Face à l'épuisement des énergies fossiles et à la lutte contre le réchauffement climatique, les constructeurs de voitures sont engagés dans une course pour imaginer le véhicule du futur, dont les vainqueurs à long terme restent incertains, soulignent des experts.

Face à l'épuisement des énergies fossiles et à la lutte contre le réchauffement climatique, les constructeurs de voitures sont engagés dans une course pour imaginer le véhicule du futur, dont les vainqueurs à long terme restent incertains, soulignent des experts.

Alors que le salon de Los Angeles a ouvert ses portes au grand public ce week-end, les fabricants d'automobiles y rivalisent de prototypes de voitures "vertes" censées représenter le mode de transport de l'avenir, plus respectueuses de l'environnement que les modèles actuels.

"Il existe une course pour développer les véhicules du XXIe siècle, et je ne pense pas que qui que ce soit sache qui va la gagner", explique à l'AFP Alexander Farrell, professeur à l'Université de Berkeley (Californie, ouest).

Ce spécialiste des ressources énergétiques estime que les biocarburants gagneront à court terme, "en raison de leur facilité d'utilisation", puisque ces produits de l'agriculture remplacent l'essence ou le gazole, ou peuvent y être mélangés.

"Mais il n'est pas établi qu'ils gagnent sur le long terme, car ils posent deux problèmes cruciaux: sont-ils produits de manière durable, et quelle surface de terrains faut-il leur abandonner?", souligne M. Farrell.

Concevoir les véhicules à plus long terme constitue une forte prise de risque pour les constructeurs. "Tous les investissements déjà effectués sont des paris sur la technologie qui va gagner" l'ère de l'après-pétrole, assure l'universitaire.

"C'est une période difficile pour les fabricants de voitures", renchérit Marshall Miller, chercheur à l'institut des études sur les transports de l'Université de Davis, près de San Francisco.

Les plus grands groupes de la planète, comme General Motors et Toyota, n'ont d'ailleurs pas mis tous leurs oeufs dans le même panier, puisqu'ils proposent déjà des véhicules "hybrides" essence-électricité, travaillent sur la technologie de la pile à hydrogène, sans oublier les voitures 100% électriques, annoncées comme axe de développement majeur par GM mercredi dernier.

Tant les voitures à hydrogène que les électriques posent un problème de coût et d'autonomie, notent les deux experts.

Les batteries de haute technologie qui pourraient offrir suffisament d'autonomie à des véhicules électriques "sont encore très chères", juge M. Miller, tout en estimant que "vu son opposition passée à la voiture électrique, GM a peut-être une bonne raison de penser que les coûts vont suffisament baisser pour être commercialisables" en grande série.

Avantage de l'électricité sur l'hydrogène: l'investissement nécessaire ne concerne que la voiture, pas l'infrastructure, puisqu'une prise branchée sur le secteur suffit à recharger les batteries.

"L'hydrogène est la technologie qui pose le plus de défis, parce qu'il faut produire de nouveaux véhicules, résoudre le problème du stockage dans la voiture et développer une infrastructure", renchérit M. Farrell, tandis que M. Miller se dit "sceptique" sur l'apparition en grande série de tels véhicules avant 2015.

Le débat actuel, alors que des responsables politiques insistent de plus en plus sur le développement durable, reste tributaire du choix du "tout voiture" effectué par les Américains après la Seconde Guerre mondiale, en période d'énergie bon marché et de forte croissance économique.

"Aux Etats-Unis, il est évident qu'il existe un fort sentiment dans une grande majorité de la population: ils veulent pouvoir conduire ce qu'ils veulent, quand ils veulent et aussi loin qu'ils veulent", affirme M. Miller.

"Je pense qu'il faudrait que le prix de l'essence monte très haut pour que cette vision des transports change. En outre, la façon dont nos villes sont conçues rendrait cette transition très compliquée à mettre en oeuvre", souligne-t-il.