Un écart de 76 millimètres entre la chaussée centrale et la voie d'accotement serait à l'origine de l'accident qui a coûté la vie à deux jeunes comédiens de Montréal en 2003. Un rapport du Bureau du coroner, publié hier, révèle que de telles dénivellations représentent un «danger réel» pour la sécurité des automobilistes et demande au ministère des Transports (MTQ) de corriger la situation dans les plus brefs délais.

Un écart de 76 millimètres entre la chaussée centrale et la voie d'accotement serait à l'origine de l'accident qui a coûté la vie à deux jeunes comédiens de Montréal en 2003. Un rapport du Bureau du coroner, publié hier, révèle que de telles dénivellations représentent un «danger réel» pour la sécurité des automobilistes et demande au ministère des Transports (MTQ) de corriger la situation dans les plus brefs délais.

Jaclyn Linetsky et Vadim Schneider - tous deux âgés de 17 ans - ont perdu la vie le 8 septembre 2003 alors qu'ils se rendaient sur le plateau de tournage d'un épisode de la télésérie franco-canadienne 15 Love. Il est 10 h du matin lorsque, au kilomètre 10 de l'autoroute 10, le conducteur de la camionnette qui les transporte dévie de sa trajectoire et empiète sur l'accotement de la voie de gauche. La chaussée centrale est fraîchement asphaltée. L'accotement ne l'est pas.

Le conducteur est surpris par l'écart entre les deux voies. Il donne un coup de volant à gauche, puis à droite avant de se retrouver en sens inverse où il est percuté par un semi-remorque. Ses deux passagers meurent sur le coup.

«Dans ces conditions, même un conducteur extrêmement expérimenté n'aurait probablement pas pu conserver la maîtrise du véhicule et réintégrer de façon sécuritaire la voie de circulation. (...) Imaginez, c'est comme s'il était tombé dans un nid-de-poule à 110 km/h», a indiqué hier la coroner responsable de l'enquête, Me Andrée Kronström.

Elle conclut donc que la vitesse n'est pas un facteur déterminant de l'accident. À l'inverse, c'est plutôt le ministère des Transports du Québec qui est visé par la majorité de ses recommandations. La coroner souhaite qu'il comble rapidement ce genre de dénivellations et les signale de façon systématique, ce qui n'avait pas été fait au moment de l'accident.

Parents suspicieux

Des proches des victimes ont émis de sérieuses réserves à la publication des conclusions de l'enquête. Larry Linetsky, père de Jaclyn, a entre autres déploré le fait que la coroner demande au MTQ de documenter ce «phénomène méconnu», alors que le CAA s'inquiétait déjà en 1994 de cette situation dans un rapport. «Si on avait corrigé le problème à ce moment, on aurait pu éviter le drame», soutient-il.

«Mais à l'époque, aucun événement grave ne pouvait être relié directement aux dénivellations. Ce n'est plus le cas maintenant, les choses pourraient donc changer plus rapidement», estime Yvon Lapointe, directeur de la sécurité routière au CAA-Québec.

Le MTQ assure de son côté que ces dénivellations sont exceptionnelles et temporaires. On ne les retrouverait qu'aux abords des chantiers de construction, ou tôt au printemps sur les routes secondaires, le déneigement hivernal réduisant la couche de gravillons étendue entre la ligne jaune et la fin de la chaussée.

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BANDES RUGUEUSES

Le MTQ a annoncé hier le début d'un projet-pilote d'implantation de bandes rugueuses sur les accotements de gauche de l'autoroute 40, entre les municipalités de Donnacona et de Batiscan. Coïncidence, la coroner Kronström demandait au même moment au MTQ d'adopter une mesure similaire. Rappelons que 85 % des autoroutes du Québec sont déjà pourvues sur leur flan droit de ces bandes en relief qui informent le conducteur somnolent ou distrait qu'il s'éloigne de sa trajectoire principale en produisant de bruyantes vibrations. Le MTQ veut étudier leur influence sur les opérations d'entretien hivernal avant de les appliquer à grande échelle.