Le succès du constructeur automobile japonais Toyota, en passe de devenir en 2007 le numéro un mondial, au détriment de l'américain General Motors (GM), ne surprend pas les experts américains de l'industrie automobile.

Le succès du constructeur automobile japonais Toyota, en passe de devenir en 2007 le numéro un mondial, au détriment de l'américain General Motors (GM), ne surprend pas les experts américains de l'industrie automobile.

«Je ne pense pas que cela constitue une surprise pour qui que ce soit», affirme Tom Libby, un spécialiste du secteur. «C'était juste une question de temps avant que Toyota passe devant GM», a-t-il ajouté.

Selon Alan Baum, analyste pour la firme Planning Edge à Southfield (Michigan, nord), Toyota a bénéficié d'une excellente image auprès des consommateurs américains. Ces derniers sont persuadés que les véhicules construits par le géant japonais sont mieux construits que leurs rivaux américains de GM, Ford ou Chrysler.

«La qualité joue un grand rôle», estime M. Baum. L'évolution du goût des consommateurs américains en matière d'automobiles a également favorisé Toyota, a-t-il également fait remarquer. Les Américains ont commencé à délaisser le marché des pick-up et autres 4x4 pour les berlines économes en carburant. Or, les constructeurs américains ont pratiquement abandonné le marché des berlines, laissant le champ libre dans ce secteur à Toyota et aux autres constructeurs japonais ou coréens, a dit M. Baum.

Le groupe Toyota, qui comprend également le constructeur de poids lourds Hino et le spécialiste du mini-véhicule Daihatsu, a annoncé qu'il produirait au total 9,42 millions de véhicules en 2007, 4 % de plus qu'en 2006.

Mais pour David Cole, expert du Centre de recherche pour l'automobile (CAR) à Ann Arbor (Michigan), cela prendra au moins une décennie pour savoir si Toyota remplacera vraiment GM comme numéro un mondial des constructeurs automobiles.

GM est le numéro un mondial des constructeurs automobiles depuis plus de 70 ans.

La croissance rapide de GM sur des marchés émergents comme la Russie et la Chine laisse prévoir une lutte à couteaux tirés entre GM et Toyota ces prochaines années, a estimé M. Baum.

GM vend désormais plus de véhicules à l'étranger qu'aux États-Unis et son PDG, Richard Wagoner s'attend à ce que cette tendance s'accentue.

Un rapport publié vendredi par l'association des constructeurs automobiles en Chine, où GM et Volkswagen se disputent l'essentiel des parts de marché, indique que les ventes de véhicules neufs ont augmenté de 15 % en Chine en 2006 avec 8 millions d'unités. La Chine est le 2e marché automobile au monde après les États-Unis.

Relativisant le succès annoncé en 2007 de Toyota, Tom Pyden, porte-parole de GM, affirme que le constructeur américain ne se focalise pas sur les chiffres d'une seule année. «Nous nous concentrons sur la baisse des coûts (de production), sur les profits et sur la conception de grandes voitures et camions», a assuré M. Pyden.

GM a déjà réduit ses coûts de production de plus de 2000 dollars par véhicule en 2006 grâce notamment à des accords passés avec les syndicats de branche du secteur pour des concessions salariales.

Selon John Dingell, un parlementaire démocrate d'une circonscription industrielle du Michigan, la lutte entre le constructeur américain et Toyota demeure cependant inégale. Toyota bénéficie, selon lui, d'énormes avantages de la part du gouvernement japonais.

Ainsi, «Toyota ne paie qu'un dixième de ce que paie GM en assurances santé et retraites pour ses salariés», affirme le parlementaire qui note qu'aux États-Unis Toyota ne compte qu'une centaine de retraités contre plus de 400 000 pour GM.

Surtout, souligne M. Dingell, le constructeur japonais bénéficie de la sous-évaluation du yen par rapport au dollar. Cela représente un tiers de ses profits, juge le parlementaire américain qui estime que cela devrait inciter le gouvernement américain à défendre une politique industrielle plus audacieuse.