Après des semaines d'incertitude, le couperet est tombé mardi sur l'usine Volkswagen de Bruxelles, avec l'annonce par la direction de quelque 4000 suppressions d'emplois, soit près des trois-quarts de l'effectif.

Après des semaines d'incertitude, le couperet est tombé mardi sur l'usine Volkswagen de Bruxelles, avec l'annonce par la direction de quelque 4000 suppressions d'emplois, soit près des trois-quarts de l'effectif.

À l'occasion d'un conseil d'entreprise, la direction du constructeur automobile allemand a annoncé mardi la suppression d'environ 4000 emplois dans son usine bruxelloise de Forest, où travaillent quelque 5200 salariés, ont annoncé après la réunion des responsables syndicaux.

Dix ans après la fermeture brutale de l'usine Renault de Vilvorde (nord de Bruxelles), et le licenciement de 3000 salariés, la Belgique avait l'impression mardi de revivre «une nouvelle catastrophe nationale».

«C'est la plus grosse catastrophe qu'on ait vécu jusqu'à présent», a déclaré notamment Pascal Van Cauwenberge, délégué du syndicat chrétien CSC chez Volkswagen.

Un porte-parole de Volkswagen en Allemagne a confirmé que le constructeur ne voulait maintenir que 1500 emplois sur le site de Bruxelles, renforçant les craintes sur une fermerture à terme de l'usine.

La direction du groupe a précisé dans un communiqué que le modèle phare de l'usine bruxelloise, la Golf, produit chaque année à quelque 200 000 unités, ne serait plus fabriqué à Forest mais seulement dans deux usines allemandes, à Wolfsburg (nord) et Mosel (est).

Outre la Golf, l'usine bruxelloise assemble la Polo, mais en quantités plus réduites et à un stade beaucoup moins avancé.

Le constructeur allemand, qui a déjà engagé un vaste plan de restructuration en Allemagne avec l'annonce de 20 000 suppressions de poste d'ici 3 ans, pointe notamment du doigt les conditions difficiles en Europe de l'ouest, avec un marché automobile saturé et des usines en surcapacités.

Les coupes claires annoncées mardi devraient avoir un impact considérable sur l'emploi en Belgique, Volkswagen faisant travailler plus de 10 000 employés chez ses sous-traitants.

«C'est une catastrophe nationale, économique et sur l'emploi», a estimé la bourgmestre (maire) de Forest, Corinne de Permentier.

Le ministre-président de la Région bruxelloise Charles Picqué s'est dit lui «consterné par l'ampleur de la restructuration».

«Cette décision fait fi des efforts considérables faits par les pouvoirs publics pour permettre le développement d'activités sur le site de Forest», a-t-il déploré.

Le premier ministre belge Guy Verhofstdt, qui était personnellement intervenu auprès de la direction allemande, devait réagir vers 16 heures (mardi 10h, à Montréal).

Devant l'usine, l'ambiance était calme mardi matin, les syndicats ayant demandé aux salariés de rester chez eux jusqu'à une assemblée générale prévue mercredi à 10 heures (4h à Montréal).

Mais les quelques militants présents se montraient aussi dégoûtés que désemparés.

«On a l'impression d'avoir été lâchés par tout le monde. Si on licencie 4000 personnes, c'est qu'on ne compte pas!», réagissait notamment Joseph De Geyter, 43 ans.

Pour ce syndicaliste FGTB, 4000 suppressions de postes «ça veut dire qu'à brève échéance, l'usine ferme. Et ça, même pas dans un an!»

«Si on n'a plus la Golf, c'est la mort de Forest», a renchéri un de ses collègues.

La tension pourrait monter dans l'après-midi, avec des centaines de salariés attendus devant l'usine.

«On va faire venir tout le monde. Ca va chauffer!», a averti un syndicaliste FGTB (socialiste).

La bourgmestre a appelé au calme mais n'a pas exclu «des risques de débordement». Mardi midi, des militants présents avaient attaché deux carcasses de Golf aux grilles de l'usine, déterminés à se battre pour sauver un maximum d'emplois.