la langue sur notre passage et se met à rire. «Elle est électrique, cette voiture?» Non, madame, elle fonctionne avec un moteur diesel. «Ah bon, mais elle est franchement laide», dit-elle avant de remonter la glace de son véhicule.

La chaussée s'assèche et le soleil brille. Les heures avancent, et nous arriverons dans la Grosse Pomme à l'heure du dîner, comme prévu. Les cinq diodes de la jauge à essence s'éteignent une à une, à bon rythme. Aux abords du Lincoln Tunnel, la dernière se met à clignoter et rappelle qu'il ne reste que 5 litres de gazole à bord. Où est le problème? Devant. Plusieurs centaines de véhicules font du surplace. Il est 11h35. Il faudra attendre 55 minutes avant d'apercevoir les grandes arches du Lincoln Tunnel, au détour d'une bretelle. Jean-François se met à douter de la précision de la jauge. «Et si nous tombions en panne dans le tunnel? On aurait l'air de deux tatas!» Pas grave, nous le sommes sans doute déjà à en juger par la mine des automobilistes qui nous entourent. «Vous êtes partis de Montréal?» s'enquiert un automobiliste après avoir regardé la plaque d'immatriculation. «Vous êtes bien courageux, car elle n'a pas l'air très solide.» C'est vrai, mais la direction de Smart prétend le contraire, tests à l'appui. À ce stade-ci, on préfère ne pas trop se poser de questions.

Nous traversons le tunnel, sans encombre et suivons religieusement les instructions de la carte routière à la recherche de la 8e Avenue. Pourquoi la 8e? Car c'est le coeur de New York, selon Google Map, voilà tout. Ce faisant, nous étions convaincus de trouver une station-service sur notre route. Erreur. Il n'y en a aucune. À chaque intersection, nous ralentissons. Jean-François regarde à droite, moi à gauche dans l'espoir de ravitailler. Rien. Au diable, la carte, on improvise. Et on se retrouve à Harlem... Cela aurait pu être pire.

Au détour de la 2e Avenue, nous nous engouffrons dans le stationnement de la concession Chevrolet, qui se trouve ouverte (oui, même un samedi et ce, jusqu'à 18h) pour obtenir des informations. «La station-service se trouve à cinq minutes d'ici», de dire l'un des représentants, visiblement soucieux de nous voir déguerpir avant que la dizaine de clients qui se trouvent à l'intérieur de l'établissement ne demandent si l'étrange voiture qui se trouve dehors est également offerte en rouge. Ou en jaune.

Au fait, c'est quoi cette voiture?

Une Smart.

Elle est produite par qui?

Par Mercedes.

Ah, je vois. Et elle coûte combien?

Au Canada, le modèle d'entrée se détaille 16 700$.

Là, le représentant éclate de rire: «Elle est plus chère qu'une Chevrolet Aveo.»

Les instructions étaient bonnes. Durant notre court arrêt, Jennifer Houston passait par là. «Dites, je rêve ou quoi? J'ai vu cette voiture il y a deux ans lors d'un voyage en Europe. Je n'ai jamais compris pourquoi elle ne faisait pas carrière ici, dans une grande ville comme New York. «Et vous l'achèteriez? «Si, seulement, je n'ai pas de permis.»

Il est 14h13. Le soleil faiblit, déjà. Vite, les photos. Après avoir quadrillé la ville dans un sens, puis dans l'autre, nous pointons finalement les roues de la Smart dans la bonne direction: Central Park. Pas de chance, l'une des routes qui traversent le parc est fermé à la circulation. On en trouve une autre. Pas très photogénique comme endroit, finalement. On remet ça plus loin. Rendez-vous sur Broadway? Time Square? Ground Zero? Nous avons l'embarras du choix. On emprunte la 59e, puis la 5e. La circulation est dense et, avouons-le, nous avons peine à prendre notre place dans cette faune peuplée de gros VUS et de taxis. Et il y aussi les piétons. Incorrigibles. Que le feu soit rouge, vert ou jaune, ils s'en fichent. Ils traversent quand même. Souvent, sans même regarder. Mais les automobilistes new-yorkais sont étonnamment calmes et ont rarement recours au klaxon pour inviter les piétons à demeurer sur le trottoir.

La nuit tombe et nous avons quelques clichés intéressants sur la carte mémoire de notre appareil photo. Le moment est venu de partir et retrouver le Lincoln Tunnel. Ensuite, on rentre à la maison. La nuit sera longue, mais mon chiro, lui, peut dormir tranquille. Le voyage s'est avéré beaucoup moins pénible que prévu, même si Jean-François prend beaucoup de place!

La Smart en chiffres

LES VENTES :

AU QUÉBEC

2005 : 860 unités

2004 : 167 unités

AU CANADA

2005 : 4080 unités

2004 : 915 unités

Dans le monde, 750 000 unités de la Smart on trouvé preneur depuis 1998.

AU CINÉMA :

La Smart est une vedette du grand écran. On a pu apercevoir la micro voiture dans les films Le Code Da Vinci et La Panthère rose.

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